Expédition auparavant, par les autorités locales, de la concertation politique pourtant plus vitale pour la stabilité du Gabon ; justification à tout va par Emmanuel Macron lui-même de la neutralité politique de sa visite ; rencontre à la marge des opposants gabonais par les spécialistes de l’Elysée ; villégiature dans la forêt classée de la Mondah, et livraison à ses compatriotes du Gabon du message le plus audible à Libreville du président français… Le chroniqueur Abslow tire sa conclusion de la tenue à Libreville du One Forest Summit : la montagne a finalement accouché d’une souris.

© Montage Gabonreview

 

La fête n’aura duré que 2 jours. Elle n’aura pas été porteuse d’un nouveau souffle politique. Et déjà, les esprits sont passés à autre chose. Finalement tout le monde finit pas se dire : tout ça pour ça ? On a fait tout ce ramdam pour si peu ? Deux jours préparés depuis des mois et qu’on espérait qu’ils fussent l’apothéose d’une intense activité politique. Mais la montagne a finalement accouché d’une souris.

Dans la perspective de ces deux jours, on a réussi l’exploit de bâcler une concertation politique qui aurait pu, si elle avait été menée de bonne foi, permettre à notre pays de faire un réel saut qualitatif dans son processus électoral. Contre ce gain immédiat et concret, on a préféré miser sur une loterie politique fondée sur une utopie climatique. Et la concertation n’était alors qu’un astérisque à cocher sur une feuille de route plus vicieuse.

Au moment où le grand manitou françafricain décide enfin de venir au Gabon, pays emblématique de son pré-carré, il fallait trouver un excellent motif pour ne pas le lui faire regretter. Comment faire pour prouver que le régime de Libreville qu’on dit si infréquentable, s’est bonifié au fil du temps et discute désormais avec ses opposants qu’elle bombardait hier à la mitraillette ? Tel était l’enjeu derrière le One Forest Summit. Et paf, l’idée de la concertation politique a fait son chemin.

La parade était belle mais risquée. À la fin des courses, qu’a-t-on gagné concrètement ? La concertation a fait pschitt car elle n’a réussi qu’à creuser le fossé qui sépare la majorité présidentielle de l’opposition traditionnelle, en la radicalisant davantage. Hélas, la caution morale qu’elle devait constituer pour arracher un adoubement du grand manitou en marge de ce OFS, d’une part, afin qu’il pèse sur les décisions politiques intérieures, d’autre part, n’a pas été convaincante.

Conséquemment, déçu de l’incapacité du pouvoir gabonais à maîtriser cette feuille de route non officielle d’un One Forest Summit qui aurait dû être le feu d’artifice qui célèbre le succès des manœuvres politiciennes, Emmanuel Macron a dû se raviser pour donner une nouvelle orientation à sa communication pour enfoncer ses nouvelles idées et fixer définitivement les esprits. Et ce sont ces messages tantôt clairs, tantôt subliminaux que les gabonais refusent de comprendre.

Ils préfèrent s’arcbouter sur les postures justifiant leurs propres incohérences et leurs propres couardises. D’abord, avant de se lancer dans sa tournée africaine, il a fallu la légitimer en réunissant à Paris les leaders d’opinions africains et de la diaspora. Comme une tentative désespérée de désamorcer une bombe qui risquait de lui péter à la gueule au cours de ce périple hautement périlleux au regard du sentiment antifrançais grandissant. Sans convaincre pour autant, il a néanmoins réussi à faire baisser la tension.

Puis, alors que Libreville s’enorgueillissait d’avoir enfin convaincu Macron de venir, ce dernier s’est astreint au strict minimum protocolaire en débarquant curieusement de nuit à la fin de la 1ère journée du OFS, certainement pour éviter les traditionnels accueils folkloriques rappelant l’époque françafricaine et dont ne se serait pas privé Libreville pour son marketing politique. Dans la foulée, il a expédié manu militari la partie protocolaire qui consiste en la présentation de sa délégation à son homologue gabonais.

Le lendemain, la primeur de sa visite va être faite à ses compatriotes à qui il a rappelé la nécessaire neutralité politique à laquelle ils doivent s’astreindre dans leurs activités au Gabon. Avant cela, il se sera offert une petite escapade dans la forêt classée de la Mondah, en compagnie non pas de son hôte comme on aurait pu s’y attendre, mais plutôt d’un autre «blanc», comme s’il prenait la précaution de n’être point vu en compagnie d’un quelconque politique gabonais.

Pendant ce temps, discrètement, alors que le discours officiel excluait pourtant toute discussion avec la classe politique, Franck Paris et ses équipes de la cellule africaine de l’Elysée devisaient avec les leaders de l’opposition pour prendre le vrai pouls de l’atmosphère politique du pays, eu égard au flop de la récente concertation politique. Avec cette rencontre secrète, n’est-ce pas finalement l’opposition qui a eu le meilleur rôle dans cette affaire ? En tirera-t-elle profit ? Enfin, Macron a participé avec ses pairs à la cérémonie de clôture du OFS.

En définitive, prévue pour durer 48h, la visite du N°1 français, menée au pas de course au Gabon, aura duré moins de 24h. Un vrai camouflet pour Libreville qui espérait profiter de cette visite pour lifter son image. Hélas, Emmanuel Macron s’est montré distant, presque fuyant avec les officiels gabonais. S’il a pu être d’un écho retentissant à l’international, en matière de politique intérieure, le One Forest Summit aura été un gros pétard mouillé pour le pouvoir de Libreville. Il est juste dommage que le peuple gabonais s’obstine à décrypter cette visite de Macron autrement que par sa vraie valeur.

ABSLOWMENT VRAI !

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Fille dit :

    ABSLOWMENT D’ACCORD AVEC VOUS.

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