«C’est la première interview qu’il accorde depuis son AVC, en 2018. Son état de santé, la place de son fils Noureddin, la lutte anticorruption, les réformes économiques et les mesures anti-Covid, les relations avec la France… Le chef de l’État (gabonais) se livre, sans tabou», indique le magazine Jeune Afrique en présentation d’une interview d’Ali Bongo, réalisée le 16 mars dernier à Libreville. Titre de l’article de 4 pages : « Ali Bongo Ondimba – «De l’énergie, j’en ai à revendre !».  Morceaux choisis.

Ali Bongo, qui a perdu une quarantaine de kilos, a retrouvé une élocution presque normale, même s’il lui arrive de chercher longuement les mots « sur les sujets techniques ». © D.R.

 

 

Une fois de plus, la presse étrangère a été préférée à la gabonaise. Pour sa toute première interview depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) à Riyad en octobre 2018, le président gabonais, Ali Bongo, a préféré accorder la primeur au journal du Tunisien Béchir Ben Yahmed. Qu’à cela ne tienne, avec Marwane Ben Yahmed, « envoyé spécial à Libreville », Ali Bongo a abordé, le 16 mars au palais du bord de mer, des sujets forts intéressants : « son état de santé, la place de son fils Noureddin, la lutte anticorruption, les réformes économiques et les mesures anti-Covid, les relations avec la France » ; mais aussi le ménage dans son cercle familial et de travail, la descente aux enfers de Brice Laccruche Alihanga, ex tout-puissant directeur de cabinet.

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Forme physique

Le journaliste et directeur du média panafricain assure qu’Ali Bongo, qui a perdu une quarantaine de kilos, a retrouvé une élocution presque normale, même s’il lui arrive de chercher longuement les mots « sur les sujets techniques ». Il a récupéré « sa motricité et l’usage complet de ses membres, notamment de ce côté droit longtemps récalcitrant, bien que sa jambe rechigne encore à lui obéir totalement et quil doive se déplacer avec une canne et à son rythme

Dédaignant la guerre des clans survenue durant son long combat sanitaire, marqué par de centaines d’heures de rééducation et d’orthophonie, et débouchant nécessairement sur d’une nouvelle hygiène de vie, le président assure que l’idée d’abandonner ses fonctions ne lui a pas traversé l’esprit un seul instant. Il dit être « ressorti de cette épreuve avec la volonté décuplée de faire du Gabon l’un des pays les plus avancés d’Afrique d’ici à dix ans, en matière de formation, de santé ou d’économie verte. »

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Noureddin

Contrairement à une idée suffisament ancrée au sein de l’opinion, selon laquelle la première dame, Sylvia Bongo, aurait profité de l’éclipse momentanée ou de la faiblesse sanitaire de son époux de président de la République pour imposer son premier fils dans la plus haute strate décisionnelle du pays, Ali Bongo qui se refuse de commenter ce qu’il qualifie de spéculations et fantasmes, rectifie : « C’est moi qui lui ai demandé́ de venir travailler au service des Gabonaises et des Gabonais. Il a alors, sans hésiter, quitté un travail qu’il aimait et dans lequel il réussissait ». Le président précise également le rôle de son fils dans le cabinet présidentiel : « il m’assiste au quotidien, veille à ce que mes directives soient bien exécutées et en assure le suivi. Il occupe une fonction très technique. » Et d’ajouter : « j’apprécie tout particulièrement sa franchise. Chose très rare dans ce milieu, il n’hésite pas à me dire ce qu’il pense et à tirer la sonnette d’alarme quand il estime que la voie empruntée n’est pas la bonne

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Lutte anticorruption : tolérance zéro !

Prenant exemple sur les conclusions des travaux de la task force sur la dette intérieure ayant révélé, que, sur un total de 1 030 milliards de francs CFA de dette intérieure audités, « 623 milliards étaient des dettes fictives, soit un ratio de 62 % », le président de la République a évacué les questions abordant la mise aux arrêts de certaines personnalités dans le cadre des opérations Mamba et Scorpion, notamment l’emprisonnement de son ancien directeur de cabinet Brice Laccruche, pour détournement de fonds publics. Ali Bongo rappelle qu’en vertu du principe de la séparation des pouvoirs, il ne saurait commenter ou influencer une procédure judiciaire en cours. Et, s’en lavant les mains, il souligne : «si des fautes ont été commises, elles devront être sanctionnées, et cela cest à la justice de le déterminer. »

Le fils d’Omar Bongo se réjouit de ce qu’en matière de corruption, le dispositif institutionnel du Gabon a été renforcé ces derniers temps, notamment en ce qui concerne la Direction générale des marchés publics et l’Agence nationale d’investigations financières, mais surtout avec la création de l’Autorité nationale de vérification et d’audit

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Conséquences des mesures anti-Covid

Le président a également été amené à dresser un bilan, à date, des conséquences de l’épidémie de Coronavirus dans son pays. S’il reconnait que la « vie des Gabonais a été profondément modifiée depuis un an. Ils ont consenti d’énormes sacrifices, et je les en remercie », Ali Bongo estime que les conséquences ont surtout été économiques.

Du fait de la chute de la demande internationale des principaux produits d’exportation du Gabon, de la baisse des cours des produits de base et du ralentissement de certains secteurs d’activités en raison des mesures prises pour freiner l’épidémie, le PIB du pays « s’est contracté d’environ cinq points par rapport à 2019, pour se situer entre –1% et –2% (…) les recettes budgétaires ont baissé d’environ 4 points du PIB par rapport à 2019, et (les) dépenses de 1,5 point ». Le chef de l’État n’en reste pas moins positif : « 2021 devrait être une année de forte reprise. Nous tablons sur une croissance de 4 %. »

Plan d’accélération de la transformation (PAT 2021- 2023)

Ali Bongo indique que l’objectif du Plan d’accélération de la transformation (PAT 2021- 2023) de l’économie gabonaise est « d’avoir trois années pleinement utiles pour notre pays. À terme, notre croissance devra être non seulement plus vigoureuse, mais aussi plus endogène, c’est-à-dire moins dépendante des cours mondiaux des matières premières, davantage créatrices d’emplois ». À titre d’exemple, dans la filière bois, on table sur 30 000 emplois en trois ans. Par ailleurs, l’endettement du Gabon « qui est de 70 % du PIB, devra être ramené sous la barre des 50 %. ». Les clés pour y parvenir ? Une meilleure maitrise des dépenses, l’accélération de la croissance et la restructuration de la dette « par le biais de l’allongement de sa maturité et de la renégociation des taux d’intérêt ».

Le président gabonais se réjouit, par ailleurs, des succès engrangés. Notamment dans la filière bois, ou encore « la gratuité des soins pour les accouchements » pour ce qui est du social, et « la parité ».

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Relations avec la France

Amené à dire un mot sur l’évolution des relations avec la France, Ali Bongo reconnait que sous François Hollande les liaisons n’étaient pas bien huilées, du fait de certaines incompréhensions. Mais « Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, elles se sont très nettement améliorées ». Les deux chefs d’État partagent la même « volonté d’avoir des relations bilatérales nourries, apaisées et (…) modernisées. »

Ali Bongo a été amené à aborder bien d’autres aspects de la vie sociale, économique et politique du Gabon. Notamment, son appréciation de l’actuel Premier ministre, Rose Christiane Ossouka Raponda, et son équipe gouvernementale ; la récente réforme constitutionnelle, ou encore la place diplomatique et économique de son pays dans le concert des nations, l’action écologique du Gabon, etc.

À lire dans la livraison d’avril de Jeune Afrique.

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Une volonté décuplée pour enfoncer le Gabon dans l’abîme d’autant plus que cette energie concerne des questions qui sont loins des besoins primaires et urgents des gabonais. C’est ainsi que vous lui imposez par une assemblée nationale monocolore, élue par moins de 35% des gabonais en âge de voté qui sont fatigués par la fraude, la dépénalisation de l’homosexualité et l’affaiblissement de la stabilité des foyers par le dénie de la nécessité pour la famille comme tout groupe social, de la nécessité d’avoir un leader à qui on délègue une certaine autorité. Quant à la franchise en politique biensûr qu’elle existe mais on ne la trouvera certainement dans le régime d’un homme qui s’oppose à la transparence et qui dans sa médiocrité légendaire s’oppose au débat contradictoire. Comment la franchise va exister autour d’un chef narcissique qui prend toute critique comme synonyme de marquer des buts contre son camp. Et le camp commun qu’est le Gabon. Vous êtes adversaires voir enemies du Gabon le camp du pdg. Comment tu vas trouver la franchise autour d’un président qui dit aux députés de son parti, vous la fermez parce que c’est moi vous investit dans le cadre du parti comme pour dire: fidélité et loyauté à Ali Bongo d’abord, au Gabon et son peuple après. La franchise existe avec des chefs réellement républicains et patriotes qui ne développent une politique qui fait le lit du clientélisme et qui fait de l’avis contrsire synonyme d’opposition et d’inimitié. Tu ne seras plus 10 ans au pouvoir Ibubu.

  2. Gayo dit :

    Ali Bongo et Sylvia sont fous. Ils font tout pour l’image du régime à l’extérieur et non pour satisfaire les gabonais. Au point où les interview c’est dans les médias étrangers corrompus comne jeune afrique et non avec des journalistes gabonais, ni pour parler au commun des gabonais. Mais quel mal nous avons fait aux Bongo. Ils sont même convaincus qu’ils peuvent tuer, emprisonner en violation des droits, violer les libertés mais ça la communauté internationale va oublier à des lois en faveur des gaies et la femme qui n’a plus de chef dans le foyer anarchique. Des questions très loins des besoins primaires non satisfaites des gabonais. C’est comme si ce cancre quand le peuple dit je meurs de faim, lui répond je vais d’abord te mettre un besu vêtement pour mes invités et ensuite je vais essayer de te trouver à manger.

  3. Milangmissi dit :

    Depuis octobre 2018 pas un mot à la presse nationale ne serait ce qu’à la télévision ou à la radio nationale ou même au quotidien gouvernementale l’union, si ali bongo a retrouvé ses capacités cognitives sa première interview il la donne un magazine étrangers.
    ali bongo est président de quel pays ? Est ce une manière de rappeler qu’il n’a pas été élu ?

  4. Le Patriote dit :

    En février 2016, Ali Bongo avait lancé un programme axé sur « l’égalité des chances » de tous les citoyens, qui avait suscité des espoirs. Juste après son AVC à Ryad, nous avons observé une ethnicisation du régime et la nomination des seuls ressortissants du Haut-Ogooué à tous les postes à responsabilité dans les administrations, nationales et internationales. Est-ce que cela veut dire que c’est à cause de son AVC que le Président a changé de politique ?

  5. SERGE MAKAYA dit :

    Quand je vous lis TOUS, je retiens une chose : ce régime et ses acolytes savent gagner du temps pour arriver jusqu’en 2023. Puisque je vous dis que je connais le système. J’ai travaillé au B2. Tout ceci, c’est pour nous endormir. Et il réussisse très bien à nous endormir. Et pendant ce temps, tout est quasiment prêt pour une nouvelle mascarade électorale en 2023, si ce n’est pas prévu avant cette année de 2023.

    Avez-vous entendu Jean Yves Le Drian ou Emmanuel Macron se plaindre de la mascarade électorale au Congo Brazzaville ? Et vous savez bien que Junior Bongo-Sassou a battu campagne pour son assassin-usurpateur-voleur de grand père Denis Sassou Nguessou. Le même Denis Sassou Nguessou s’investira pour la campagne de son petit fils Junior.

    C’EST MAINTENANT QU’IL FAUT ARRÊTER TOUTE CETTE MASCARADE. DEMAIN IL SERA TROP TARD. A NTARE NZAME !!!

  6. Dikando dit :

    « Le Gabon d’Ali Bongo »!
    De mon point vu, rien qu’une telle formulation est inappropriée à la fois pour les esprits des gabonais et pour celui du kleptocrate lui-même.
    En effet, cela traduit une idée d’appropriation. Pendant longtemps le raccourci a été de dire que « c’est le pays des Bongo ». Après, il ne faut pas s’étonner que le pays fut dès lors patrimonialisé par les usurpateurs du pouvoir de père en fils.
    Il y a d’autres formules comme:  » Le Gabon sous Ali Bongo » ! qui serait plus opportune.

  7. Manono dit :

    Vous n’êtes pas fatigués de mentir tout le temps. Vous pensez capturer les gens par vos écrits qui ne sentent que mensonge. Si est Ali peut vraiment encore vendre de son énergie, qu’il vienne faire une conférence « Live ». On est fatigués avec vos montagnes qui ne sont pas cohérents. Ali ne viendra jamais faire une conférence en direct, donc c’est FAUX, Ali n’a plus d’énergie à vendre aux gabonais. .

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