L’agence de notation Fitch Ratings a publié un rapport alarmant le 3 octobre 2025, pointant du doigt le projet de budget gabonais 2026 qu’elle juge peu crédible. Avec un déficit prévu de 15% du PIB et un quasi-doublement des dépenses publiques, le Gabon risque de compromettre ses relations avec le FMI et de voir sa dette publique frôler les 90% du PIB. Une situation qui pourrait fragiliser davantage la note de crédit du pays.

L’agence de notation Fitch Ratings pointe du doigt le projet de budget gabonais 2026 qu’elle juge peu crédible. © GabonReview

 

Le projet de loi de finances 2026 du Gabon, approuvé début septembre, suscite de vives inquiétudes chez les observateurs internationaux. L’agence Fitch Ratings n’a pas mâché ses mots dans son rapport : les autorités gabonaises ont présenté un budget avec «une hausse irréaliste des dépenses d’investissement, qui sera freinée par des contraintes de financement». Concrètement, le gouvernement table sur un quasi-doublement des dépenses (+97%) pour atteindre 44% du PIB, avec une augmentation spectaculaire des investissements de 570%. Ces projections contrastent fortement avec les prévisions de Fitch, qui avait évalué le déficit à seulement 2,4% du PIB en 2025 et 2,1% en 2026.

Pour financer ce déficit colossal de 15% du PIB, le gouvernement compte sur 60% de ressources domestiques et 40% de sources extérieures. Cette stratégie ferait grimper la dette publique de 73% du PIB fin 2024 à près de 90% en 2026, dépassant ainsi le plafond fixé par la banque centrale régionale. Fitch souligne que «la profondeur limitée des marchés financiers régionaux rend difficile ce plan de financement», ce qui pourrait forcer le pays à recourir à des emprunts plus coûteux ou à reporter des investissements pourtant présentés comme essentiels.

Des prévisions de croissance jugées trop optimistes

L’écart entre les ambitions gouvernementales et la réalité économique ne s’arrête pas là. Le Gabon prévoit une croissance de 7,9% en 2026 grâce à la relance par la dépense publique, mais Fitch anticipe un taux bien plus modeste de 2,6%. Cette divergence suggère que les recettes hors pétrole seront probablement inférieures aux projections officielles. Paradoxalement, alors que la production pétrolière devrait baisser d’environ 3%, les recettes pétrolières budgétaires augmenteraient de 36%, notamment grâce à l’acquisition d’Assala Energy par la société publique Gabon Oil Company. Mais cette opération, financée par emprunt, alourdit encore davantage le fardeau de la dette nationale.

Le Gabon se trouve aujourd’hui dans une impasse financière. Très dépendant du marché régional des obligations souveraines, le pays fait face à une liquidité tendue malgré des injections récentes de la banque centrale. Dans ce contexte, obtenir un nouveau programme avec le Fonds monétaire international devient crucial pour stabiliser la politique économique et sécuriser les financements externes. Or, Fitch estime «improbable que le FMI accepte un emprunt important non concessionnel pour financer un déficit aussi élevé que 15% du PIB», même si les arriérés aux prêts multilatéraux ont été apurés.

Une note de crédit sous pression

L’agence avait déjà tiré la sonnette d’alarme en juin 2025, avertissant que «le manque probable d’un accord de soutien avec les institutions multilatérales pourrait mettre la note de crédit du Gabon sous pression à la baisse». Cette dégradation potentielle accentuerait les tensions sur le financement externe et rendrait l’accès aux marchés internationaux encore plus difficile et coûteux pour le pays. Quelques vérifications sur la dette externe sont en cours pour s’assurer que les conditions de décaissement des projets ont été respectées, mais aucune révision significative des chiffres de la dette n’est attendue.

En effet, le budget 2026 du Gabon cristallise toutes les contradictions d’un pays tiraillé entre ambitions de développement et contraintes financières. Jugé très ambitieux et peu crédible par Fitch Ratings, ce projet budgétaire pourrait compromettre le soutien du FMI et aggraver dangereusement la situation de la dette publique. Pour les autorités gabonaises, le défi est immense : concilier les attentes de transformation économique du pays avec les exigences de rigueur des bailleurs internationaux, dans un contexte où chaque décision budgétaire peut avoir des répercussions durables sur la crédibilité financière du pays.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Mone fame dit :

    Le Gabon doit s’extraire de cet embrigadement dans lequel l’a confiné depuis la nuit des temps les ancêtres gaulois d’une niche vouée à la prédation de ses ressources perpétué par les pseudo agences de notation au service de l’hégémonisme de l’hémisphère Nord

    Il y’a un temps pour tout et j’ai particulièrement apprécié la rhétorique d’Oyoma interrogé sur une chaîne locale sur les mises e gardes des partenaires au sous-développement entretenu, à savoir que sur les « 17 projets «  dans le pipe-line formaté par ce club de délinquants e col blanc, aucun n’a donné des résultats probants et la construction du Gabon se fera par l’inventivité des gabonais et non par ces pseudo experts qui font prospérer ses dépendances
    L’uranium du Gabon a permis aux bords de la Seine de produire sa première arme nucléaire et d’ériger en puissance corrélée, le triste souvenir de cette contribution sans contrepartie est douloureux pour le Gabon qui doit chercher les financements des établissements sanitaires et la prise e charge des cancéreux de chez moi à Mounana et ses environs où la mine est fermée depuis 1994
    J’interpellais à juste titre le compatriote qui fait partie du top management d’une institution de financement du développement sous-régional de s’atteler à ériger les indicateurs qui prennent véritablement en compte les spécificités de nos environnements et nos pays, le développement inouï de la Chine et des pays du sud-est asiatique doivent nous inspirer

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