En juin 2015, un groupe de cadres du PDG, parti au pouvoir, dont Alexandre Barro Chambrier, lançait le mouvement ‘’Héritage et modernité’’ pour critiquer vivement la gouvernance du président Ali Bongo. Malgré les sanctions, ce courant dissident est resté une opposition intraitable, prédisant les dérives autoritaires du régime. Certains sont revenus dans le rang, d’autres ont fondé de nouveaux partis d’opposition. Aujourd’hui, cette fronde prend une résonance particulière à l’heure de la transition politique au Gabon. L’histoire devra s’en souvenir.

Contrairement à Michel Menga (regard baissé), Alexandre Barro Chambrier (regard lointain) n’a plus jamais cessé de décrier la gouvernance d’Ali Bongo. À droite, Jonathan Ignoumba, dernier renégat  à repartir aux côtés du fils d’Omar Bongo. © D.R.

 

Nombreux s’en souviennent. Le 27 juin 2015, Alexandre Barro Chambrier, ancien ministre et membre du Comité permanent du bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG), entouré et soutenu par des hauts cadres du parti au pouvoir, lisait une déclaration ayant fâché. Lui et une vingtaine de parlementaires y compris Guy Nzouba Ndama qui ne s’était pas encore dévoilé, tiraient à boulet rouge sur Ali Bongo quant à sa gouvernance, aussi bien du parti au pouvoir que du Gabon en général. A l’approche de la fin du premier mandat d’Ali Bongo, dans la fièvre des naissances de différents courants au sein du parti au pouvoir, ils se réclamaient d’un courant taxé de dissident : Héritage et modernité.

Ali Bongo a-t-il, dès le début, eu du mal à diriger le Gabon ?

Alors encore PDGistes, des membres de l’ancien mouvement Héritage et modernité. Nombreux d’entre eux sont vite repartis dans les rangs. © D.R.

Ils estimaient que «les Gabonais méritent mieux que ce spectacle de désolation au service des intérêts bassement égoïstes». Pour eux, trop de promesses avaient été faites aux Gabonais mais plusieurs choses restaient à revoir par rapport aux engagements pris. Criant leur exaspération, ils affirmaient que «les mensonges ne produisent rien» et étaient certains que «tôt ou tard les réalités rattrapent les démagogues». Ont-ils eu raison trop tôt ? Dans la foulée, Ali Bongo prenait la décision de dissoudre les différents courants de pensée créés au sein de son parti. Mais Héritage et modernité qui affirmait son jusqu’au-boutisme, continuait de reprocher à Ali Bongo d’être «un chef de clan», plutôt qu’un chef d’Etat. D’autres pourraient se souvenir du Mouvement gabonais pour Ali Bongo Ondimba (Mogabo), le courant opposé à Héritage et modernité et alors surnommé «Les hommes du Président ».

A cette époque déjà, il était reproché à ce chef d’Etat de se laisser embrigader par un «petit groupe de prétendus proches» qui tirait les ficelles. Est-ce l’indicateur de ce que, bien avant son AVC, Ali Bongo souffrait d’un manque de lucidité ? A-t-il dès le début, eu du mal à diriger le Gabon ? Le réquisitoire d’Héritage et modernité était sans appel. A l’exception de Raymond Ndong Sima qui avait démissionné de ce parti plus tôt mais, commis alors qu’il était encore membre du PDG, un livre très critique envers le pouvoir («Quel renouveau pour le Gabon ?») et qui dénonçait les travers de la gouvernance d’Ali Bongo, les membres d’Héritage et modernité s’inquiétaient du sort des Gabonais, de la situation politique, économique et sociale du pays.

Clarification et mise en examen de la gouvernance du Gabon sous le régime d’Ali Bongo

Certains frondeurs s’étaient vite ravisés mais les plus teigneux avaient été exclus du ‘’partiÉtat’’ sans qu’à ce moment-là, leur détermination ne soit entamée. Certains comme Serge Maurice Mabiala, avaient même été jetés en prison. Revendiquant «la clarification et la mise en examen de la gouvernance du Gabon et de ses acteurs sous le régime d’Ali Bongo», ils se constituaient désormais en opposants au régime PDG. Se créeront alors les partis Rassemblement héritage et modernité (RHM) pour rester fidèle au courant du PDG, et Les Démocrates sur les cendres de l’Alliance pour le nouveau Gabon. Un peu plus tard, ces deux partis essuieront des scissions.

Certains de leurs membres décideront de retourner leurs vestes pour s’aligner derrière Ali Bongo qu’ils avaient pourtant honni. Un come-back qui à l’heure de la transition, éveille la curiosité de plus d’un. Transfuges, d’aucuns s’interrogent sur leur avenir en cette période de transition quand bien même, Jonathan Ignoumba, dernier renégat sur la lignée du mouvement Héritage et modernité, a réussi à trouver sa place au sein du gouvernement de transition. D’autres, restés fidèles à leurs convictions depuis ce mouvement, à l’instar d’Alexandre Barro Chambrier peuvent se vanter d’avoir eu raison de tenir ferme.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Gayo dit :

    C’est le moment où le roi fou et paresseux Ali Bongo, qui voulait de la présidence que pour le titre et les honneurs en déléguant outrancièrement ses pouvoir et son autorité à des mercenaires étrangers cupides, a perdu les valeurs les plus sûr du parti laisser par son père pour ne plus s’entourer que d’amateurs, de béni-oui-oui et d’opportunistes qui avaient renoncé à toutes les valeurs pour ne pas gêner des gens qui croyaient tout connaitre comme le dit Oligui et qui étaient allergiques à la discussion et au débat pour continuer à manger au Calme.

    Si Ali Bongo avait essayer d’écouter des hommes comme chambrier, et comme il avait besoin de déléguer à outrance parce que trop paresseux confier ces pouvoir et cette autorité qu’il donnait à ses voyous à des hommes plus aguerris comme Chambrier, il aurait pu reussir.

  2. Gayo dit :

    Le regard abaissé de Menga annonçait sa trahison. Il se demandait comment il avait pouvoir continuer à profiter du vain, du pain et des plaisirs dont parle le variant de Bitam et étant opposant.

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