Des militants du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) et du Cercle des libéraux réformateurs (CLR) prétendent avoir été subitement séduits par le Parti démocratique gabonais (PDG) et sa doctrine. Or, à l’approche d’échéances présidentielles, l’ex-parti unique distribue généralement de l’argent, offre des strapontins à ses serviteurs les plus zélés.

Quelle vision peut-on revendiquer quand on abjure ses idées d’hier ? Ou quand on change de parti sans changer de bord politique ? Ou encore quand on rejoint un parti au pouvoir au bilan famélique et à la gouvernance hérétique ? © Gabonreview

 

Depuis 1990, certains compatriotes font commerce de leur positionnement, évoluant au gré de leurs seuls intérêts. A deux ans de la prochaine présidentielle, on assiste à une multiplication d’initiatives de ce type. Après Démocratie nouvelle (DN), le groupe Massavala Maboumba, le Rassemblement pour la restauration des valeurs (RV) et les Sociaux-démocrates gabonais (SDG), des militants du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) et du Cercle des libéraux réformateurs (CLR) viennent d’annoncer leur ralliement au Parti démocratique gabonais (PDG). Parmi eux, un élu local du 4eme arrondissement de Libreville. A-t-il pris la mesure de son acte ? Son ancien parti va-t-il le sanctionner et demander la déchéance de son mandat ? L’accepterait-il sans ruer dans les brancards ? C’est une autre paire de manches…

Objectif inavouable

Pour l’heure, on doit rappeler combien ces pratiques nuisent à la politique. On doit redire combien ces usages alimentent la suspicion, élargissant le fossé entre le peuple et la classe politique tout en légitimant la défiance vis-à-vis des institutions. De par la vacuité de leur discours, ces néo-militants du PDG ont suscité des railleries, s’attirant des commentaires peu amènes voire du mépris. Leur «vision du développement du Gabon» ? Avec une rare naïveté, doublée d’un toupet hors du commun, ils s’en sont prévalus. N’empêche, ils se sont gardés de la décliner. Quelle vision peut-on revendiquer quand on abjure ses idées ? Ou quand on change de parti sans changer de bord politique ? Ou encore quand on rejoint un parti au pouvoir au bilan famélique et à la gouvernance hérétique ?

Au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle, le PDG s’est montré incapable d’impulser une dynamique de progrès et de développement. S’il a toujours articulé son discours autour du triptyque «dialogue-tolérance-paix», tout cela est resté incantatoire. Goûtant peu à la contradiction, l’ex-parti unique ne fait pas le distinguo entre débat d’idées et querelle de personnes. Pratiquant la préférence partisane, il s’est rarement ouvert à autrui. Quand il a fait de la place aux intelligences venues d’autres formations, il s’est ensuite gargarisé de les avoir retournées ou débauchées. S’il glose sur l’«unité nationale», il privilégie les aspects identitaires dans le recrutement du personnel politique ou administratif. N’a-t-il pas théorisé sur une prétendue «géopolitique», entendue comme une distribution des postes en fonction de l’appartenance ethnique ou provinciale ? Les faits étant têtus, on peut difficilement présenter le PDG comme un parti «qui prône le dialogue, la tolérance, la paix, l’unité nationale et la fidélité.» Sauf, bien entendu, à poursuivre un objectif inavouable.

Scepticisme

Certes, «l’avenir du Gabon passe (effectivement) par la solidarité des fils et filles de notre nation.» Mais cette tirade appelle des clarifications. D’abord, la solidarité ne se décrète pas. Définie comme «le sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d’un groupe de personnes moralement obligées les unes par rapport aux autres», elle se construit. Concrètement, elle se fonde sur la redevabilité et des valeurs partagées. Y sommes-nous ? Au vu du traitement de faveur réservé aux militants PDG, on ne peut l’affirmer. Eu égard à leur propension à s’affranchir des règles ou à les tailler à leur mesure, on peut en douter. Ensuite, pays et Etat ne sont nullement synonyme de nation. Si le Gabon se veut un pays et un Etat organisé, la nation reste à construire. Autrement dit, il appartient à l’Etat de forger une identité historique et culturelle propre à l’ensemble du peuple. En prend-on le chemin ?  Quand on voit l’accueil réservé à Okondja à Alexandre Barro Chambrier, quand on entend les consignes d’un ministre en fonction à cette occasion, on peut afficher du scepticisme.

Des militants RPM et CLR subitement séduits par le PDG et sa doctrine ? Sans sombrer dans des jugements de valeur, on peut y voir une tactique pour capter quelques menus bénéfices. On peut même parler d’opportunisme. Après tout, tous les regards sont d’ores et déjà rivés vers la présidentielle de 2023. Or, à l’approche de telles échéances, le PDG distribue généralement de l’argent, offre des strapontins à ses serviteurs les plus zélés. Par conséquent, les transhumants feraient montre d’honnêteté en se gardant de contorsions rhétoriques et autres discours faussement patriotiques.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Julien dit :

    Et vous pensez vraiment que le Gabon avancera ainsi ?

  2. Serge Makaya dit :

    Merci ma fille Roxanne pour ton article. Mais ça ne changera rien, les Bongo ont comme drogué l’ensemble des gabonais. Et le PDG est une véritable mafia. Pitié.

  3. Paul Bismuth dit :

    Ils sont à l’image de leur président de parti. Surtout celui du CLR.

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