Sans débats d’idées, les élections internes au Parti démocratique gabonais (PDG) se réduisent à de simples castings. Du coup, l’ex-parti unique doit encore donner du sens à sa démarche. Autrement, elle restera une simple fumisterie, une mystification pour gogo. 

En absence de débat, les primaires du PDG se réduisent à de simples castings voire à des combinaisons d’épiciers. © Facebook

 

Comme ça, le Parti démocratique gabonais (PDG) a décidé d’organiser des primaires ! En prévision des prochaines sénatoriales, les élus locaux issus de ses rangs ont été invités à choisir les futurs candidats. Sans attendre la fin du processus, l’ex-parti unique en a, d’ores et déjà, tiré une gloriole, vantant une «belle leçon de démocratie (administrée) à l’ensemble du corpus politique national.» Pourtant, à y regarder de près, ces scrutins internes s’apparentent sinon à du trompe-l’œil, du moins à de l’affichage. Et pour cause : en dernier ressort, seule la décision du président de ce parti prévaudra. En décidant de soumettre les résultats à la sanction d’Ali Bongo, le secrétariat exécutif du PDG a vidé le vote de la base de son sens.

Une opération de communication

Après tout, au PDG la culture du chef est forte. Parfois même trop forte, au point de se traduire par un culte du chef. Dans ce parti, la pratique politique accorde la primauté aux affinités, liens de sang ou matrimoniaux. S’y mêlent, considérations familiales, claniques, ethniques ou provinciales. Durant la semaine écoulée, on l’a vu à travers cette vidéo virale, mettant en scène un cadre se réclamant de la commune de Ntoum. Pris de court par l’irruption d’Ali Bongo dans le processus, certains candidats ont reconsidéré leurs stratégies. D’autres y sont allés à reculons. Au final, ces primaires sont apparus comme une simple opération de communication. Faute d’avoir su se réinventer et de n’avoir pu laisser la base désigner souverainement ses candidats, le PDG a discrédité son initiative.

Pourtant, des primaires peuvent avoir du sens. Censées être le signe d’une modernisation de la gouvernance, elles peuvent faciliter le renouvellement tout en réconciliant le sommet et la base. De nature à favoriser l’émergence de personnalités à la popularité éprouvée, elles peuvent aussi accroître les chances de victoire. Si elles ringardisent les adversaires, elles sont un élément de mobilisation supplémentaire. En tout cas, elles maintiennent les troupes en éveil. Pour toutes ces raisons, elles doivent donner lieu à des débats de fond et obéir à des règles préalablement élaborées. Autrement, elles finissent par devenir contreproductives, sécrétant le poison de la division et de la suspicion.

De simples castings

Les primaires du PDG ont-elles été ce moment de démocratie tant vantée ? On peut en douter. Sur quels fondements les candidats ont-ils été départagés ? Etait-ce une querelle de personnes ou une confrontation d’idées ? Rendant publique cette initiative, la secrétaire générale adjoint en charge de la communication avait énuméré les pièces constitutives des dossiers de candidature. Estelle-Flore Angangou n’avait nullement parlé d’un document permettant aux impétrants de présenter leur compréhension des enjeux et défis nationaux ou partisans. Or, là réside l’intérêt des primaires. En absence de débat, elles se réduisent à de simples castings voire à des combinaisons d’épiciers. Or, en l’espèce, les résultats doivent encore subir la sanction d’une autorité supérieure.

En optant pour des scrutins à tour unique tout en réservant le dernier mot à son président, le PDG s’est livré à une simple pré-sélection. En aucun cas, il n’a organisé de primaires. A la fin des fins, il a laissé l’impression de ne pouvoir s’accommoder des contraintes inhérentes à cet exercice. Comment y voir le signe d’une «modernisation» quand il était juste question d’établir des short-list ? Comment y lire l’expression d’une «vision clairvoyante» quand les idées se sont effacées devant les identités ? Ces élections peuvent-elles quand même «faire école» ? En 2016, l’Union nationale désigna son candidat à la présidentielle au terme d’une élection interne retransmise en direct. Sur ce coup, le choix de la base fut respecté, entériné par les instances supérieures de ce parti. Le week-end écoulé, on était très loin de ce cas de figure. Du coup, l’ex-parti unique doit encore donner du sens à sa démarche. Autrement, elle restera une simple fumisterie, une mystification pour gogo.

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    « …sans débats d’idées… » TOUT EST DIT. VOUS VOYEZ VRAIMENT CES GENS RÉFLÉCHIR ? A NTARE NZAME !! PITIÉ !! MERCI MR ROXANNE BOUENGUIDI POUR LE MOT DE FIN QUI RÉSUME PARFAITEMENT CE PARTI POLITIQUE DE MERDES: « … Une simple fumisterie, une mystification pour gogo. » ILS SONT TOUT SIMPLEMENT À L’IMAGE DE LEURS PATRONS: LES VOLEURS – ASSASSINS – USURPATEURS BONGO-VALENTIN.

    ET LES BONGO-VALENTIN (ou tout simplement les Valentin, les Bongo n’existant plus) SONT LES PARFAITS VALETS DE LA FRANCAFRIQUE. C’est difficile d’en trouver encore en Afrique, mais pas impossible. Car l’argent peut facilement rendre un homme (même super intelligent) esclave d’un autre ou d’un pays hégémonique. A Ntare Nzame!! Pauvre Gabon!! J’en pleure même… snif !!

  2. Milangmissi dit :

    cet article contredit celui de Griffin Ondo Zué d’hier.
    ça prouve qu’il y a une diversité d’opinions à la redaction de Gabonreview.
    S’agissant de l’article que dire si ce n’est que  » le chien ne change jamais sa façon de s’asseoir ». Le PDG est un ancien parti unique donc la fraude, le clientelisme, le vice, … sont inscrits dans son ADN ça ne changera jamais.
    “Les idées scandaleuses sont de vieilles rengaines qui passent inaperçues en s’abritant sous des habitudes.” Marcel AYME

  3. Jean-Marcel BOULINGUI dit :

    Cher gabonreview,
    Attention à ce que vous écrivez : le 17 janvier, vous dîtes « Primaires sénatoriales : la leçon de démocratie du PDG à l’opposition » ; le lendemain, 18 janvier, ça devient : « Primaires du PDG en vue des sénatoriales : du trompe-l’oeil ! »
    Que voulez-vous dire à la fin ? Doit-on dès lors considérer, chers amis, que l’article du 17 janvier était quelque peu hâtif ?

  4. Venance Pambou dit :

    Milangmisi et Boulingui. Savez vous lire ? L’article d’Ondo Nzuey est un compte-rendu qui reprend des propos imputés à Ali Bongo notamment. Celui de Bouenguidi est un éditorial qui livre une opinion. Ce n’est pas la même chose et il n ya rien de contradictoire. Bon, on vous concède le fait qu’Ondo Nzuey aurait dû mettre son titre entre griffes puisque les propos ne sont pas de lui

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