Le rapport de Mays Mouissi et Harold Leckat, «Bilan du second septennat d’Ali Bongo Ondimba» rappelle l’engagement, en 2016, du président de la République à renforcer les services de proximité de la police dans les quartiers populaires afin de prévenir les actes de délinquance. Si de menus progrès ont été réalisés, il reste que la confiance des Gabonais envers la police et la gendarmerie est limitée en raison d’accusations de corruption et de l’insécurité persistante.

Scène de corruption discrète dans une rue de Libreville. © lalibreville

 

Rappelé dans le «Bilan du second septennat d’Ali Bongo Ondimba» de Mays Mouissi et Harold Leckat, le président de la République, alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle de 2016, avait pris l’engagement de renforcer les services de proximité de la police dans les quartiers populaires. L’objectif de cette promesse lisible à la «page 30 du programme du candidat Ali Bongo Ondimba à l’élection présidentielle de 2016», était de prévenir et de dissuader les actes de délinquance et d’incivilité dans les agglomérations concernées, tout en assurant une gestion rapide des incidents.

La police et la gendarmerie sont considérées par les citoyens comme la deuxième institution publique la plus corrompue  (68% en 2019 et 2021), juste derrière le Président de la République et les officiels de la Présidence de la République (70% en 2021 contre 63% en 2019). © Rapport-Bilan Mays Mouissi et Harold Leckat

Le rapport de Mays Mouissi et Harold Leckat, pour le paraphraser, reconnait que des progrès ont été accomplis durant le deuxième mandat d’Ali Bongo Ondimba, bien que la majorité des forces de police ne soient toujours pas affectées dans lesdites unités de proximité. De même, des postes de contrôle ont été installés dans des quartiers populaires de Libreville et ses environs, permettant le déploiement de policiers et gendarmes sur le terrain.

Au titre des bons points, le rapport note également que la communication de la police nationale a été améliorée, notamment à travers l’utilisation des réseaux sociaux ayant parfois permis d’identifier et appréhender des délinquants.

Il reste que les interventions de la police sur le terrain sont souvent entachées par des accusations de corruption. Ali Bongo Ondimba lui-même l’a reconnu lors d’un discours à la nation en août 2022. Ce qui entame sérieusement la confiance des Gabonais en leur police.

7% de Gabonais ont une «grande confiance» en la Gendarmerie et la Police

Le rapport rappelle, en effet, qu’une étude publiée en juillet 2021 par Afrobarometer révèle que la confiance des Gabonais envers la police et la gendarmerie est limitée. Selon cette étude, 45% des Gabonais n’ont aucune confiance en ces forces de l’ordre, 30% ont peu confiance, 18% ont une confiance modérée et seulement 7% ont une grande confiance.

L’étude souligne également que les interventions des forces de l’ordre sont souvent critiquées pour leur caractère coercitif. Lors de manifestations, par exemple, l’action des forces de l’ordre est parfois perçue comme répressive et politique, favorisant les dirigeants au détriment des citoyens. Dans ces cas, la police est souvent qualifiée d’autoritaire et assimilée au pouvoir en place.

La méfiance envers les forces de l’ordre est exacerbée par l’insécurité et les tracasseries subies par les citoyens. Ces derniers ont généralement l’impression que les agents ne font rien pour contrer ces phénomènes. Au contraire, ils sont parfois perçus comme des racketteurs ou des harceleurs abusant de leur parcelle d’autorité.

Selon la dernière enquête d’Afrobarometer au Gabon, le pays manque cruellement de postes de police ou de gendarmerie. Les Gabonais affirment par ailleurs que la plupart des agents des corps sont impliqués dans des affaires de corruption. Ce que confirme une autre étude d’Afrobarometer portant sur le niveau de corruption perçu au Gabon. On y apprend que la police et la gendarmerie sont considérées comme la deuxième institution publique la plus corrompue par les citoyens (68% en 2019 et 2021), juste derrière le Président de la République et les officiels de la Présidence de la République (70% en 2021 contre 63% en 2019). Ces chiffres montrent l’ampleur du défi à relever pour restaurer la confiance entre les citoyens et les forces de l’ordre.

 
GR
 

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