Opposée à l’Etat gabonais depuis plusieurs mois pour non-paiement de factures, Sericom Gabon, filiale du groupe italien Santullo, a menacé de stopper l’ensemble de ses chantiers en cours d’exécution. Surtout, l’entreprise est décidée à porter ce conflit en arbitrage.

Guido Santullo, lors de l’inauguration du pont sur la Banio, le 20 juin 2014. © DCP-Gabon

Guido Santullo, lors de l’inauguration du pont sur la Banio, le 20 juin 2014. © DCP-Gabon

 

130 milliards de francs au bas mot ! Tel est le montant de l’ardoise de l’Etat gabonais vis-à-vis de Sericom, filiale gabonaise du groupe italien Santullo. Une situation qui a visiblement terni les relations entre les deux parties, pourtant réputées cordiales jusque-là. La partie italienne s’offusque de ce que l’Etat gabonais refuse de s’acquitter de sa dette. «Nous avons adressé une lettre au ministre dans laquelle nous signifions clairement un ultimatum : à l’expiration de celui-ci, nous arrêterons le déroulement du chantier de Mayumba-Tchibanga, notamment», a menacé Guido Santullo, visiblement décidé à entrer en possession de son dû. Cette situation est d’autant plus étrange que l’Etat reconnait le montant de la facture, mais peine à s’en acquitter. «Le chef de l’Etat en personne a visité certains de nos chantiers, notamment l’axe Ndendé-Mouila, où nous sommes à plus de 60% de travaux réalisés. Un marché de 82 milliards de francs, alors que nous n’en avons reçu que deux, au lieu de cinquante minimum comme le suggère la loi», déplore l’homme d’affaires.

Dans le même sens, l’homme d’affaires italien souligne que le président de la République a également visité l’école de Fougamou, félicitant au passage l’entreprise. «Mais là encore, nous n’avons encaissé que 7 milliards de francs alors que le marché est estimé à 19 milliards. A Ndendé, le chantier, évalué à 5 milliards, a été livré depuis deux ans et demi sans que la dette y relative ne soit apurée. «Ce qui nous amène à nous demander pourquoi l’Etat a signé de tels marchés alors qu’il était conscient qu’il n’avait pas les moyens de payer», interroge-t-il. «Pourquoi ne sommes-nous pas payé alors que le chantier a été livré depuis belle lurette ?», ajoute-t-il. Des questions auxquelles personne ne daigne répondre. «A qui doit-on s’adresser dans ce cas ? Comment peut-on poursuivre les travaux dans ces conditions ?», demande Guido Santullo, visiblement désabusé.

Cette situation est d’autant plus étonnante que les contrats ont tous été budgétisés et inscrits dans la loi des finances. «Et encore, nous qui avons certainement le coût au kilomètre le plus attractif du marché (700 millions/km contre 1 à 1,2 milliard/km en moyenne), sommes marginalisés par rapport à nos concurrents», juge-t-il, avant d’annoncer la décision de son groupe d’aller en arbitrage, «Par ailleurs, lorsque nous demandons des explications au ministère du Budget, on nous raccroche au nez. Même son de cloche au ministère des Travaux publics et même à la Primature. A qui doit-on s’adresser dans ce cas ? Comment peut-on poursuivre les travaux dans ces conditions ? D’où notre décision d’aller en arbitrage. Car, même après avoir sollicité une audience avec le chef de l’Etat pour expliquer de quoi il en retourne, nous n’avons jamais reçu de réponse jusqu’ici.».

Selon lui, les chantiers seront arrêtés et l’Etat supportera les conséquences liées à l’arbitrage, avec les dommages et intérêts que cela implique. Anticipant les commentaires selon lesquels cette décision s’apparente à du chantage, l’entrepreneur explique : «Si nous n’avons pas encore rendu cette décision effective, c’est tout simplement parce qu’elle nous coûtera au bas mot 25 milliards de francs, notamment pour l’opération de retrait du matériel. Nous brandissons cette menace, qui n’est pas vaine, dans l’espoir que notre interlocuteur fasse un geste». «Sur la route de Tchibanga par exemple, c’est Santullo qui a procédé à la destruction des habitations qui étaient sur le tronçon, alors que c’était à l’Etat de le faire. Ce qui, bien évidemment, a impliqué des coûts supplémentaires», révèle-t-il, avant d’ajouter : «Avant mon départ en Europe dans quelques semaines, nous arrêterons effectivement l’ensemble de nos chantiers. Cela s’effectuera en deux parties avec l’arrêt du terrassement et la protection de la première couche de bitumage déjà réalisé, qui s’étalera sur une période de deux à trois mois, même si l’arbitrage devrait durer minimum un an et demi».

«L’entreprise survivra après moi. Les personnes ressources, les actionnaires, mes héritiers, se chargeront de gérer ce litige avec l’Etat gabonais si je venais à disparaître», poursuit-il quelque peu amer et parfaitement conscient de son grand âge, déplorant cependant les conséquences de cette situation sur les emplois. De 1700 employés, l’entreprise est, en effet, passée à 600. «Même les missions de contrôle des chantiers routiers ont plié bagage pour non-paiement de l’Etat. C’est dire la gravité de la situation», soutient-il avant de se faire menaçant : «Si l’Etat gabonais persiste dans cette voie, celle de ne pas me payer, je saisirais un certain nombre de choses, comme je l’avais déjà fait en Guinée». Voilà qui est clair…

 

 
GR
 

18 Commentaires

  1. jean-jacques dit :

    Ah les histoires de business, quand vous signer les contrats avec le Gabon personne n’est au courant de rien quand les affires tournent males on fait le bruit devant le micro.

    le probleme au Gabon c’est pas l’argent qui manque mais la gestion de cet argent par les responsables des finances.le retard dans la mise en place des budgets,

    Il faudrait que le President et le gouvernement reflechisent sur la strategie dans le developpement du pays. j’aurais souhaiter qu’on commence à construire Libreville, apres port gentil. Oyem , France. Lambarené, Koula-moutou et Mouila. mais se lancer dans grands travaux partout en m~eme temps c’est compliqué.

    cher president reuni toute la famille du defunt president pour vendre les villas et remettre l’argent qui est dans les comptes à l’etranger au Gabon.cet argent permettra de bien financer certains travaux dans le pays.

    Et après cet acte vous bloquer les comptes de tous ceux qui ont volé l’argent du Gabon et qui ont placé cet argent dans les banques à l’étranger.

    • Le citoyen Libre dit :

      Moi je dirai quand on va emprunter de l’argent chez l’autre il faut être capable de rembourser. C’est un abus de confiance de la part de l’ état gabonais, c’ est de l’ escroquerie tout simplement..!
      Je te cite Jean Jacques « Il faudrait que le Président et le gouvernement réfléchissent sur la stratégie dans le développement du pays » on est encore à ce stade de réflexion donc ?
      Je crois que ton ALI doit par contre réfléchir sur la stratégie pour vider le plancher parce qu’ il a échoué et il n’ a pas les compétences pour diriger un pays. Qu’il doit laisser les compétents redresser l’économie de notre cher Gabon, ALI ca place est au banc de touche Ok en 2016.

    • cocorico dit :

      C’est normal qu’un investissement qui avait été validé sur le budget de 2010, soit reconduit chaque année au budget de l’état gabonais et sans fin.
      Vous savez, pour comprendre ce labyrinthe, suivez-moi :

      les recettes locales du Gabon
      Les recettes douanières gabonaises 500 milliards
      Les impôts, les dividendes, les bénéfices des sociétés de l’état gabonais et autre taxes rapporteraient 700 milliards.

      les recettes de la francafrique
      Les recettes issues de la vente de notre pétrole, de nos minerais, de notre bois etc., n’alimentent que difficilement notre budget depuis les années 1960.
      Ce problème est du aux accords monétaires que nous avons signé avec la métropole. il constitue un secret d’état entre la France et le Gabon.

      Ainsi les recettes locales (douanes et autres) qui ne passent pas par la banque de France ne suffisent pas à couvrir les projets aventureux d’ALI BONGO. Nous qui sommes éclairés comprenons que ALI BONGO est réduit à zéro par la France, dans ce sens que les recettes des matières premières sont bloquées par la Banque de France.
      SANTULLO bien que Européen, n’est pas une société française. Du coup le Gabon demeure la chasse gardée de la France.
      Le mépris des conseillers d’ALI BONGO vis à vis des promoteurs étrangers constitue une menace à son régime, qu’il semble ignorer!

      Autre chose, sous ALI BONGO(on le saura après son départ), tous les projets qu’il a entrepris ont des coûts pompeux, multipliés par 3 :-/
      Le pont de MAYUMBA 500 m ne peut pas coûté 86 milliards (il n’est même pas éclairé! ), à comparer avec celui du MALI d’une longeur de 1200 m, le prix réel du pont de MAYUMBA serait de 40 milliards en gros.
      La route de Port-Gentil Omboué, ne couterait pas 350 milliards mais plutôt 107 milliards de cfa.
      Celui qui dit souvent « Merci ya ALI », est un sous homme, dont le coefficient intellectuel est quasi NULL.
      ALI BONGO sachant qu’il est partant en 2016, joue à la politique de la terre brulée, tout ramasser au passage avant qu’il ne soit trop tard, narguer les investisseurs, se moquer des gabonais en refusant d’augmenter les salaires des misères!

      D’autre part SANTULLO doit tout simplement savoir que l’état gabonais ne disparaîtra pas, même après le départ de la mafia BONGO. Ces factures lui seront réglés avec les intérêts de retards.
      Seul bémol, reproché à SANTULLO SERICOM, on investi pas dans un pays donné sans prendre des assurances, sans consulter les notations des pays par des institutions européennes spécialisées dans l’analyse des risques.
      Or en 2010, quand SANTULLO SERICOM avait décidé d’investir au Gabon, la notation du Gabon à la COFACE, plaçait les investissements étrangers dans un pays à risque…! il est évident que ce risque s’est produit maintenant….! même si c’est la France qui bloque les fonds!!!! magondo!!!

  2. Crocky dit :

    Il faut appeler l’ANGT

  3. Bo-6 dit :

    C’est vraiment dommage, mais pourquoi s’entêter lorsqu’on sait qu’on est incapable. Donnerez toujour raison au defunt AMO, qui repose en paix.

  4. John mba dit :

    L’école de Fougamou coûte 19 milliards…c’est une école de quoi? Les bâtiments sont en or?

  5. Makaya dit :

    sans oublie la delta synergie de pascaline et ali qui continue de pomper l’argent du Gabon en toute impunite sous le nez et la barbe des deputes, senateurs, et la CNLEI, alors que les finances du pays sont en pleine deliquescence. VOila qu’ils parlent de reduction de la masse salariale de l’etat alors qu’ali se paye des avions comme on achete une playstation. Aucun de ces PDGiste ne peut demander au BOA d’arreter ce pillage a ciel ouvert de nos richesses. Le SENA va bientot rentrer a nouveau en greve a cause des eniemes promesses non tenant du gouvernenemt. Les salaires de certains fonctionnaires ont ont ete revu a la baisse sans aucune explication et de facon arbitraire. Encore 1 ou 2 ans, et l’etat ne pourra meme plus payer ses fonctionnaires. le chomage va depasser le record du mondial a ce moment la. Ce sera alors l’emergence version couple ali-acrombessi. Promesse tenu du BOA.

  6. Makaya dit :

    sans oublier la delta synergie de pascaline et ali qui continue de pomper l’argent du Gabon en toute impunite sous le nez et la barbe des deputes, senateurs, et la CNLEI, alors que les finances du pays sont en pleine deliquescence. VOila qu’ils parlent de reduction de la masse salariale de l’etat alors qu’ali se paye des avions comme on achete une playstation. Aucun de ces PDGiste ne peut demander au BOA d’arreter ce pillage a ciel ouvert de nos richesses. Le SENA va bientot rentrer a nouveau en greve a cause des eniemes promesses non tenant du gouvernenemt. Les salaires de certains fonctionnaires ont ont ete revu a la baisse sans aucune explication et de facon arbitraire. Encore 1 ou 2 ans, et l’etat ne pourra meme plus payer ses fonctionnaires. le chomage va depasser le record du mondial a ce moment la. Ce sera alors l’emergence version couple ali-acrombessi. Promesse tenu du BOA.

  7. alpha Koumbi dit :

    Je suis beaucoup surpris des couts de ces travaux. Quelqu’un peut-il nous donner une idee du prix au Km dans les pays voisin?
    Donc Ndende-Mouila fait environ 117Km?

  8. Elé-Ayong dit :

    Et voilà vers quoi le Gabon avance tous les jours. Avec SANTULLO SERICOM, ce n’est que la partie visible de ce gigantesque iceberg. Nous comprenons aisément que le BOA n’est pas venu pour que les chantiers de développement du pays, les projets structurants aillent à leur terme. L’objectif c’est simplement de signer les multitudes de contrats d’affaires, qui permettent d’effectuer des décaissements au trésor et up, reverser les fonds dans ses comptes personnels avec ses copains, en attendant une refacturation à l’Etat en fin des travaux pour les mêmes contrats. Il s’agit d’un schéma bien connu. Et si le Trésor démontrait avec justificatifs, que les factures de SANTULLO SERICOM avaient déjà été liquidées?… C’est la situation qui va se révéler dans bien des marchés que l’Etat a accordé aux entreprises et sous peu de temps, ce sera généralisé. Wait and see…

    • akoudo sammy dit :

      Je suis de ton avis a 100% les elephants blancs servent surtout a cela. Maintenant faut pouvoir retracer le circuit de cet argent jusqu a son blanchissement (probablement dans l’immobilier avec la construction d’immeubles tout le long du bord de mer?)

  9. Cyrus dit :

    J’ai à mon sens le constat d’une pratique préjudiciable pour nos finances publiques par la forte surfacturation des marchés publics chez nous. Le Gabon ne s’en sortira pas avec ce comportement.

  10. Manz dit :

    Je félicite GabonReview pour la qualité de sa rédaction.

    Je suis ce média depuis sa création, votre rédaction est désormais plus pertinente et fournie en informations (chiffres, données) permettant une meilleure analyse du contexte politique, financier et d’affaires de notre pays.

    Ne vous en faites pas, le travail de recherche et de rédaction n’aide pas que les détracteurs du système ou les lecteurs à la quête de faits divers. Il permet aussi l’éveil chez nos dirigeants en mettant en évidence cette gestion grossière de notre pays.

    On va là vers un journalisme professionnel et d’investigation.

    Vous n’aurez aucun mal à couvrir l’Afrique francophone dans les prochaines années.
    En espérant que vous arrivez à supporter vos charges en tant qu’entreprise, je vous souhaite le meilleur.

  11. Obishuku dit :

    Non mais Ali Bongo est un bandit de grand chemin! Donc la fierté et le goût que j’ai eu là quand j’ai vu les images où il allait inauguré ce pont , tout ça c’était dans zéro ?! Que le ngounda ngounda , les gesticulations, les voyages. Nzam tara! Et que vont penser les investisseurs étrangers du climat des affaires au Gabon?

  12. Mayk Mambu dit :

    Et la ce ne sont pas les ragots de Pierre Pean. Ce même monsieur qui parlait fièrement llrs de la fameuse inauguration de son pont qui va durer plus de 100 ans. Bien fait pour lui.

  13. Tanko dit :

    Émergence 0 Détournements de fonds 7
    A nous de siffler la fin de cette partie!
    Des tocards dits émergents pensent qu’ils peuvent se moquer de tout le monde et nous prendre pour des imbéciles!

  14. Non mais Ali Bongo, quel mauvais et vilain joueur?! Quel blagueur?! Et dire qu’il fait pareil avec les 3/4 des sociétés, raison pour laquelle tous les travaux ou presque sont à l’arrêt. Quel désastre les Bongo…

  15. Rhody Junior dit :

    L’émergence ayez confiance.

    On va tous fermer les yeux le 31/12/2024 à 23h59, dès qu’on va ouvrir la minute d’après donc 2025 nous seront émergents… Ils vont tout faire pour quoi soit émergent à cette date… avant ça ne nous inquietons pas…

    S’ils savent seulement c’est quoi un pays émergent… Quand on pense aux Brics, bientôt ce sera Bricsg (tout ira bien, les pdgistes construiront toutes les infrastructures de leurs propres mains s’il faut)…
    Voilà ayez confiance… Merci Ali

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