Le chef de mission de la taskforce pour le règlement de la dette extérieure a été informé, le 10 octobre, de la mise à terme de la mission qu’il supervisait. Au regard de la teneur du courrier le lui signifiant, l’opinion se demande si le très controversé expert judiciaire français n’est pas soupçonné de corruption. Les acteurs du monde économique au Gabon doutaient déjà, en effet, «de sa capacité à être droit au sein de la taskforce»…

La taskforce pilotée par Pierre Duro a été dissoute. La «décision fait suite aux nombreux dérapages et récriminations de la part de plusieurs administration», selon L’Union. © Gabonreview 

 

«Par ailleurs, je voudrais rappeler que le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA conduit une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption et nous demande d’être plus que jamais attentifs à toutes formes de pratiques ternissant l’image de notre administration», écrit le secrétaire général de la présidence de la République à Pierre Duro, conseiller judiciaire pour la taskforce sur la dette extérieure et, en vrai, grand Manitou de ladite équipe. Drôle de manière en tout cas de terminer un courrier. Ceci ne laisse nullement penser qu’il est demandé au patron de la taskforce de livrer l’entièreté des dossiers traités, mais plutôt que quelques pratiques pas très orthodoxes lui sont reprochées.

Missions et petit succès sur la dette extérieure

Jean Yves Teale a donc indiqué à Pierre Duro, par courrier daté du 10 octobre dont GabonReview a obtenu copie,  que «la présidence de la République (lui) manifeste sa volonté de mettre fin, à compter de ce jour, à la mission de la taskforce pour le règlement de la dette extérieure». Au Gabon depuis une cinquantaine d’années, le supposé expert judiciaire français avait pour mission, avec son équipe, d’établir un système d’analyse et de gestion de la dette extérieure. À ce titre, ainsi que l’indique le quotidien d’information L’Union ayant également traité l’information, la taskforce devait, entre autres, passer en revue le fichier de la dette extérieure, s’assurer de son exhaustivité, confirmer l’exécution des prestations et la livraison des marchandises.

L’équipe devait aussi vérifier la régularité des sociétés au regard du paiement des taxes, droits et contributions dues aux différentes administrations, arbitrer les décisions en vue du paiement ou de l’annulation de la dette et définir les termes ainsi qu’assurer le suivi du règlement de cette même dette. Mise en place le 18 octobre 2021 par arrêté n°0029/PR, elle avait découvert qu’une partie de l’argent réclamée au Gabon dans le cadre de sa dette extérieure n’était justifiée que par des surfacturations.

Dérapages

Cependant rapporte le journal L’Union, la décision de la Présidence de la République de mettre fin à cette taskforce «fait suite aux nombreux dérapages et récriminations de la part de plusieurs administrations à l’endroit de l’équipe dirigée par l’expert Pierre Duro».

Le quotidien gabonais évoque de «fortes odeurs de corruption rapportées au plus haut sommet de l’État» à l’instar de certains projets mis en œuvre par le ministère des Travaux publics avant sa dissolution et pour lesquels les moyens roulants mis à disposition se seraient retrouvés entre les mains des éléments de cette cellule. Ce qui justifie sans doute, le rappel de Jean Yves Teale : «aussi, vous saurais-je gré de bien vouloir faire parvenir le rapport à date, de la taskforce, aux fins de présentation au chef de l’État». L’expert judiciaire français et son équipe sont-ils donc soupçonnés de corruption ? Les acteurs du monde économique gabonais doutaient déjà «de sa capacité à être droit au sein de la taskforce». GabonReview n’en disait pas autre chose en novembre 2020. (Lire «De quoi Pierre Duro est-il le nom ?»)

Pierre Duro et son équipe n’auraient par ailleurs, pas atteint tous les objectifs escomptés puisque les dossiers de la taskforce, dissoute, devraient désormais être gérés par l’Autorité nationale de vérification et d’audit (Anavea). «Outre les dossiers déjà finalisés, ce rapport final devra également indiquer la situation des dossiers en cours», a prescrit Jean Yves Teale

 
GR
 

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