Enquêtant depuis 2018 sur l’affaire opposant l’Etat gabonais à l’entreprise Sericom BTP de Guido Santullo, la Suisse a fait interroger par la France plusieurs anciens associés de l’homme d’affaires italien, décédé. Les concernés par l’interrogatoire ont transmis un certain nombre de documents à la justice française qui mettraient à mal le Gabon.

Les e-mails examinés par le pôle financier du tribunal judiciaire de Paris mettent le Gabon dans une position délicate. © Gabonreview (montage)

 

L’affaire Santullo continue de faire des vagues, la Suisse n’ayant jamais arrêté, depuis 2018, son enquête sur les pratiques de l’entreprise de BTP Sericom de Guido Santullo. À la demande de la procureure suisse de Lausanne, la France a interrogé plusieurs anciens associés de l’homme d’affaires italien, décédé en 2018. Les associés interrogés, parmi lesquels les Français Jean-Pierre Louvet (ancien directeur administratif et financier de Sericom) et un certain Pierre-Alain Loizeau, ont transmis un certain nombre de documents à la justice française, notamment des correspondances (Africa Intelligence parle d’e-mails) provenant de responsables gabonais qui sollicitaient des gratifications de la part de Sericom.

Pots de vin

Dans l’affaire opposant, depuis quelques années, le Groupement Santullo, à l’État gabonais, des audits avaient en effet révélé que tous les marchés, d’une valeur de 400 milliards de frans CFA, avaient été conclus sans appels d’offre, amenant ainsi à des soupçons de surfacturation et de pots de vin.

Les «gratifications» dont il est question font penser à une déclaration de l’homme d’affaires franco-italien, mort en août 2018. Celui-ci affirmait notamment avoir remis 50 millions de francs CFA et une quantité importante de marbre à l’ancien ministre de la Santé, Léon Nzouba. «Je lui ai avais donné 50 millions de francs et du marbre. Il n’était plus ministre des travaux publics mais plutôt de la santé», avait-il dévoilé au journal Echos du Nord.

Il reste que Léon Nzouba n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. D’ailleurs, les correspondances examinées par les enquêteurs français en présence de la procureure suisse Graziella de Falco Haldemann, chargée du dossier à Lausanne, émanent d’un «large panel de responsables gabonais».

Selon Africa Intelligence qui suit l’affaire et a révélé ce rebond aux e-mails, les documents examinés par le pôle financier du tribunal judiciaire de Paris mettent le Gabon dans une position délicate. Le pays risque de voir certains de ses responsables éclaboussés par les fameux e-mails transmis à la justice française.

De leur côté, les ayants droit de Guido Santullo jouent leur va-tout. Près de 65 millions de francs suisses (plus de 66 millions d’euros) du patrimoine familial sont gelés dans cinq banques suisses à la demande de la justice fédérale.

 
GR
 

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