Depuis toujours considérée comme le chef-lieu de la province de l’Estuaire (personne n’en doutait dans l’opinion), Libreville a cédé, depuis le 14 avril, son «fauteuil» à la nouvelle commune d’Akanda. L’annonce gouvernementale fait dire à certains observateurs de la vie publique gabonaise que «l’Etat n’ayant pas de patrimoine immobilier à Akanda en dehors des écoles et des hôpitaux, c’est le parc privé appartenant à qui on sait qui sera mis en valeur».

Akanda : l’axe Avorbam – carrefour Gigi. © Gabonreview

 

Une décision pas très bien comprise, ni vraiment acceptée, par les originaires de la capitale du Gabon. Mais, peut-être que la sensibilisation des populations a-t-elle manqué. Peut-être aussi que l’évocation par le gouvernement de l’absence de chef-lieu de province dans l’Estuaire depuis 1960 n’est pas assez convaincante. En tout cas, l’inédite décision a mis la toile en ébullition. Sur le Net, on est abreuvé de réactions de dénonciation.

Amertume, indignation, interrogations

Paulette Ayo Mba, femme de loi et fille de Libreville, a exprimé dans une note vocale son amertume après la décision prise par le Conseil des ministres du jeudi 14 avril. Pas contente du tout,celle qui est présentée comme la fille du président Léon Mba estime que Libreville a une histoire particulière dans la province de l’Estuaire qu’il ne faudrait pas lui dénier. Jean Angwè Mba, instituteur à la retraite, pense pour sa part que «tout cela va mal finir, je vous le dis», tandis qu’un Enseignant de philosophie de l’Université de Libreville veut croire que «c’est une erreur stratégique, car quitter Libreville pour faire cap vers le Nord à Akanda est tout sauf à-propos

Rappelant que «depuis nos plus jeunes âges, nous avons appris que Libreville était le chef-lieu de la région de l’Estuaire», Raymond Ndong Sima souligne pour sa part que «c’est un projet de loi. Il faut croire que les parlementaires sauront traverser les clivages partisans pour ramener du bon sens dans ce projet qui donne à penser que depuis l’indépendance, un vide juridique a prévalu en la matière.» Et l’ancien premier ministre d’Ali Bongo de questionner : «Mais au fait, que devient Ntoum où nombre de services administratifs et même des juridictions de cette province ont été installées depuis une dizaine d’années ?

Enfin, la commune d’Akanda qui est déjà, en trafic, plus que saturée est-elle en mesure de recevoir cet afflux administratif ?Tout cela n’est-il pas excessif et à contrecourant des préoccupations pressantes des populations ?»

Ces points de vue ne diffèrent pas d’autres que l’on peut lire sur la toile. Dans l’Estuaire, la décision gouvernementale portée par le ministre en charge de l’Intérieur n’est pas vraiment du goût des habitants, de manière globale.

Marché public pour parc immobilier privé

Pour la plupart de ceux-ci, «la seule volonté qui semble guider le gouvernement, c’est celle de voir le parc immobilier privé obtenir des parts de marché» dans le grand commerce qui va se dérouler dans la commune d’Akanda. En effet, dit l’un d’entre eux, «l’Etat ne disposant pas de patrimoine immobilier propre, en dehors du stade, des écoles, CES et hôpital militaire, tout ce qu’il aura à faire, c’est de promouvoir la location de bâtiments privés à des coûts sans doute prohibitifs». «C’est cela le principal objectif de cette décision», semble croire l’universitaire avant de une question ayant tout son sens : «dans une commune qui ne dispose pas de bâtiments publics, où va-t-on loger le gouvernorat ? Où va-t-on installer les directions ou services provinciaux des différents ministères ? Où va-t-on mettre tous ces services déconcentrés, si ce n’est dans le patrimoine immobilier privé ?»

Question : L’initiative du gouvernement n’a-t-elle été prise de manière hâtive ? Ne devait-on pas bâtir une cité administrative à Akanda avant de faire de cette commune nouvelle le chef-lieu de la province ? Déjà, comme tout le monde le sait, depuis la création de cette commune, l’hôtel de ville et le siège des deux mairies d’arrondissement tiennent dans des édifices privés.

Akanda, comme chef-lieu de l’Estuaire, semble poser plus de questions que de solutions qui ne coûteraient pas cher à la puissance publique. La décision du gouvernement, que ce soit sur le plan politique ou sur le plan juridique, est pour l’opinion, une source de questionnements sans fin… Et même d’un rappel de la part de la société civile :  «depuis l’adoption de la loi organique 15/1996, tous les chefs-lieux de département ont été érigés en commune», se remémore l’ambassadeur leadership et engagement jeunesse du Gabon, Geoffroy Foumboula Libeka, par ailleurs porte-parole du Copil citoyen. Et celui-ci de déduire «qu’il n’existe donc plus de chefs-lieux mais plutôt des capitales provinciales», non sans poser une interrogation de nature historique et se basant sur l’antériorité de Libreville : «La commune d’Akanda a moins de 20 ans d’existence, comment peut-on lui offrir des attributions supérieures à Libreville qui a plus de 60 ans d’existence en tant que commune ?»

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Et malgré l’inculture, l’illettrisme, l’amateurisme et la médiocrité des gens comme Ali Bongo, Matha, Bilié Bi Nzé et autre et les erreurs de casting à répétition, ils ne comprennent pas qu’il y’a des décisions qui devraient passer par de vrais débats et consultations citoyennes. Voilà des questions pertinentes qui fusent de partout de la part de gens plus intelligents qu’eux. Comment on peut déplacer une capitale ou un chef lieux sans penser ou débattre du coût financier pour contribuable, des infrastructures pour l’administration et le service publique, sans présenter un véritable plan, une vision de développement. Tout se fait comme dans un rêve, on décide un bon matin et on exécute pour échouer parce qu’aucune préparation, aucune analyse comme font les dirigeant intelligents.

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