Accueillie avec acclamation par une bonne partie de la population dégoutée par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), la menace du président de la transition aux agents de cette société a plutôt angoissé les syndicalistes qui craignent désormais pour leurs vies. Ils ont pris à témoin la communauté nationale et internationale quant au malheur qui les guette avant l’interpellation de certains leaders par le B2.

Le porte-parole et la présidente du Syntee+. © Gabonreview (capture d’écran)

 

Après les propos tenus à leur encontre par le président de la transition à Ndendé le 9 décembre, les syndicalistes de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) se sont à travers une déclaration le 10 décembre, adressés au général de brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema. «Nous avons constaté avec malheur que finalement les problèmes de la SEEG incombent aux plus de 2 400 agents de la SEEG. Nous sommes curieux d’entendre cela», a déclaré Éric Josué Bouanga Moussavou, le porte-parole du le Syndicat national des travailleurs du secteur de l’eau et de l’électricité (Syntee+). 

Lui et ses collègues ont fait un tollé après la publication de la note DG/23 n°009 annonçant l’ajournement de la gratification 2023 (treizième mois), motivé par «la situation financière difficile de l’entreprise qui requiert une approbation par la prochaine session du Conseil d’administration». Faute d’entente avec la direction générale et tenant à tout prix à recevoir cette gratification, ils ont donc décidé de ne plus travailler jusqu’à nouvel ordre menaçant de paralyser l’alimentation en eau et en électricité sur l’ensemble du pays. Un état de fait qui a eu pour conséquent, de sortir le président de la transition de ses gonds. Le général de brigade qui a mis les services de renseignement sur le coup, a promis les traquer.

Veolia a «laissé les comptes positifs»

Une déclaration qui les angoisse. «Nous sommes étonnés que c’est sur nous les responsables des syndicats que vous mettez à contribution tous vos services de renseignement. Qu’en est-il des directeurs généraux et leurs adjoints qui se sont succédés depuis 2018 jusqu’à maintenant ? Pourquoi n’allez-vous pas d’abord les chercher avant de venir nous chercher nous», a prononcé le porte-parole. Assurant que Veolia a «laissé les comptes positifs», il a accusé les différents directeurs généraux qui se sont succédés depuis lors, d’être à l’origine de ces tensions de trésorerie pour avoir dilapidé l’argent de la SEEG. 

Mieux, le Syntee+ relève que les charges d’exploitation de l’entreprise sont énormes du fait du prix du gasoil. La SEEG paierait le litre à plus de 1 000 francs CFA.  «Monsieur le président s’il vous plaît, nous voulons savoir à combien la Garde républicaine paie-t-elle le litre de gasoil. Pendant que la SEEG qui remplit une mission de service public de l’eau potable et de l’énergie électrique paie à plus de 1000 francs le litre», a dit Éric Josué Bouanga Moussavou. Pour leur défense, les syndicalistes qui tiennent au paiement de cette gratification ont assuré dans leur adresse qu’ils la méritent. Ils se positionnent comme des gabonais qui travaillent jour et nuit 24/24 malgré la vétusté des équipements, essuient des injures au quotidien.

«Notre sang est entre vos mains et ceux du CTRI»

À en croire ses propos, parfois molestés et séquestrés dans des maisons, ils doivent au terme de l’exercice bénéficier de cette reconnaissance du travail que la loi leur confère via la convention collective. «Nous sommes surpris qu’un PCA qui a pris cette décision depuis le mois de mai, vienne nous flanquer ça au visage le jour même où nous devons attendre notre paiement. Est-ce le type de gouvernance que vous êtes en train de promouvoir dans le pays ? Est-ce cela la restauration des institutions ?», a-t-il dit. «Nous avons constaté après vos déclarations que nos vies sont en danger», a signalé le porte-parole.

«Et c’est pourquoi nous nous permettons très respectueusement, monsieur le président de la transition, d’interpeller l’opinion nationale et internationale : si demain nous mourons, nous sommes entre les mains du président Oligui et de tout le comité de transition», a ajouté Éric Josué Bouanga Moussavou qui souhaite que les directeurs généraux et leurs adjoints qui se sont succédés depuis 2018 répondent de leur gestion. «Nos vies sont en danger. Et si nous mourrons demain, notre sang est entre vos mains et ceux du CTRI», a-t-il insisté. Selon nos confrères de Gabonactu.com, les syndicalistes ont été interpellés ce 11 décembre par la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité (B2).

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Je l’ai dit, Oligui vient de commettre sa première grosse bourde. Malheureusement il semble n’avoir rien compris dans sa lecture du Prince: agir dans la discrétion, soigner son image pour se faire aimer par le peuple. Comment a-t-il pu croire que menacer publiquement d’utiliser les services de renseignement telle la gestapo contre les leaders des syndicats pouvait être productif. Omar et Ali était des cancres mais je ne sais pas s’ils auraient pu faire une telle bourde. Je vais te dire Oligui ce qu’aurait fait le Prince: Avec l’aura et la légitimité que tu as en ce moment, ce n’est pas le moment de montrer les muscles contre la bas peuple dont fait partie les syndicalistes, tu aurais pu rencontrer les leaders et les meneurs discrètement pour négocier pour qu’ils accepte d’attendre. Et même ces menaces directes étaient utiles, ils peuvent aussi se faire discrètement en rencontrant les concernés toi-même. Oligui commence à gaspiller la fête de la liberation. Oligui des excuses peuvent aussi se faire discrètement envers les leaders syndicaux ou publiquement envers les 2500 agents de la SEEG que tu as insulté. N’oublie pas l’arrogance et le mépris ont fait tomber Ali Bongo, tu n’as fait que cueillir une mangue trop mûre. Même si tu es militaire, tu seras plus facile à faire tomber qu’Ali Bongo, si le peuple te tourne le dos et commence à tirer à boulet rouge sur ton régime. La question qui se pose: Oligui est plus intelligent que les Bongo ou c’est le même QI quand voit ce qu’il vient de faire? Oligui est-il aussi arrogant et méprisant envers le peuple que Ali Bongo où il a de la considération pour la dignité et les libertés de chaque gabonais? C’est sûr qu’un pays comme le notre a besoin pour commencer d’un homme fort pour le redresser pour imposer l’esprit de sacrifice qui est un passage obligé pour sortir de là où nous nous trouvons. Mais n’oublie pas Oligui, la discrétion pour cette actions, écouter le peuple et ne pas afficher du mépris lorsque tu ne penses pas comme lui t’aidera à garder la main. Je dirai même dire que tu étais en position de forcer les agents de la SEEG à consentir à ce sacrifice, mais la méthode que tu viens d’utiliser n’est pas la bonne et ne passera pas.

  2. NBHYBOM dit :

    Pour les amis du Syntee+ et plusieurs Gabonais, et pour un dérapage qui aurait bien pu être évité, le héro national risquerait de perdre sa cote de popularité surtout au milieu de ses plus francs admirateurs. Menacer les syndicalistes, c’est menacer le personnel qu’ils représentent donc, les familles gabonaises. C’est se mettre du côté des bourreaux qui nous privent volontairement de nos avantages imposés ou conventionnels.
    Le président est très écouté par la population en ce moment. Des conseils à la place des menaces auraient été bien accueillis.
    Voici qu’en 3 mois, un Syndicat sérieux et responsable dit de lui ce que personne, autant d’Ali et son père n’avait jamais dit publiquement. le Syndicat prend à témoin l’opinion national et international: «Et c’est pourquoi nous nous permettons très respectueusement, monsieur le président de la transition, d’interpeller l’opinion nationale et internationale : si demain nous mourons, nous sommes entre les mains du président Oligui et de tout le comité de transition»; «Nos vies sont en danger. Et si nous mourrons demain, notre sang est entre vos mains et ceux du CTRI».
    Juste le temps d’une intervention, l’homme sur qui ils comptaient pour la résolution du conflit est devenu leur bourreau, menaçant publiquement leurs vies.

  3. Zed dit :

    Il semble que la SEEG, en plus des problèmes de gratification annuelle ce qui est légitime , doit sérieusement examiner la perception publique à son égard. Les coupures fréquentes, le service client défaillant et la qualité d’eau préoccupante sont des sujets qui alimentent le mécontentement de la population. Il est crucial que l’entreprise adresse ces problèmes fondamentaux pour regagner la confiance des usagers.

    En outre, des pratiques internes néfastes, comme la vente illicite de compteurs, contribuent à la mauvaise image de la SEEG. La population semble souffrir de surfacturations injustes, et il est possible que ces frustrations conduisent à des situations conflictuelles avec les employés de la SEEG.

    Bien que le président puisse manquer de diplomatie dans ses réponses, il est important de reconnaître que dans certaines circonstances, la diplomatie traditionnelle peut ne pas suffire. Il est essentiel que la SEEG, en tant qu’entreprise de service public, adresse de manière transparente et efficace les préoccupations réelles de la population.

    Il est bon de ce plaindre mais quand il s’agit du service public ……………

  4. Mami dit :

    C’est bien beau de revendiquer votre treizième mois. Mais es ce que vous consommez l eau de vos robinets si oui donnez nous le le goût? Avez-vous revu vos unités edan? Et la durée de livraison de vos différents compteur? Vos coupures a répétitions ? Revoyez votre travail. S il y avait la concurrence. Vous n existeriez plus au Gabon. Donc renvoyez votre travail.

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