En réaffirmant les vertus du dialogue sans faire le tour de la question, les soixante partis politiques, membres du Conseil national de la démocratie (CND), ont donné l’impression de ne pas avoir tiré les leçons du passé.

Appel à la Paix des Braves : l’initiative paraît politiquement décalée ; intellectuellement, mal ficelée. © Gabonreview/Shutterstock

 

Avant de prendre une initiative, il faut tirer les leçons du passé. Avant de porter une idée, il faut l’évaluer pour ne pas nourrir des soupçons de manipulation. Pour ne pas prêter le flanc aux accusations d’arrangement, il faut la mettre en perspective. Au lendemain de la présidentielle d’août 2016, Ali Bongo en avait fait l’amère expérience : ayant appelé à un dialogue sans avoir préalablement consenti à un geste d’apaisement, il s’était heurté au refus de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), emmenée par Jean Ping. Malgré l’adhésion de René Ndemezo’ Obiang, Séraphin Nadot Rembogo ou Pierre-Claver Maganga Moussavou, cette rencontre est demeurée une simple péripétie : elle n’a nullement servi à décrisper le climat socio-politique voire à hâter cette réconciliation nationale tant évoquée.

Le président de la République, arbitre ou acteur ?

Lancé par une soixantaine de partis politiques, «l’Appel à la Paix des Braves» connaîtra-t-il une meilleure fortune ? On peut en douter. Pour les signataires, ce serait un véritable camouflet, la preuve de leur incapacité à convaincre la classe politique. Au-delà, ce serait le signe d’une absence de prospective voire d’un divorce d’avec l’opinion publique. Déjà, de nombreux observateurs n’ont de cesse de rappeler les rendez-vous manqués : Accords de Paris, Accords d’Arambo et Dialogue d’Angondjé, notamment. En leur entendement, l’idée chère à Guy-Christian Mavioga et Clay-Martial Obame Akué a des airs de déjà-vu. Elle procéderait d’un désir d’aller à la soupe afin de se procurer quelques avantages. «J’ai connu ce scénario à quatre reprises et je n’y participe plus», a, du reste, tranché Pierre-Claver Maganga Moussavou.

Disant s’inquiéter de la rupture de la confiance, Guy-Christian Mavioga parle de la nécessité «d’éviter toutes formes de cataclysmes et calamités dans notre pays.» Pour lui, la classe politique doit «avoir le courage d’agir ensemble pour corriger les fractures (…).» En clair, le secrétaire exécutif du Bloc démocratique chrétien (BDC) doute de la capacité des institutions à favoriser les investissements, défendre la chose publique et offrir une perspective. En conséquence, il réaffirme les vertus du dialogue et de l’ouverture. A-t-il fait le tour de la question ? A-t-il cherché à cerner les raisons de l’échec des précédentes grand-messes ? Envisage-t-il la «Paix des Braves» comme la résultante d’une consultation ou d’une concertation ? Comment entend-il la formaliser ? Quelle place veut-il accorder au président de la République, arbitre ou acteur ? Sur tous ces aspects, pas grand-chose n’a été dit.

«Tous pourris», terreau de la crise de confiance

La dernière présidentielle ayant un effet de rémanence, les blessures occasionnées n’ayant pas été traitées, les frustrations engendrées n’ayant pas été évaluées, les signataires de «l’Appel à la Paix des Braves» n’ont pas tort d’exprimer leurs inquiétudes. Eu égard au climat socio-politique, ils ont de bonnes raisons d’exprimer leurs craintes. Au vu des incertitudes nées des ennuis de santé d’Ali Bongo, on ne peut leur reprocher d’en appeler au sursaut afin de «raffermir notre vivre-ensemble et panser nos plaies.» N’empêche, leur initiative paraît politiquement décalée. Intellectuellement, elle semble mal ficelée. En reprenant la terminologie utilisée par Pierre-Louis Agondjo Okawé au lendemain de la présidentielle de décembre 1993, ils ont ravivé le souvenir des Accords de Paris, aujourd’hui perçus comme un naufrage collectif, le prélude à la liquidation des acquis de la Conférence nationale de 1990. En se gardant de pointer les incessants bricolages juridiques, ils ont laissé le sentiment de ne point se soucier des flottements institutionnels observés depuis un peu plus de deux ans. En évitant de se prononcer sur la situation du président de la République, ils ont donné l’impression d’être disposés aux arrangements les plus douteux, y compris avec des personnalités n’ayant ni qualité ni compétence encore moins légitimité pour exercer le pouvoir d’Etat.

D’ailleurs, ces dernières heures, un événement est venu en rajouter à la suspicion : l’exclusion du porte-parole des signataires du Rassemblement des patriotes républicains (RPR). S’il promet s’exprimer dans les tout prochains jours, Clay-Martial Obame Akué est accusé d’»indiscipline, et de trahison notoire à l’égard du président (du RPR) de tous les adhérents et sympathisants (de ce) parti.» Il aurait agi sans «mandat du président (du RPR) ni du bureau exécutif.» Or, cette manière de faire légitime la logique du «Tous pourris», terreau de la crise de confiance et de l’individualisme. La «Paix des Braves» ne saurait être une question politicienne. Elle procède d’abord de l’éthique individuelle.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    D’abord votre Ali Bongo n’est plus. Donc, qui donne quitus de cette paix des braves ? Sylvia Valentin et Nourredine ? Ou l’ensemble du clan: Bongo-Valentin-Sassou-Quai d’Orsay-roitelet du Maroc ? Ce sont eux qui vous poussent à cette pseudo paix des braves, juste pour se maintenir au pouvoir.

    Quand allez-vous comprendre enfin que le Quai d’Orsay se moque totalement de nous et que leur seul objectif est de maintenir encore les mêmes à la tête du Gabon ? A Ntare Nzame!! Pourquoi refusez vous de me croire quand j’insiste sur le décès d’Ali Bongo depuis octobre 2018 ? Ali Bongo est MORT, A Ntare Nzame !! La paix des braves c’est juste une manière de maintenir ces gens au pouvoir. Et la France se cache toujours derrière ce théâtre de paix des braves.

    Avez-vous entendu Emmanuel Macron ou Jean Yves Le Drian se plaindre des élections au Congo Brazzaville ? Ils ont celui qu’ils veulent: leur fidèle valet Denis Sassou Nguessou.

    Ils vont maintenant chercher à nous imposer encore un jeune Bongo: Junior ou Nourredine. Et ne pensez pas que les deux petits sont en bisbille. C’est archi faux. Tous les Bongo s’entendent PARFAITEMENT. Ils attendent tranquillement (avec leurs supérieurs que sont le Quai d’Orsay et le roitelet du Maroc) que les gabonais tombent dans ce piège qu’est cette paix des braves. N’y allez pas.

    Tout comme n’y allez pas à l’élection présidentielle de 2023. Ne vous attendez à rien de bon avec le Quai d’Orsay qui manipule TOUT.

    Je reviens encore sur ma proposition de confier le pays à Mrs Jean Ping et Paul Mba Abessole (présidents élus qui ont vus leurs victoires usurpée par le clan Bongo soutenu par le Quai d’Orsay et le roitelet du Maroc). Nous confions notre pays à ces deux gabonais pendant au moins deux ans, le temps pour nous de nous asseoir pour réfléchir ENSEMBLE sur le devenir de notre pays. Car il ne faudra plus se retrouver juste pour s’embrasser et faire une fausse paix. On se retrouve pour extirper le mal et installer définitivement le bien dans notre pays.

    Je propose même qu’il n’y ait plus d’élection présidentielle tel que ça se passe actuellement. Se système est extrêmement dépassé, et le Quai d’Orsay sera toujours à la manoeuvre pour chercher à nous imposer un des leurs.

    Il n’est plus bon aussi que les pleins pouvoir soient entre les mains d’une seule personne. C’est désormais à une équipe gouvernementale de 9 personnes MAXI qu’il faudra confier la gestion du pays.

  2. Serge Makaya dit :

    La gestion du pays à 9 personnes travaillant en équipe gouvernementale. 9 pour bien représenter les 9 provinces du Gabon. Il nous faudra aussi dissoudre le Sénat qui est vraiment inutile et un gouffre à sous. Nous maintiendrons l-Assemblée Nationale, mais là aussi, il faudra revoir son système de fonctionnement.

    Un président de la république ne sera utile que pour jouer à la marionnette: il ou elle exécutera seulement les décisions de l’équipe gouvernementale. Et c’est cette marionnette qui représentera l’équipe gouvernementale à l’étranger lors de grandes réunions et autres invitations.

    NE CONFIONS PLUS JAMAIS NOTRE PAYS À UN SEUL INDIVIDU. AINSI, NIUS NOUS SERONS DÉBARRASSÉ EN PARTIE SEULEMENT DE LA NÉBULEUSE FRANCAFRIQUE.

    Bonne journée.

  3. Serge Makaya dit :

    Ceux qui continuent à affirmer que BOA est en vie, même légume, sont toujours dans l’erreur ou vous trompe tout simplement. Ali Bongo est bien MORT. Le reste c’est de l’enfumage pour gagner du temps. Et du temps, ils en gagnent ces Bongo -Valentin-Sassou-Quai d’Orsay et roitelet du Maroc. 2023 approche mes frères et soeurs gabonais. Ne nous laissons plus avoir par toute cette bande s’il vous plait. A Ntare Nzame !!

    Dire que Ali Bongo est vivant, c’est être complètement dans l’erreur ou c’est jouer le jeu du système francafrique. Jones Moulenda veut toujours nous faire croire qu’il est vivant. Ce sont des histoires frères et soeurs gabonais. ALI BONGO EST BIEN MORT À RIYAD EN 2018. Posez vous plutôt la question de savoir qui entretient Mr Jonas Moulenda dans ce luxe. Il n’est pas à exclure qu’il soit employé aussi par le Quai d’Orsay pour nous divertir, nous détourner de la réalité.

    Vive le Gabon LIBRE.

  4. Julien dit :

    Une RÉVOLUTION PACIFIQUE est bien réalisable dans notre pays. Seulement, pour y arriver, nous devons tous nous lever, y compris les militaires. Ils suffit que nous soyons tous d’accord pour mettre FIN au régime dictatorial des Bongo.

    Si nous décidons TOUS d’un commun accord pour qu’il ait changement RADICAL dans notre pays, pas une seule goutte de sang ne sera versée. Le peuple en sortira VAINQUEUR tout simplement.

    Mais il faut effectivement se mettre TOUS ENSEMBLE. Et c’est là où il y a difficulté pour beaucoup. Mais ça reste réalisable.

  5. Serge Makaya dit :

    Gabonreview, ne vous donnez même pas la peine d’écrire un article sur la soi disante interview « d’un supposé Ali Bongo » à la revue Jeune Afrique. La question qu’on devrait plutôt se poser est celle de savoir COMBIEN ont-ils reçu pour « cette mascarade d’interview ». A Ntare Nzame !!

    Ali Bongo n’est pas capable de recevoir la presse nationale. Mais c’est la presse internationale qu’il reçoit. Peut-être que RFI nous fera bientôt le même théâtre. Pitié !! A Ntare Nzame !!

    ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE VOUS QUI DÉPENSEZ L’ARGENT DU CONTRIBUABLE POUR VOS BÊTISES.

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