Trois conseillers municipaux de la mairie de Libreville pour le compte de l’opposition ont annoncé, le 5 novembre, avoir introduit une requête auprès de la Cour des comptes pour un audit des exercices 2018 et 2019 de la Mairie de Libreville.

Les auteurs de la requête introduite auprès de la Cour des comptes pour un audit des exercices 2018 et 2019 de la Mairie de Libreville. © Gabonreview

 

Trois conseillers municipaux de l’opposition, Odette Jeanine Taty Koumba, Emmanuel Ntoutoume Ndong de l’Union nationale, et Faustin Bilie Bi Essone du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) ont introduit une requête auprès de la Cour des comptes pour un audit des exercices 2018 et 2019 de la Mairie de Libreville. Cette démarche a été motivée par l’analyse comparée des documents relatifs aux comptes administratifs et de gestion des exercices 2018 et 2019. Celle-ci fait apparaître de grandes disparités entre ceux qui nous ont été transmis par l’ancien Maire Léandre Nzue avant sa mise en détention et ceux qui ont été élaborés après sa mise en détention.

Selon ces conseillers municipaux, la note de présentation du compte de gestion 2018 du Maire Léandre Nzue, indique que «la subvention de fonctionnement liée à la collecte des ordures ménagères, à l’entretien des véhicules et au matériel spécifique (chapitre 75) prévue à 2.958.153.824 francs, bien qu’inscrite dans les ressources du plafond budgétaire, n’a pas été reversée à la commune de Libreville en 2018, et qu’aucun titre de régularisation n’a été émis sur ce chapitre». Selon cette même note, le résultat de gestion des comptes de l’année 2018 présente un solde négatif de -2 389 630 347 francs.

Une manipulation des chiffres

Or, après l’incarcération du Maire Léandre Nzue, en prévision du conseil municipal convoqué par l’intérimaire, le Maire Serge William Akassaga Okinda, un nouveau document portant modification sur cette rubrique a été distribué aux conseillers municipaux. Dans ce document, il est expressément mentionné que cette subvention prévue à 2.958.153.834 francs « a fait l’objet d’une inscription dans la loi de finances 2018 de l’État, il s’agit par conséquent de la comptabiliser comme titre de recettes émises».

«La conséquence sur le résultat de l’exercice annuel se traduit par une modification du résultat du compte de gestion de l’exercice 2018, qui, dans les documents de Léandre Nzue est négatif de – 2 389 630 347 francs, devient positif de 568.523.477 francs, suite à la modification du Maire intérimaire Serge William Akassaga Okinda», a expliqué le porte-parole du trio, Odette Jeanine Taty Koumba. Elle souligne que devant ce qui apparait comme une manipulation des chiffres, des conseillers municipaux de l’opposition se sont insurgés en se basant sur l’article 314 de la loi organique N°001/2014 du 15 juin 2015 relative à la Décentralisation qui dispose que «Les recettes sont prises en compte au titre du budget de l’année au cours de laquelle elles sont encaissées».

Même constat pour l’exercice 2019, dont la gestion incombait au Maire Léandre Nzue. Les comptes examinés lors de la session extraordinaire du 11 août 2021, convoquée par le Maire Christine M’ba Ndutume épouse Mihindou, présentaient les mêmes contradictions importantes entre les chiffres fournis par l’ancien Maire Léandre Nzue avant sa mise en détention et ceux élaborés après son incarcération.

«Dans les documents fournis aux conseillers municipaux par le Maire Léandre Nzue avant sa détention, l’année 2019 présente un résultat positif de 2.232.114 .877 francs. Pour le même exercice, ceux élaborés après son incarcération et adoptés par le Conseil Municipal du 11 août 2021, présentent un résultat négatif de – 140.593.495 francs », relèvent les conseillers de l’opposition. Ils soulignent à toutes fins utiles que «ces documents contradictoires des années 2018 et 2019 ont tous été élaborés par la même personne, en l’occurrence le directeur Financier à la mairie de Libreville, Gisèle Yolande Mombo».

Entre le Maire Léandre Nzue pour lequel le résultat de l’exercice annuel 2018 conduit par l’actuel Premier ministre Rose Christiane Ossouka Raponda est négatif et le Maire intérimaire Serge William Akassaga qui rend positif le même exercice, qui croire ? De même, entre les résultats de 2019 présentés par Léandre Nzue avant sa détention et ceux présentés par le Maire Christine M’ba Ndutume épouse Mihindou, lesquels sont véridiques ? A qui profiteraient ces manipulations ?

Face à ce qu’ils qualifient d’imbroglio administratif et financier, résultant des manipulations à répétition des chiffres opérées sur les comptes de gestion 2018 et 2019 de la Mairie de Libreville, ces conseillers municipaux exigent l’éclairage des magistrats de l’ordre financier, afin que le droit ainsi que les procédures établies soient respectés. «Cette initiative vise à redonner à la Commune de Libreville qui vit de l’argent public, une gestion orthodoxe, au service de ses concitoyens», a déclaré Odette Jeanine Taty Koumba, précisant que leur «démarche n’est pas un plaidoyer pour qui que ce soit. Les conseillers municipaux de l’opposition n’ont aucune vocation et aucun intérêt à défendre un Maire membre du PDG, fut-il emprisonné».

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gael Nguimbi dit :

    Diversion de plus, si qqn peut me dire en quoi les rapports annuels de cette cour ont changé la gabegie et les problèmes de gouvernance patents dans ce pays?

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