Polémique et contestation des uns, satisfécit et joie des autres, tels sont les tendances contrastées se dégageant autour de la cité Lékolo 2 construite par la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), en partenariat avec l’État gabonais. Depuis la remise des clés par le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema aux premiers bénéficiaires de ces logements, c’est la levée de boucliers. Pour mieux cerner ce qui fait débat concernant ce nouveau quartier de Moanda destiné au relogement des 3 000 personnes localisées dans le périmètre minier de la Comilog, GabonReview est allé en immersion au cœur des quartiers Léyima et Lékolo. 

L’une des plaques, interdisant de construire sur le site, fixée devant des maisons en matériaux hétéroclites à Léyima. © GabonReview

 

Réalisés par la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) avec le soutien de l’État gabonais, les 417 logements construits à quelques encablures du centre-ville de Moanda sont l’objet de polémiques et d’informations éparses et parfois infondées. Si certains contestent la qualité des travaux, d’autres indiquent que le «cahier de charges de départ n’a pas été respecté». Mais en tout, les Moandais estiment que «tout ce débat occulte simplement la précarité dans laquelle vivent les populations des quartiers Léyima et Lékoko». Des quartiers situés sur le flanc du plateau Bangombé, qui devront être «déguerpis» parce qu’étant la «propriété» de la Comilog.

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«Sortir des maisons construites de bric et de broc pour des logements modernes»

Bâti sur 32 hectares, à moins de dix minutes du centre-ville de Moanda, la Cité Lékolo 2, destinée au relogement des populations de Léyima et de Lekolo, est objet de commentaires et d’informations, parfois erronés, voire démesurés, sur les réseaux sociaux. Or, ce nouveau quartier est censé améliorer, manifestement, le cadre et les conditions de vie des populations dites «des bordures» de l’extension du plateau de Bangombé. 

À terme, de nombreuses familles vont sortir des maisons en tôles et en planches, construites de bric et de broc, pour des logements modernes, fournis en eau et électricité, dans un cadre aseptisé et urbanisé. Parce ce que rendu à Léyima ou à Lékolo, c’est le même constat : la précarité y est totale !

Les populations de ces zones vivent dangereusement. Elles sont exposées aux éboulements des flancs de montagne, mais surtout, le cadre n’offre pas des commodités de vie adéquates. Dans ces deux quartiers, les logements offrent un spectacle de «ville-fantôme», a susurré un visiteur. 

Tôle en haut, tôle en bas. Planches vieillies, corrodées et affaiblies par les intempéries et le temps. Plastique utilisé pour boucher les vides, etc. Pas de véritables voies d’accès. Seul un petit dédale de pistes glissantes en période de pluies permet de rallier les bâtisses de fortune, en dehors de quelques maisons en briques modernes, que les uns et les autres se sont construites dans cette zone appartenant à la Comilog.

«Quand je construisais, on m’avait toujours dit que cette zone appartenait à Comilog»

Des arbres fruitiers, de petits jardins familiers, des latrines construites également de matériaux hétéroclites complètent ce tableau pas très reluisant de ces quartiers impactés par le projet de relogement. Ici, des plaques et des bornes signalent que l’espace a été attribué à la Comilog depuis belle lurette. «Quand je construisais, on m’avait toujours dit que cette zone appartenait à Comilog», a déclaré Rosabelle, propriétaire d’une maison de 5 chambres à Léyima. Ayant reçu les clés de son appartement à Lékolo 2, elle s’attèle désormais à l’aménager à sa guise, avant de l’intégrer.

À Lékolo comme à Léyima, conscients de leur situation et surtout de leurs difficiles conditions de vie, la plupart des habitants sont impatients de partir et le manifestent. Une attitude loin de ce que laissent percevoir les réseaux sociaux. Ils attendent les contrats devant leur permettre de bénéficier définitivement de leur logement à la cité Lékolo2. «On veut partir. Ici, j’ai construit et je n’ai pas de titre foncier. Là-bas (Lékolo 2), j’aurais un titre foncier. On ne veut pas que la saison sèche nous trouve encore ici», a fait savoir sieur Alphonse, un notable de Lekolo. 

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«Tout le monde veut partir. Même aujourd’hui, on part»

«Ils me retardent parce qu’ils ne me donnent pas le contrat. Le président est venu, il a donné le coup d’envoi. Mais, nous on attend. On va attendre jusqu’à quand ? Tout le monde que vous voyez-là veut partir. Même aujourd’hui, on part», a-t-il assuré. De nombreuses autres familles souhaitent également quitter les lieux et leurs anciennes maisons. Des maisons, précisent le responsable des Relations publiques et de la Communication de la Comilog, André Massard, dont la valeur réelle, lors des inventaires, oscillait entre 250 000 et 26 millions de francs CFA. Ce, en plus des indemnisations voire compensations à recevoir concernant notamment les plantations, arbres fruitiers.

Pour les contrats, la directrice du développement durable de la Comilog, Flore Mouelé, rassure. «La remise des contrats se fait au fur et à mesure et en coordination avec les autorités locales. Sauf que certaines personnes ayant reçu les contrats pour signature ne nous les ont pas encore retournés. Nous devons suivre le processus et attendre avant de remettre d’autres documents et permettre à l’opération de suivre son cours», a-t-elle fait savoir.

S’exprimant à propos de la polémique qui, pour beaucoup n’a pas lieu d’être, au regard de ce que la Comilog et l’État offrent aux déguerpis, l’Administrateur directeur général de la Comilog, Léod Paul Batolo, a insisté sur le fait que «ces maisons ont été construites au bénéfice des populations» et que cet «objectif n’a pas changé». 

 
GR
 

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