A partir du 15 décembre prochain, le gouvernement aura intérêt à parfaire son argumentation, tout en affinant sa méthode. 

Sauf si l’exécutif accepte de revoir ses méthodes, la colère et la crispation pourraient atteindre des niveaux insoupçonnés. [Image de fond : mouvement des casseroles, mars 2021] © Montage Gabonreview

 

Avec ses dernières mesures de lutte contre la covid-19, le gouvernement est attendu sur deux points : sa capacité à se conformer à la loi et son sens de la responsabilité. Même déguisée, l’obligation vaccinale passe mal. Particulièrement remontée, la société civile ne veut pas s’en laisser conter. D’ores et déjà, elle a affirmé son «rejet catégorique de l’obligation vaccinale insidieuse et de l’ensemble des mesures privatives de libertés.» Ce faisant, elle invite «les patriotes partageant (sa) position à se tenir prêts pour (des) actions d’envergure.» C’est dire si cette fin d’année s’annonce mouvementée. C’est aussi dire si l’exécutif a intérêt à parfaire son argumentation, tout en affinant sa méthode. C’est enfin dire si chaque citoyen gagnerait à réfléchir au meilleur moyen d’aborder la période à venir.

Rupture des liens sociaux

Accusant le gouvernement d’utiliser «la covid pour faire taire toutes les voix dissonantes», la société civile vient de lancer un «observatoire» dénommé «Copil citoyen.» Dénonçant une «obligation vaccinale indirecte» sans base légale, ce collectif s’élève contre un consentement éclairé signé «sans présenter les résultats d’un bilan de santé.» Disant «se réserver le droit d’entreprendre (des) démarches juridiques », il prépare «la grande ville morte du 15 décembre 2021.» Pointant «le refus du gouvernement de rendre compte» et la «transformation indirecte du Copil en régie financière», il se dit disposé à «saisir les bailleurs de fonds pour (les) inviter à suspendre tout appui financier (…)» A cet effet, il espère lancer une pétition dans les tout prochains jours. En son entendement, c’est une façon de pousser l’exécutif à agit dans la légalité.

À partir du 15 décembre prochain, la tension pourrait monter d’un cran. Sauf s’il accepte de revoir ses méthodes, le gouvernement pourrait œuvrer à une forme de radicalisation. Autrement dit, il pourrait catalyser une rupture des liens sociaux. Jugées confiscatoires et discriminatoires, ses dernières mesures sont de nature à «renforcer les clivages sociaux» voire à instaurer un «climat d’apartheid», selon la formule de la Coalition pour la nouvelle République (CNR). En tout cas, elles condamnent les non-vaccinés à une sorte de mort sociale. Les institutions, particulièrement le Parlement et la Cour constitutionnelle, vont-elles assister sans mot dire, quitte à se rendre complices d’un abus de pouvoir ? Les populations vont-elles se plier sans rechigner ? Peu importe les réponses, cette fin d’année s’annonce électrique, particulière à maints égards. Si rien n’est fait, la colère et la crispation pourraient atteindre des niveaux insoupçonnés. L’intolérance pourrait s’en trouver exacerbée. Bien entendu, tout cela pourrait se solder par une généralisation de la défiance à l’égard des gouvernants.

Etablir un climat de confiance

Sans jouer les Cassandre, on doit pouvoir le relever : face à l’autoritarisme, les lignes de fracture s’élargissent toujours. Malgré ses explications, le ministre de la Santé peine à convaincre. Bien au contraire. Guy-Patrick Obiang est soupçonné de s’adonner à une manipulation des chiffres voire d’adopter une posture politicienne, aux antipodes de la réalité épidémiologique et de la vérité scientifique. «Le nombre de réanimations annoncé est plus de trois fois supérieur à la réalité», affirme le porte-parole du Copil citoyen, Geoffroy Foumboula Libeka. «On ne peut se permettre de parler d’erreur», ajoute-t-il, avant de conclure : «Les dépenses en oxygène commentés par le ministre de la Santé (…) sont trois fois supérieurement fausses par rapport à la réalité.» Face à de tels soupçons, le doute s’ancre. Eu égard à cette présomption d’enrichissement personnel, l’idée d’un «coronabizness» s’enracine. Or, partout dans le monde, le soupçon a toujours alimenté l’antienne du «Tous pourris», ouvrant la voie aux populismes en tous genres.

Pour conjurer une potentielle confrontation, le gouvernement doit repenser son rapport au reste de la société. L’opacité, le non-respect de la loi et la menace n’ont jamais constitué les déterminants d’une adhésion populaire. A l’inverse, la transparence et la responsabilité ont toujours permis d’établir un climat de confiance. Ayant fait le choix de la coercition, l’exécutif ferait mieux de s’ouvrir à un contrôle démocratique et citoyen. De ces mesures prises envers et contre tous, sans explications aucune, les populations ont soupé. Au lieu de chausser les bottes d’autres gouvernements ou de chercher à plaire à la communauté internationale, les gouvernants doivent faire écho à leurs exigences. Après tout, à l’heure des comptes, il leur reviendra de payer la facture. Cette responsabilité sera celle des Gabonais et de personne d’autre.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. ENDUNDU dit :

    Fin d’année cauchemardesque et tumultueuse, voulue par les dirigeants de ce pays. Fêtes de Noël et de la saint- Sylvestre risqueraient d’être troublées. 🤔🤔🤔

  2. Koumba manfoumbi dit :

    Bjr à vous peuple gabonais comprenons que ceux qui sont au gouvernement ne sont pas nos enemies mais plutôt les citoyens comme nous et nous savons tous que le Gabon est un État démocratique là où ya les libertés <<la liberté individuelle, d'expression,de libre circulation dans toute l'étendue du territoire National c'est qui fait du Gabon un pays libre et souverain laissons les gens se vacciné sans contraintes……

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