Refusant d’assumer un bilan jugé calamiteux, le secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG) par intérim a récemment exonéré son parti de toute responsabilité.

Pendant de trop longues années, le parti de Luc Oyoubi n’a eu besoin de personne pour concevoir, adopter et mettre en œuvre les politiques publiques. Dans de nombreux cas, il s’est montré sourd à toute critique ou suggestion, sommant leurs auteurs de le « laisser avancer». © GabonReview

 

Après un règne sans partage de plus d’un demi-siècle, le Parti démocratique gabonais (PDG) sombre dans la falsification de l’histoire. Refusant d’assumer un bilan jugé calamiteux, ses cadres se livrent à des tentatives de mystification. Niant l’évidence, Luc Oyoubi l’a récemment exonéré de toute responsabilité. «Le PDG ne gérait pas le pays, même si ce sont ses militants qui étaient souvent les premiers responsables en compagnie de personnalités venues de plusieurs horizons», a-t-il lancé avec un rare cynisme. Erigeant l’exception en règle, il a fini par conclure à des torts partagés, mêlant «l’opposition» à la gestion passée. Comme si une hirondelle pouvait faire le printemps. Comme si des actes isolés pouvaient faire loi. Comme si le débauchage était synonyme d’adhésion ou de participation.

Avidité sans limite

Le secrétaire général du PDG par intérim peut toujours s’essayer à des figures de style. Il peut même s’adonner à des raisonnements spécieux. Jamais, il ne pourra effacer cette vérité historique : respectivement affublés des titres de «président-fondateur» et «distingué camarade président (DCP)», Omar Bongo Ondimba et Ali Bongo se sont relayés à la tête du PDG comme au sommet de l’Etat. L’un et l’autre ont cumulativement assumé les charges de «chef suprême» de ce parti et de président de la République. On les a vu conduire des activités partisanes sans se soucier de la portée du serment présidentiel. Usant et abusant de leurs fonctions officielles, ils ont cautionné puis banalisé le mélange entre intérêts partisans et intérêts publics. Entre 2009 et 2023, les militants PDG préféraient présenter Ali Bongo comme «DCP» et non comme président de la République. Cette attitude en dit long sur leur compréhension de l’affiliation partisane, curieusement érigée en critère de cooptation des élites et en principe régulateur de la vie publique.

De 1967 au 30 août 2023, le PDG n’a rien lâché à personne. Faisant montre d’une avidité sans limite, il a occupé l’essentiel des positions publiques, laissant aux autres le menu fretin. Et encore… À la tête des deux chambres du Parlement ou à la Primature, ses cadres se sont succédé. Même dans la haute administration ou les établissements publics, il fallait montrer patte blanche ou lui faire allégeance pour avoir droit de cité. Si quelques personnalités issues d’autres entités ont pu siéger au gouvernement, leur présence ne saurait être assimilée à de la co-gestion. Encore moins à un partage du pouvoir. Haut fonctionnaire devenu parlementaire puis ministre et dirigeant du PDG, Luc Oyoubi a forcément conscience de tout cela. Pourquoi s’est-il autant avancé ? Pour s’offrir une auto-absolution ou pour mieux abuser le peuple ? Qui croyait-il convaincre ou voulait-il impressionner avec de telles affirmations ? On ne le saura peut-être jamais.

Des excuses au reste de la nation

Sauf naïveté extrême, on peut difficilement adhérer à la thèse défendue par le secrétaire général par intérim du PDG. Pendant de trop longues années, son parti n’a eu besoin de personne pour concevoir, adopter et mettre en œuvre les politiques publiques. Dans de nombreux cas, il s’est montré sourd à toute critique ou suggestion, sommant leurs auteurs de le « laisser avancer» . De même, il n’a eu recours à aucune aide pour initier ou voter les lois, ses écrasantes majorités lui permettant de faire comme bon lui semblait, en dépit des réserves ou railleries émises par d’autres. Pour toutes raisons, le propos de Luc Oyoubi peut s’entendre comme un aveu, une reconnaissance implicite de cette «gouvernance irresponsable, imprévisible» unanimement dénoncée. Au-delà de l’évidente volonté de s’absoudre à peu de frais, on peut aussi le comprendre comme un appel du pied au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).

Au lieu de se chercher des excuses, le secrétaire général du PDG par intérim aurait gagné à présenter les excuses de son parti au reste de la nation. Attendu de nombreux compatriotes, un tel geste n’aurait manqué ni pertinence ni de panache. Il aurait même donné du sens aux propositions formulées par l’ex-parti unique en prévision du Dialogue national inclusif. S’il veut y participer dans la sérénité, s’il veut conjurer le risque de se voir conspué par d’autres participants, Luc Oyoubi ferait mieux d’y réfléchir. «Nous au PDG, on ne sait pas reconnaitre nos bêtises», s’agaçait récemment Christiane Bitougat, ajoutant : «On doit pouvoir dire au peuple (que) le système (lui) a fait du mal et lui demander de nous pardonner», avant de trancher : «Une faute avouée est à moitié pardonnée». Et si cette hiérarque du PDG indiquait une piste à creuser ?

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Si des gens têtus dans la bêtise et la sorcellerie comme celui-ci venaient à s’excuser ou demander pardon, ce ne sera probablement pas sincère. Là où nous les gabonais n’avons pas encore rien compris, c’est de penser qu’on doit laisser les gens comme Oyoubi tenir de tels propos de révisionniste et de déni. Si les leaders de l’opposition de la société civile, les religieux, tous ceux qui sont du côté du peuplent veulent réduire les politiciens à la ténébreuse comme Oyoubi a leur plus simple expression et faire barrage à toute tentative de réinstaurer l’ordre infernale que nous a fait vivre le PDG où on peut commettre des crimes mal gouverner et faire souffrir le peuple sans conséquence, chaque fois que de tels propos sortaient, cela devrait suscité un tel tollé que ces gens ne seront plus tenté de faire n’importe quoi, de mépriser et marcher sur les gabonais.

  2. Gayo dit :

    En plus il a un sourire qui ressemble au sourire du diable.

  3. Gayo dit :

    Le modérateur de IK est un prdegiste qui ne veut pas qu’on parle contre le PDG et Oyoubi. Les opposants et la société civile attend que le PDG soit à nouveau à la porte du pouvoir pour dénoncer le déni, les propos révisionnistes et leurs complots en cours?

  4. Gayo dit :

    Le modérateur de GR est un prdegiste qui ne veut pas qu’on parle contre le PDG et Oyoubi. Les opposants et la société civile attend que le PDG soit à nouveau à la porte du pouvoir pour dénoncer le déni, les propos révisionnistes et leurs complots en cours?

  5. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Morceau au choix: « le secrétaire général du PDG par intérim peut toujours s’essayer à des figures de style. Il peut même s’adonner à des raisonnements spécieux. Jamais, il ne pourra effacer cette vérité historique » : le pdg ne vous donnera jamais le pouvoir dixit de dernier PM du pouvoir déchu. Ceux qui ne pensait pas si bien dire en évoquant la diatribe triviale suivante: le pdg est né avant la honte on une fois de plus un exemple de la preuve tangible de cette vérité.

    Pour finir : « en prévision du Dialogue national inclusif. S’il veut y participer dans la sérénité, s’il veut conjurer le risque de se voir conspué par d’autres participants, Luc Oyoubi ferait mieux d’y réfléchir ». Cela va malheureusement arriver. Amen.

  6. DesireNGUEMANZONG dit :

    La vérité sur notre histoire nationale est un sujet abrasif. Fondamentalement, il dérange.

    Mais dans le mensonge, l’humanité régresse et meurt dans le poison du révisionnisme. Aussi on est pressé de diffuser des mensonges honteux en considérant que la vérité doit attendre.

    Comme Suayibou Mulamba Diakité, je préfère la sincérité du piment à l’hypocrisie du sucre. Car l’hypocrisie est pire qu’une vérité qui fait mal.

    Merci pour votre article.

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