Suite à la diffusion d’images d’élèves exhibant leurs seins et trémoussant du postérieur, le ministre de l’Education nationale ne peut faire comme si l’Etat et les parents n’ont aucun rôle dans l’éducation des enfants. Il ne peut non plus écouter des personnes appelant à briser le destin de jeunes compatriotes, en les écartant du circuit scolaire.

Signes de manquements collectifs : des élèves dansant le Twerk, exhibant leurs seins et bougeant leurs fesses. Au vu et au su des parents d’élèves, l’école gabonaise a renoncé à former l’être social et le citoyen. © Gabonreiew/Capture d’écran

 

Des élèves dansant le Twerk, exhibant leurs seins et bougeant leurs fesses ? Suite à la diffusion de ces images l’opinion a été gagnée par l’émoi. Dénonçant des «scènes obscènes», le ministre de l’Education nationale a appelé à des «mesures disciplinaires». Condamnant «ces dérives», la Coordination des associations des parents d’élèves du Gabon (Capeg) a exigé des «sanctions sévères», suggérant une «exclusion définitive (pour une durée de) trois ans.» Pointant «un phénomène bien connu de tous», le délégué général de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) a plaidé pour «l’enseignement des valeurs culturelles gabonaises.» Toutes ces réactions s’expliquent et se comprennent. Au-delà de la différence de style, les acteurs du secteur éducatif avaient besoin d’affirmer leur autorité. Pour certains, il était question de sauver la face.

Surdité des pouvoirs publics

Des adolescents voués aux gémonies et menacés d’être interdits de scolarité pour trois ans ? On croirait entendre Boko Haram ou, au mieux, des adeptes d’un ordre moral suranné. Pourtant, ces fatwas ont bien été lancées au Gabon, par des adultes à l’encontre de… leurs enfants. Quel sens donner à cette surenchère ? Comment interpréter ce recours à «nos us et coutumes» ? Pour répondre à ces questions, il faut interroger la responsabilité des parties. Il faut se demander si, par l’accumulation de petits renoncements, les vierges effarouchées d’aujourd’hui n’ont pas créé les conditions d’un dérèglement des codes. Il faut chercher à comprendre si, par l’addition de grandes lâchetés, elles n’ont pas accompagné la descente aux enfers de l’école.

Laïque et républicaine, l’école doit remplir trois missions : construire l’être social, façonner le citoyen et former le travailleur. Dépendantes les unes des autres, ces tâches ne peuvent être accomplies séparément. Contrairement à la doxa dominante, elles sont d’égale importance. Or, depuis de nombreuses années, le gouvernement se refuse à l’entendre. Affirmant rechercher l’employabilité des jeunes, il a progressivement détourné l’école de sa vocation civique et citoyenne. Face à ce biais cognitif, la Capeg n’a pas eu le courage de faire valoir une opinion dissidente. Peu structurée, elle n’a jamais essayé de rapprocher la vie scolaire de la vie familiale ou sociale. Excédés par la surdité des pouvoirs publics, enseignants et personnels d’encadrement se sont résolus à assurer le minimum syndical.

Faillite morale imputable aux adultes

Malgré les discours officiels, l’école gabonaise est en crise. Peut-être même en état de mort cérébrale. Victime de l’inaction des pouvoirs publics, elle s’est progressivement déstructurée. Au vu et au su des parents d’élèves, elle a renoncé à former l’être social et le citoyen. Quand elles n’ont pas complètement disparu, de nombreuses matières ont perdu en volume horaire. Pêle-mêle, on peut citer la morale, l’instruction civique, l’éducation manuelle et technique, l’éducation physique et sportive… Exécutés au petit bonheur la chance, les emplois du temps ont rarement été respectés. A cela s’ajoutent l’absence de préaux, de salles permanence, le déficit en surveillants ou l’atonie de la vie associative, culturelle et sportive. Pour toutes ces raisons, les élèves ont trop souvent été condamnés à l’errance ou à trouver d’autres moyens pour meubler leur temps. Comment s’étonner ensuite d’assister à des dérapages ?

Amplifiés par les réseaux sociaux, les provocations de nos garnements doivent être mises en perspective. Objet d’une lecture moralisatrice, elles doivent plutôt être regardées comme les signes de manquements collectifs. Autrement dit, le ministre de l’Education nationale ne peut faire comme si cette question relevait de la seule discipline. Il ne peut se comporter comme si l’Etat et les parents n’avaient aucun rôle dans l’éducation des enfants. Au-delà, il ne peut écouter des personnes appelant à briser le destin de jeunes compatriotes, en les écartant du circuit scolaire. A l’inverse, il doit se souvenir d’un principe : au Gabon, l’école est obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Surtout, il doit envisager ces événements comme le symptôme d’une faillite morale, imputable aux adultes. Pour ainsi dire, il doit renvoyer chacun à sa part de responsabilité.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Laissez nos petits enfants en paix. Ils ne sont pour rien dans les bêtises des adultes. Changeons ce régime pourri des Bongo-Valentin, et je vous jure que tout rentrera dans l’ordre.

    Nos petits enfants peuvent même continuer à danser. Laissez les aussi apprendre, et dans de bonnes conditions. Ce que ces enfants ont fait peut aussi être interprété comme un signal qu’ils nous envoie en tant qu’adultes. Les petits enfants nous disent ainsi qu’ils n’ont pas toutes les conditions réunies pour bien apprendre. Et là, qui est responsable de cette situation ? Réponse: le régime pourri-usurpateur de la famille Bongo-Valentin (soutenue par le Quai d’Orsay). Le défunt Ali Bongo, il n’y a pas si longtemps, faisait un spectacle où l’on voyait des femmes quasiment nues. Qui s’est levé pour condamner ça ? Personne! Alors, laissez nos petits enfants tranquilles SVP. Ils ne sont pas vicieux. C’est vous les adultes qui êtes vicieux. Laissez nos petits enfants apprendre dans de bonnes conditions. C’est tout ce qu’ils demandent. A Ntare Nzame !!

  2. Serge dit :

    Très bonne analyse!je suis totalement d’accord avec vous. Ce qui s’est passé doit être vu comme un signe demontrant l’abandon des devoirs des adultes sur la jeunesse. C’est la preuve que l’éducation dans notre pays est négligée de par nos gouvernants, mais aussi par les parents. Nous sommes aussi responsable de la légèreté de nos representants au sommet de l’Etat…

  3. helis dit :

    la déchéance morale des adultes dépeints sur les enfants.
    arrêtons hypocrisie.

    quand les adultes votent des lois pour dépénaliser l’homosexualité, et donc l’autoriser, cela se traduit par un effondrement général de la morale collective.
    les enfants ne sont que des victimes collatérales de cet effondrement.l’un (l’attitude des enfants) découle de l’autre: l’absence de morale chez les adultes qui emprisonnent des innocents, tuent à chaque élections présidentiels , proclament des faux résultats au vue et su de tout le monde, détourne l’argent public, font la promotion des organisations peu recommandables tel que l’armée du mapane, et cerise sur le gâteau, vote des lois immorales qui sont à l’opposé de nos us et coutumes( la dépénalisation de l’homosexualité). comme dit l’adage , qui sème le vent récolte la tempête.

    arrêtons de faire semblant corrigenons nous pour être en mesure de corriger nos enfants

  4. Ngo Moungalet dit :

    C’est vraiment en larmant de voir de voir nos jeunes apprenants agir de la sorte.. D’où est là morale quand elles s’exhibent de la sorte, tout ça remet en cause non seulement l’éducation des parents mais aussi l’instruction des enseignants … Le gouvernement doit punir avec la dernière énergie les auteurs de ces vidéos..

  5. Pour tous ceux qui s’intéressent au Twerk, rendez vous sur https://planete-twerk.com

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