Les observateurs de la vie politique gabonaise estiment que «l’importante déclaration» annoncée puis déclinée, la voix quelque peu enrouée, par l’ancien Premier ministre, ce 4 mars à Libreville, devant près de 800 personnes, s’est avéré n’être que du «petit bois». Comme cela était prévu, Eyeghe Ndong est de retour dans «le parti du père».

Jean Eyeghe Ndong, le 4 mars 2023, dans l’enceinte de l’école Martine Oulabou, sur l’avenue Jean-Paul II à Libreville. © Gabonreview /Montage

 

Un petit discours. En tout cas, ça n’aura pas été un discours «historique». Un peu décousu, pas assez «haut niveau», la prise de parole de Jean Eyeghe Ndong qui a duré environ vingt-cinq minutes ne fera pas partie des discours que garde en mémoire l’auditoire.

Manquant de prise de hauteur, l’ancien Premier ministre puis soutien de l’opposant Jean Ping s’est même permis de se plaindre des quolibets dont il avait été l’objet sur les réseaux sociaux après sa rencontre d’avec le président Ali Bongo Ondimba, le 9 juin 2021. «Mes détracteurs ont vite fait de me traiter de tous les noms d’oiseaux (…) Pourtant, l’objectif de cet entretien était de parler de l’application de l’ordonnance portant sur les droits des anciens Premiers ministres». Et de rappeler par ailleurs : «Même  après le 11 août 2021, lorsque j’ai annoncé mon départ de la Coalition pour la nouvelle République, j’ai été pris à partie». Des rappels sonnant un peu comme ceux des petits activistes espérant capitaliser la «souffrance» endurée dans la défense du parti au pouvoir pour en revendiquer quelque gratitude ou récompense.

Le fils de Nkembo et les réseaux sociaux

L’opinion aurait pu croire, en fait, que l’ancien élu du 2ème arrondissement de Libreville ferait un speech à la hauteur d’un ancien Premier ministre. On n’en attendait pas un discours digne de celui, oraison funèbre mémorable, prononcé en 2009 à l’occasion des obsèques officielles d’Omar Bongo, reprenant alors l’histoire biblique de Roboam avec des relents prémonitoires et pour le moins offensives envers Ali Bongo (qui aurait alors été, pour la circonstance, remplacé par l’opposition). On espérait tout de même que les déterminismes de son errance politique seraient plus amplement explicités. Ou que quelques bons et mauvais points seraient distribués à l’opposition… avec prémonitions se basant sur ce qu’il en sait pour y avoir séjourné 12 ans, de 2009 à août 2021. Ou encore qu’une situation conjoncturelle alarmante du Gabon justifie la mise à disposition urgente de son expérience au service du camp qui décide et dirige.

Mais, n’usant que trop de démagogie pour se justifier et se contentant de décliner son curriculum vitæ politique, Jean Eyeghe Ndong a paru «bien moyen» dans son allocution, et même folklorique : «Vous pouvez m’interpeller et m’appeler Camarade Eyeghe Ndong».

Le fils de Nkembo aurait pu, en plus de parler de lui, mettre en exergue la situation politique générale qui nécessiterait la rencontre de différentes idéologies et tendances philosophiques face à la crise politique et sociale, aux effets latents, que traverse le Gabon. Il aurait pu évoquer les «grands esprits» qui amènent au rapprochement et à la réconciliation, mais il a préféré rester en-deçà des attentes. Un discours de retour «petit pied».

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    La vieillesse. Il est devenu plus qu’un gamin réclamant son biberon.

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