Alternance 2023 doit confronter la configuration de l’opposition aux modifications du corpus juridique, analyser les rapports de force internes, s’adapter aux évolutions de terrain et tenir compte des arrangements opérés par les acteurs.

Alternance 2023 doit faire montre de rigueur, de méthode et de prudence. En ces temps d’incertitude, tirer les leçons du passé c’est se montrer proactif. © GabonReview

 

Depuis le début du processus électoral, Alternance 2023 est pressée de toutes parts. Le Consortium des organisations de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie au Gabon (Coted Gabon) tente de lui indiquer la voie voire de lui imposer son rythme, au risque de semer la discorde. Sans se lasser, certains leaders d’opinion interpellent ses membres, leur recommandant de taire leurs égos pour parvenir à une candidature unique. D’autres s’autorisent à lancer des sondages, sans s’assurer de la pertinence de leurs initiatives ni de la crédibilité de leurs résultats. Pendant ce temps, les protagonistes vaquent à leurs occupations, occupant le terrain tout en évitant de se faire concurrence. Récemment, Alexandre Barro Chambrier et Raymond Ndong Sima étaient au contact des Gabonais de France, Thérence Gnembou Moutsona et Albert Ondo Ossa ont multiplié les sorties médiatiques, Mike Jocktane s’est attaqué à l’Ogooué-Ivindo, Paulette Missambo a sillonné la Nyanga et la Ngounié.

Processus particulier

Toute cette activité correspond à une ligne connue de tous : permettre à chacun de faire valoir ses idées, avant de décider. Censée avoir tiré des leçons des expériences de 2009 et 2016, Alternance 2023 devrait fonder son choix sur cinq critères : la capacité à entendre les attentes du peuple et à entrer en résonance avec lui ; la capacité à rassembler, c’est-à-dire à attirer ou s’ouvrir à d’autres forces ; la capacité à incarner et porter un projet ; la capacité d’organisation et ; la crédibilité morale ou professionnelle. Est-ce la raison pour laquelle les candidats ont été invités à se dévoiler, à y aller de façon individuelle dans un premier temps ? On peut le penser. Même si elle ne saurait être tenue pour une assurance tous risques, cette tactique permet à chacun de sentir l’humeur des populations, de sonder leur ressenti, de se faire une idée de leur état d’esprit. Bref, elle offre aux candidats l’opportunité de cerner des détails peu perceptibles au premier abord.

En prévision de la présidentielle à venir, la coalition de l’opposition doit définir des modalités de sélection adaptées au contexte. A cet effet, elle doit confronter la configuration de l’opposition aux modifications du corpus juridique. L’analyse des rapports de force internes ? Cet exercice devrait l’aider à trouver les moyens de contrebalancer la nouvelle composition des bureaux de vote. Le maillage territorial et la répartition des candidats à la députation ? Ces éléments devraient lui permettre de limiter les effets du type de bulletin de suggéré par le Centre gabonais des élections (CGE). Pour toutes ces raisons, le processus en cours pourrait se révéler particulier, différent de ceux ayant abouti à la désignation d’André Mba Obame ou Jean Ping. Si l’objectif reste le même, la loi nouvelle électorale défavorise les candidats indépendants ou ceux affiliés à des partis ne bénéficiant pas de la reconnaissance juridique. Au-delà, la jurisprudence Assélé oblige à se prémunir d’un possible coup de Jarnac. Autrement dit, elle contraint à se pencher sur les parcours des candidats et la situation juridique de leurs formations.

Climat d’incertitude

Ce décryptage du contexte montre combien la désignation du candidat unique pourrait s’avérer complexe. Il commande de ne céder ni aux déductions faciles ni aux parallèles à l’emporte-pièce. Pour ainsi dire, Alternance 2023 doit faire montre de rigueur, de méthode et de prudence. Son chronogramme ? Il doit tenir compte de celui des institutions. Or, à ce jour, ni la liste définitive des candidats à la présidentielle ni celles des postulants à la députation n’ont été publiées. Si de nombreux recours sont pendants devant la Cour constitutionnelle, le décret n° 019/PR/MI du 4 août 2023 fixant les modalités de bulletin de vote y été attaqué. Et d’autres recours pourraient suivre. C’est dire si tout ceci entretient un climat d’incertitude.

Pour autant, la prise en compte des spécificités de l’élection à venir ne doit pas rimer avec passivité. Encore moins avec inertie ou déni de réalité. En ces temps d’incertitude, tirer les leçons du passé c’est se montrer proactif. Cela suppose anticiper certaines décisions ou amener le CGE à s’adapter aux évolutions de terrain. Cela suppose aussi obliger la Cour constitutionnelle à prendre en compte les arrangements opérés par les acteurs politiques. Or, sur ces deux points, la journée de mardi 08 août courant a été marquée par un événement d’importance : le ralliement du parti Les Démocrates de Guy Nzouba-Ndama à Paulette Missambo, candidate de l’Union nationale. Deux des trois principaux partis de l’opposition déjà coalisés autour d’une personnalité ? A Alternance 2023 de l’entendre…

 
GR
 

9 Commentaires

  1. Evariste dit :

    Une candidature unique Ou consensuelle de l’opposition a eu lieu en 2016 … où en est-on aujourd’hui.hui?
    le problème n’est pas dans la candidature ou dans les élections mais plutôt dans la validation des résultats car ce régime ne respecte pas le résultat des urnes et triche à chaque élection.
    tant que l’opposition ne solutionnera pas ce point , tout le reste est dé l’enfumage

  2. Evariste dit :

    Une candidature unique ou consensuelle a eu lieu en 2016 et on sait où nous en sommes aujourd’hui.Le problème n’est pas la candidate unique ou les élections présidentielles , le problème est la validation du résultat des urnes qui n’est jamais respecté par ce régime et les institutions .
    Je signe et je persiste l’opposition gabonaise devrait trouver une façon de faire respecter le résultat des votes du peuple Gabonais air risque d être toujours le dindon de le farce électorale.Le reste c est de l.enfumage

  3. MONSIEUR A dit :

    Le PDG est entrain de battre ses cartes pour espérer gagner l’élection présidentielle 2023 sans verser le sang des Gabonais, compte tenu du contentieux de l’élection de 2016 toujours en cours à la CPI.

    En analysant les nouvelles règles de vote que souhaite imposer le CGE (via le PDG), il apparait clairement qu’il fallait absolument éliminer de la course à la présidentielle Monsieur Guy ZOUBA NDAMA, et démembrer son parti politique « LES DEMOCRATES ».

    De même, il fallait affaiblir le parti politique « UNION NATIONALE » en le scindant en deux entités rivales. Monsieur Paul-Marie Gondjout aurait dû attendre son HEURE en restant dans une structure mieux élaborée et plus représentative.

    Que peux faire l’Opposition, car nous savons tous que la Cour Constitutionnelle va valider (ou a déjà validé) le nouveau mode de vote?

    1- Une candidature unique et consensuelle est leur meilleur atout.
    2- Choisir un candidat issu d’un parti politique ayant des structures stables
    3- Tenir compte de la démographie ethnique du candidat et de ses principaux alliés.
    4- Sacrifier l’élection législative
    5- Faire alliance avec le CLR de Monsieur Jean Boniface ASSELE.

    Il ne s’agit pas ici d’éliminer les BONGO, mais de rétablir la dignité des Gabonais car le Système PDG a failli. Même le Président Ali BONGO a maintes fois essayé de s’extraire de cette nébuleuse sans succès.

    En tenant compte de ce qui précède, je meilleur choix de l’Opposition est actuellement Madame Paulette MISSAMBO.

  4. Nsokong dit :

    Paulette Missambo candidat consensuel pour battre Bongo et le PDG, franchement?!…
    Arrêtez de distraire les gabonais, c’est cousu de fil blanc tout cela et on sait très bien ce qui est en latence…

  5. Serge Makaya dit :

    Ce n’est pas une candidature unique qu’il faut faire. Mais plutôt vous retirer de cette énième mascarade présidentielle qui se peaufine.

    Je n’arrive toujours pas à comprendre que des intellectuels que vous êtes continuent à vous faire ridiculiser par ce régime SATANIQUE et ses alliés que sont la Francafrique et le roitelet du Maroc. A Ntare Nzame.

    S’IL Y A ENCORE UNE CHOSE POSITIVE QUI VOUS RESTE À FAIRE ET QUI FERA VRAIMENT PLAISIR AU PEUPLE GABONAIS, C’EST DE RETIRER VOS CANDIDATURES. NE VOUS FAITES PAS RIDICULISER UNE ÉNIÈME FOIS AVEC CES GENS.

  6. Nsokong dit :

    Ce cher Makaya, quel amour !…
    C’est vrai que se retirer de la course présidentielle constitue le boulevard le plus fiable pour que Ali Bongo et les siens continuent imperturbablement leur route…
    Non mon très cher Serge, le terme  » se ridiculiser » ne sied qu’à ton entendement…
    L’opposition ira au vote, unie ou en ordre épars,et gagnera malgré les embûches posées par les tenants du pouvoir, ce qui au demeurant traduit leur inquiétude voire leur désarroi…

  7. Mfalmekalwira dit :

    Cette opposition n’a pas de chance, si le raïs n’est les a pas dit la vérité sur c’est que macro avit affirme donc vraiment il n’ont pas de la chance #mfalme

  8. Lavue dit :

    Nsokong a parfaitement raison. Notre grand-père Serge MAKAYA est insalissable Son refrain est le même, accuser le Régime BONGO-PDG, le Quai d’Orsay, la Françafrique. C’est tout ce qu’il sait faire, sans jamais rien proposer qui puisse aider à contribuer au changement espéré de tous. Qu’il ne nous dise pas en quoi se retirer va faire changer le régime en place. L’abandon c’est pour les faibles ou les opportunistes qui rêvent de rejoindre le camp par l’oppresseur.

    Une lutte peut être longue. Avec persistance et volonté on finit toujours par la gagner. Le peuple Gabonais ne doit pas céder au découragement.

    Sinon que Serge MAKAYA nous explique comment MANDELA aurait-il pu œuvrer pour mettre fin à l’a apartheid en Afrique du SUD? Si ce n’est en combattant continuellement.

    Il n’ y a rien de ridicule à affronter son bourreau, au contraire. Serge MAKAYA a un double jeux faut le savoir, d’ailleurs il se reconnait comme un ancien Agent du tristement célèbre B2. Attention à ses propos. On le connaît déjà trop bien.

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