L’idée d’un test vaccinal contre le Covid-19 défraie la chronique en Afrique. Pour Nicaise Moulombi, leader du Roscevac, qui appelle à des états généraux de la recherche scientifique au Gabon, ce débat a remis au goût du jour l’intérêt pour l’Afrique de repenser sa recherche scientifique.

Nicaise Mouloumbi. © D.R.

Nicaise Mouloumbi. © D.R.

 

En Afrique, le débat sur un test vaccinal contre le Covid-19 se poursuit et pour le président du Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique Centrale, (ROSCEVAC), par ailleurs 2ème vice-président du Conseil économique social et environnemental (CESE) du Gabon,  le vrai débat se situe au niveau de la recherche scientifique sur le continent. «L’Afrique doit avoir son propre vivier de chercheurs», estime Nicaise Mouloumbi qui rappelle subtilement qu’un test vaccinal venu de l’Afrique n’a jamais été effectué sur les enfants européens.

Les hôpitaux de l’Europe n’ouvriront pas les portes aux chefs d’État africains

Se souvenant de la levée de boucliers du gouvernement français contre les premiers essais en France du Pr Raoult Didier sur des malades français, le leader associatif s’interroge : «Y’aurait-il eu la même réaction de ces mêmes experts français si cet essai avait été fait par le même professeur sur des sujets africains ?». «Non», répond-il sans sourciller. Pour Nicaise Mouloumbi, l’Afrique qui dispose d’un potentiel, doit donc investir dans la recherche scientifique et médicale et, parallèlement, les dirigeants du continent doivent accompagner cette recherche. «Cette crise sanitaire devrait attirer l’attention des chefs d’État du continent qui voient tous les aéroports des pays du monde», argue à juste titre, le président du Roscevac.

Ceci, d’autant plus que, commente-t-il, ces chefs d’État qui ont l’habitude d’aller se faire soigner dans les hôpitaux de l’Occident ont pu constater, à leurs dépens, la déliquescence des structures sanitaires dans leurs pays. «Si par quelque malheureux hasard il venait que l’un d’entre eux soit contaminé au covid-19, ce ne sont pas les hôpitaux de l’Europe qui lui ouvriront les portes, c’est indubitable», soutient-il, remettant au goût du jour quelques faits qui devraient inciter à repenser la recherche scientifique en Afrique et partant, le système sanitaire du continent. «L’ancien président de l’OM, Pape Diouf, est décédé car au Sénégal il n’y avait pas un plateau technique apte à lui administrer les soins dont il avait besoin. Et à cause de la fermeture des aéroports de France pour contenir la pandémie, son avion n’a pas été autorisé à décoller pour Nice. Il meurt ainsi à cause de la déliquescence du système de santé en Afrique et de la dépendance dans ce domaine, à l’expertise occidentale», a retracé Nicaise Mouloumbi.

Pour le 2e vice-président du CESE du Gabon, il ne fait aucun doute que les évènements de ces derniers mois doivent faire réfléchir les gouvernants africains qui détiennent les leviers et les moyens pour l’émergence d’une véritable recherche sur le continent. «L’Afrique a du potentiel, pour peu qu’on le laisse éclore et qu’on lui donne les moyens d’être exploré», présume-t-il. S’intéressant particulièrement au Gabon, Nicaise Mouloumbi propose concrètement aux dirigeants de «penser à des états généraux de la recherche scientifique dans le pays».

 
GR
 

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