L’histoire devrait inciter le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) à limiter l’influence des ténors du Parti démocratique gabonais (PDG) et à leur recommander une période de viduité.

Ayant entériné 3 modifications constitutionnelles en 5 ans, les ténors du PDG semblent accorder peu de valeur à la Loi fondamentale. Sont-ils les mieux indiqués pour réfléchir à la prochaine ? Peuvent-ils se battre pour la sanctuariser ou, tout au moins, y protéger certaines dispositions ? © GabonReview

 

 

Si le putsch suppose une neutralisation des organes centraux de l’Etat, l’attitude des chantres du système déchu a quelque chose d’alarmant. Dans les coulisses de la présidence de la République, du gouvernement, du Parlement ou de la haute administration, les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG) laissent le sentiment de n’avoir nullement réfléchi à la portée du coup d’Etat. À certains égards, ils donnent l’impression d’y voir une simple péripétie, un changement sans grande signification politique. «Nous sommes disposés à participer à la transition, notamment à la restructuration des institutions», proclamait leur secrétaire général adjoint le 9 septembre dernier, ajoutant : «Nous sommes un parti expérimenté», avant de conclure : «Tous les Gabonais (doivent accompagner) la transition (…) Une animosité par rapport au PDG n’aurait aucune valeur ajoutée».

Lignes de fracture

Comme nombre de ses coreligionnaires, Luc Oyoubi semble ne s’être posé aucune question sur les errements de son parti. Encore moins sur sa responsabilité individuelle dans l’enracinement de cette «gouvernance irresponsable, imprévisible» dénoncée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Peu acquis à l’idée d’une introspection, il croit devoir mettre son expérience supposée à contribution, quitte à gêner le renouvellement de la pratique politique. Humainement et intellectuellement, cette posture se comprend et s’explique, notamment par la volonté de survie. Mais, à trop insister sur leur longévité aux affaires, il fait comme si le coup de force ne disait rien de leurs méthodes et de leur bilan, le vidant ainsi de tout sens. A trop chercher à jouer les premiers rôles, il se comporte comme si la liesse populaire du 30 août ne disait rien des lignes de fracture nées de leur arrogance.

Que peuvent apporter les ténors du PDG au CTRI ? Une maîtrise du fonctionnement des institutions ? Une tradition des joutes politiques ? Ou l’élargissement du soutien populaire ? Loin de toute volonté d’excommunication, ces questions font sens. Pour mémoire, on a vu ces compatriotes cautionner les transgressions de la défunte Association des jeunes émergents volontaires (Ajev), avant de se muer en relais de Nourredin Bongo Valentin et sa «young team». On les a vu prendre une part active à toutes les initiatives de Sylvia Bongo, sans se poser des questions sur leur bien-fondé ou le statut de l’initiatrice. On les a vu modifier la Constitution avec une rare célérité ou voter les lois les plus scélérates, sans se soucier du vivre-ensemble. On les a même vu faire l’apologie du trucage électoral, de la prévarication ou s’adonner au pillage des ressources. Pourquoi en irait-il autrement ? Ne peuvent-ils pas devenir un boulet pour la transition ? Voire…

L’esprit de cour

Ni l’histoire immédiate ni celle un peu plus lointaine ne plaident en faveur du PDG et ses ténors. Si on doit leur reconnaître le droit de s’amender, on doit les inviter à un examen de conscience, individuel et collectif. Or, ils n’en prennent pas le chemin, nombre d’entre eux ayant été nommés sans avoir observé une période de viduité ni engagé une réflexion sur les années Bongo.  Ayant entériné trois modifications constitutionnelles en cinq ans, ils semblent accorder peu de valeur à la Loi fondamentale. Sont-ils les mieux indiqués pour réfléchir à la prochaine ? Peuvent-ils se battre pour la sanctuariser ou, tout au moins, y protéger certaines dispositions ? Ayant accepté de déconstruire le système électoral tout en justifiant cette bizarrerie curieusement nommée «bulletin unique», peuvent-ils se pencher sur cette question avec froideur, loin de calculs bassement personnels ? Ayant bâti leurs carrières sur la fraude et la répression, peuvent-ils militer pour des «élections démocratiques dans un environnement apaisé» ? De bonne foi, on les imagine mal reprogrammant leur logiciel.

Et pourtant, en dénonçant une «grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale» lors de sa première apparition publique, le CTRI indexa la gouvernance hérétique du PDG. En déplorant une descente dans «les abymes de l’Etat de non-droit caractérisé par la violation permanente des droits fondamentaux des citoyens, le mépris des principes démocratiques et la domination d’une petite caste», il enfonçait la clou. Dans l’un et l’autre des cas, il engageait la responsabilité des élites PDG, s’élevant contre l’esprit de cour propre à nombre d’entre eux. Or, nulle part au monde, les courtisans n’ont œuvré à l’enracinement de la démocratie et de l’Etat de droit. A travers l’histoire, ils ont toujours contribué à la naissance d’autocraties. Pour restaurer les institutions, il faut nécessairement limiter leur influence.

 
GR
 

8 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Si Oligui veut se faire élire avec le soutien du PDG alors qu’il populaire, alors il veut gouverner sur la malédiction des Bongo alors qu’il peut partir du bon pied. Une dissolution même du PDG, lui donne encore plus de chance de se faire élire alors la place du PDG dans la transition refroidie plus d’un. Oyima et Oyiba imposent l’ordre ancien à Oligui. Il peut très bien se débarrasser d’eux ou les contrôler au lieu que ca soit eux qui le contrôlent.

  2. Gayo dit :

    Le PDG est irréformable. On ne change pas son ADN. Il ne sera jamais un parti politique. Le PDG est un outil de criminalité et de grand banditisme en col blanc. Et même une entité mafieuse au même titre que la Camorra, qui est présentable que parce qu’elle tient un pays.

  3. MILAME dit :

    Le PDG doit répondre de ces actes odieux perpétrés depuis 1967, soit plus de 55 ans. Ce parti n’en cure ni de la loi, ni des Gabonais encore moins du Gabon lui-même; seul l’importe la gloutonnerie financière et matérielle dont il s’est montré coupable tout au long de son régne de Cupidité. Ce parti doit être poursuivi, jugé, condamné et Dissout!

  4. Rembourakinda dit :

    Au Gabon, les présidents ont toujours été des médiocres depuis Léon MBA. Omar était analphabète, il a dirigé le pays grâce à des gens comme Ntoutoume Émane. Ali était un super médiocre, vous le savez tous. Pourquoi Oligui Nguema recrute quarante conseillers ? Parce qu’il sait qu’il est médiocre, donc il ne peut se passer des tordus du PDG. Ne nous laissons pas
    rouler dans la farine, sinon nous allons encore perdre 15 ans.

  5. Mezzah dit :

    Luc Oyoubi, tout comme Henri-Claude OYIMA et bien d’autres pédégistes que l’on retrouve aujourd’hui dans les sphères décisionnelles du CTRI n’apporteront rien au Gabon, je dis bien rien. Ils l’ont suffisamment démontré, ce sont des petites gens qui regardent le doigt quand on leur montre la lune. Ce sont des boulets pour le CTRI et plus particulièrement pour Brice Oligui Nguema. Si le Président de la transition ne s’en débarrasse rapidement, le dialogue national qui s’annonce sera féroce, beaucoup de gens risqueraient de laisser leurs plumes.
    Pour revenir au cas de Luc Oyoubi, ce Monsieur est richissime avec un parc immobilier sans commune mesure. Ses comptes en banque dépassent l’entendement. Il fait partie d’une petite poignée de gabonais qui pourraient à eux seuls solder les dettes intérieure et extérieure du Gabon. Alors, qu’il la ferme un peu et se fasse discret.
    Monsieur Le Président de la Transition, d’autres soldats vous regardent, la société civile, les partis d’opposition et le reste de la population aussi.

    • DesireNGUEMANZONG dit :

      Bonjour Monsieur Mezzah,

      « (…) ce Monsieur est richissime avec un parc immobilier sans commune mesure ».

      Je voudrais rebondir sur ce qui précède et faire une suggestion d’ordre fiscal.

      Il est connu que Monsieur Guy Nzouba Ndamas possède un parc immobilier. Monsieur Luc Oyoubi fait également parti de ce club très fermé. Monsieur Massavala aussi et d’autres.

      Il serait question d’instaurer parmi les réformes à venir d’ordre fiscal « un impôt sur la fortune immobilière à hauteur de 50% ». Concrètement, on identifie les gabonais.es dont la fortune immobilière dépassent les 100 millions de Fcfa. En conséquence de quoi ils deviennent redevables d’une contribution de 50% de la valeur nette de leur bien.

      Un des avantages de cette mesure serait de désinciter les compatriotes à rechercher l’enrichissement illicite (en dissimulant leur détournement de fonds dans le bâti et/ou le non-bâti même à l’étranger) et de surcroît de ne plus faire du Gabon un « paradis fiscal immobilier ».

      Cordialement.

  6. DesireNGUEMANZONG dit :

    Le Pdg est un « boulet » pour le Gabon. C’était l’Etat! A sa tête, une famille: les Bongo. Ils ont fait de ce pays la « vache-à-lait » de la France par des financements occultes de campagnes électorales et corruptions en tout genre.

    Un Secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie (Jean-Marie Bockel) disait : « Il faut mettre fin à la françafrique » (1). Ca veut dire mettre fin aux mécanismes de l’évaporation des deniers publics gabonais vers la France et ailleurs. Le CTRI peut nous aider à mettre fin la françafrique (=sans Pdg , sans la famille régnante) en jouant cartes sur table.

    Cordialement.

    (1) Il a fini aux Anciens combattants.

Poster un commentaire