Arrêts et départs intempestifs, stationnements gênants, slaloms périlleux, manœuvres aussi hasardeuses que périlleuses… les chauffeurs de taxis de Libreville se contrefichent du code de la route. Ils pratiquent plutôt le code de la jungle. Que fait donc la Direction générale de la sécurité routière qui envisageait, en août dernier, la réactivation de sa commission de retrait de permis de conduire ? Que fait la police, désormais consacrée à la régulation de la circulation routière et à la verbalisation des «Tarzan» du trafic urbain ? 30.000 au Gabon. C’est le nombre de taxis qui circuleraient actuellement dans le pays.

© Gabonreview

 

«Taximan : forme d’humanoïde attardé détestant qu’il n’y ait qu’une file et kiffant le fonçage sur les pauvres piétons.» Telle est la définition, un tantinet pamphlétaire et jargonnant, que donne des conducteurs de taxis Librevillois, Robert Diggs, un internaute gabonais exaspéré. Loin de la simple caricature cette définition ironique ne traduit pas moins le comportement fâcheux des taximen : au mépris de la vie des autres automobilistes et des piétons, ils font la pluie et le beau temps dans les artères de Libreville. Entre mauvais comportements, impolitesse notoire pour les uns et infractions à répétition au code de la route pour les autres, les taximen de la capitale n’en font qu’à leur tête.

Une police impassible face à ceux qui causent plus de 70% des accidents à Libreville

© lelibrevillois

En 2020, 3478 accidents de la route ont été enregistrés, 77 personnes en ont perdu la vie et 1196 blessés ont été enregistrés. Selon un fonctionnaire de la Direction générale de la sécurité routière, plus de 70% des accidents enregistrés à Libreville mettent en scène des taximen. En août dernier, face à la recrudescence des accidents de la route, le directeur de cette administration a menacé de réactiver sa commission de retrait de permis de conduire. Simple effet d’annonce, la déclaration d’Alex Minto’o n’a pas été suivie d’acte. Le public attend.

De même, début septembre 2022, en interdisant aux policiers les contrôles routiers, le commandant en chef des Forces de police nationale (FPN) annonçait que «les services de police en charge de la voie publique, se limiteront désormais à la régulation de la circulation routière et, le cas échéant, à la verbalisation des usagers en cas d’infraction dûment constatée». La présence actuelle des policiers sur la voie publique n’étant plus sous-tendue par le «racket», ils peuvent donc observer à loisir les infractions au code de la route. On devrait ainsi assister à des verbalisations en série, une grande partie des taximen de Libreville se comportant en hors-la-loi. Que nenni ! Face à une police impassible, les taximen s’adonnent à cœur joie à la pratique du code de la jungle avec d’énormes entorses au code la route.

Énorme catalogue de dangers

Files supplémentaires toujours formées par les taxis sur une route à grande fréquentation à Libreville. © Gabonreview

Ainsi, alors qu’en règle de conduite, tous les dépassements doivent s’effectuer par la gauche, ils doublent régulièrement à droite à la grande surprise de ceux qui respectent le Code. Ils s’adonnent à l’excès de vitesse dans des rues étroites ou des zones où il faut ralentir. Adeptes des mauvais stationnements, ils s’engagent intempestivement sur la voie au détriment des automobiles arrivant derrière eux, slaloment sur la voie, s’arrêtent inopinément pour déposer un passager ou négocier un client en attente sur le trottoir. Ils peuvent doubler tout à trac pour s’arrêter pourtant aussitôt. Dans les embouteillages, ils se permettent, au prétexte d’un gain de temps, de créer des files supplémentaires, compliquant d’avantage la situation. Le catalogue est énorme des dangers qu’ils causent tout et chaque jour en narguant les autres automobilistes.

Y a-t-il une police au Gabon ? Les policiers affectés sur la voie publique connaissent-ils les atteintes au code de la route, hormis le passage au feu rouge ? On finit par en douter.

Ne sachant plus à quel saint se vouer, les usagers de la route s’interrogent autant qu’ils s’inquiètent. Le danger les guette à tous les millimètres de la chaussée. Aux comportements à risque des chauffeurs de taxis s’ajoutent des facteurs humains les concernant. Notamment, l’âge parfois avancé, mais aussi l’inexpérience, le type de formation ayant conduit à l’acquisition du permis de conduire et même l’état du véhicule. Toutes choses accentuant les drames sur les routes et auxquels il est impérieux d’apporter une solution pérenne.

«Nombreux conduisent avec de faux permis ou même sans permis»

«Nombreux d’entre eux n’ont pas été dans une auto-école. Une bonne quantité conduit avec de faux permis ou même sans permis et les agents en poste pour les contrôles ferment les yeux», fait remarquer un usager de taxis.

Il importe donc d’appeler tous ces dangereux conducteurs au civisme et au respect de la vie d’autrui. De leur côté, les usagers des taxis devraient se remettre, eux-aussi, en cause. «Ils doivent être raisonnables lorsqu’ils demandent un arrêt. Ils ne doivent pas seulement se préoccuper de là où ils vont descendre ou stopper le taxi, sans se soucier des précautions à prendre pour que le véhicule puisse stationner», laisse entendre un transporteur urbain faisant remarquer que «les clients et l’inconscience des conducteurs engagés dans la course à la recette sont souvent la cause de tout ce désordre».

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Shox dit :

    Il faudrait plus d’articles sur ce sujet dont nos autorités ne semblent pas mesurer la gravité.
    Le pire c’est que,même les policiers affectés à la sécurité routière ,n’ont pas,pour la plus part, connaissance du code de la route…
    Il faudrait de l’ordre,pour la sécurité de tous!

  2. Garvey dit :

    Très intéressant comme article.

    En effet ,l’Etat devrait règlementer le métier de taximan en république gabonaise. Car ces terroristes kamikazes de la route sont à l’origine de beaucoup d’accidents graves au Gabon. Dieu seul sait le nombre d’usagers qui ont péri dans ces accidents.

    1)Je préconise que le gouvernement durcisse la règlementation d’exercer le métier de taximan ou clandoman au Gabon. Cela passe par un examen du Code de la route renouvelable tous les 2 ans. Pour éviter les cas de fraude, tout doit être informatisé. Chaque candidat dispose d’une tablette munie d’une application qui lui permet de répondre directement aux questions. Le candidat devra répondre à 40 questions (en cochant les bonnes réponses). Il doit réaliser au moins 35 réponses justes pour obtenir l’autorisation d’exercer le métier de taximen au Gabon.
    Les 40 questions devront être réparties selon les thématiques suivantes :

    10 questions sur le conducteur
    5 questions sur les autres usagers
    4 questions sur la circulation routière
    4 questions sur la route
    3 questions sur les notions diverses
    3 questions sur prendre et quitter son véhicule
    4 questions sur la mécanique de la voiture et les équipements
    3 questions sur la sécurité du passager et du véhicule
    3 questions sur l’environnement
    1 question sur les premiers secours

    2) La formation des forces de l’ordre au Code de la route.
    Sur 10 flics pris au hasard, même pas 2 qui connaissent le Code de la route tellement le racket à pris la place de la sécurité des usagers de la route. Donc il faudra aussi les former et les soumettre au même système d’évaluation.

    3) installer les radars un peu partout dans les villes. Mettre en place un système d’information reliant le fichier des infractions routières avec celui des assurances. Le terroriste de la route qui a été flashé et qui ne s’est pas acquitté de sa contravention, au moment de renouveler son assurance, se voit imposer l’acquittement de celle-ci.

    Si le gouvernement met ce disposif en place , il va non seulement sauver des vies humaines mais également augmenter ses recettes grâce à l’argent des djiadistes de la route.

    Bref! Tout ceci pour dire qu’il y a des gabonais capables dans l’ombre. Tout ceci est possible. C’est une question de volonté politique.

    Autre chose: il serait souhaitable que le gouvernement supprime l’arrêté qui interdit l’importation des véhicules de plus 5 ans. ça n’a vraiment de sens, vu l’état de nos routes et la misère dans laquelle est plongée la population gabonaise. ça limite l’entreprenariat. Le contrôle technique en Europe est plus coriace que celui du Gabon. Je ne vois pas comment un véhicule de plus de 10 ans qui a réussi son test de contrôle technique en Europe ou USA va échouer au Gabon. A la limite, on aurait pu exiger un contrôle technique du pays d’origine datant de 3 mois au plus.

  3. Rhody Junior dit :

    Si je suis globalement d’accord avec le constat de l’article, j’aurais aimé qu’il soit étendu à l’ensemble des automobilistes, avec c’est vrai un grand pan sur les taxis.

    Pour ne donner qu’un exemple, le carrefour la Fopi, fermé pour sa dangerosité et pour fluidifier la circulation est sans cesse violé entre les barrières de bétons par des « particuliers » Ce qui représente un grand danger, il en est de même au niveau de Bel peinture. A longueur de journée, les infractions diverses et variées sont légions et peu importe la plaque du véhicule (blanche, bleu, jaune ou même noire…)

    Pour sillonner Libreville chaque jour, nous sommes tous à blâmer, car en tendant le doigt aux taxis, on oublie tous les autres, or la circulation est l’affaire de tous.

    Tous devons respecter le code de la route (même les piétons, qui traverse la route au niveau de plein ciel ou awendje, au lieu d’emprunter la passerelle ou l’échangeur) pas un plus que l’autre. Sur le point de la circulation, nous sommes tous fautifs. Toute notre éducation routière est à refaire.

  4. Serge dit :

    Bonjour,
    Il serait déjà pas mal d’avoir un code de la route gabonais.
    Par ce qu’aujourd’hui, sauf erreur de ma part il n’existe pas ..
    On a un pied dans le code rousseau (a l’auto-école), un pied dans le code cemac, un pied dans la liste des infraction datant de 5 ou 6 décennie et enfin
    Un dernier pied dans les instincts primaires de tout un chacun.

  5. Yann Boussougou-Bouassa dit :

    Au Gabon les automobilistes la plupart du temps ne savent pas conduire, mais déplacer une voiture. Ce qui n’est pas la même chose. Savoir conduire commande de respecter le code de la route en plus d’être capable de piloter le véhicule.

    Cependant, s’il faut pointer à juste titre l’incivisme des automobilistes dans les accidents que nous observons, il faut aussi rechercher la responsabilité de l’autorité publique. Cela peut être le cas , par exemple, au motif que la signalisation routière est inexistante dans de nombreuses situations. Or, l’existence d’une telle signalisation, qui entre dans le champ de compétences de l’autorité publique (la direction générale de la sécurité routière est en cause), participe de la sécurité publique.

    Les solutions pour sortir de l’ornière sont simples, à mon avis : resserrer le contrôle des permis de conduire (contrôle des conditions d’obtention , de délivrance et chasse aux faux permis) ; développer la police de la circulation en mettant des panneaux et autres marquages nécessaires là où ils n’existent pas ; bien former les agents de police préposés à la sécurité routière sur la matière (et sanctionner toute prévarication) ; réhabiliter les routes, en construire lorsqu’il n’y en a pas ; fermer les caniveaux (ça aussi c’est un gros soucis) ; contrôler les conditions d’obtention des certificats de visite technique.

    Voilà un beau fatras de solutions qui nécessitent l’intervention croisée de plusieurs départements ministériels (transports, travaux publics…) et qu’il leur faut compulser si l’on souhaite protéger les populations sur la voie publique.

  6. Luis dit :

    Jungle. Vivement que les autorités se saisissent de ce problème très rapidement. Car les taximen conduisent très mal et ne respectent rien du code de la route.

  7. Ndong Jean de Dieu dit :

    Que dit l’artR26 du code de la route ?

Poster un commentaire