Prévu pour une difficulté tous les 20 ans en cas de non-entretien, le canal du bassin versant de Nzeng-Ayong déborde désormais à chaque grande pluie. Et pour cause : le reste de l’ouvrage, 1,7 Km, n’a pas été achevé. Les pluies diluviennes de ces dernières semaines pointent l’urgence de l’achèvement de cette infrastructure. Faute de quoi, les dommages seront à rebrousse-poil du résultat escompté par le gouvernement lors de la conception de l’ouvrage. Pas bon au bilan du pouvoir à la prochaine élection présidentielle.

Si l’image ne traduit pas le niveau d’alerte, les choses sont pires en réalité – Le Canal de Nzeng-Ayong le 27 octobre 2022. Gabonreview/Capture d’écran

 

La période de septembre à décembre au Gabon est connue pour être une petite saison de pluies. Mais, changements climatiques obligent, l’importance des précipitations s’abattant sur Libreville ces derniers temps, n’augurent pas d’une grande saison des pluies paisible : inondations plus graves et autres dégâts infrastructurels voire humains sont à craindre lorsqu’arrivera le grand hivernage.

Le Canal de Nzeng-Ayong débordé, le 27 octobre 2022. © Gabonreview/Capture d’écran

Calibré pour ne pas déborder en 20 ans

Le canal de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement de Libreville, n’en est pas un phénomène secondaire. Ses crues actuelles sont la preuve palpable sinon le signe annonciateur de dégâts importants à venir.

L’infrastructure a été réalisée par le gouvernement et ses partenaires internationaux en vue d’un assainissement l’environnement et d’une amélioration du cadre vie de la population. Elle dément aujourd’hui le rôle et la fonction envisagée. Prévu et calibré pour s’inonder une fois en 20 ans, le canal de Nzeng-Ayong peine, en effet, à contenir les eaux de ruissellement et pluviales collectées dans on large environnement urbain.

Canal inachevé et populations gagnées par la peur

Éloquent à ce sujet, lors de la grande pluie du 26 au 27 octobre, le canal débordé a déversé ses eaux sur le voisinage pour une énième fois. Une situation déjà à l’origine de l’ire des habitants longeant cet édifice. «Au regard de la pluviométrie, les populations semblent gagnées par la peur. Redoutant de nouvelles catastrophes naturelles, elles craignent de vivre de nouveaux drames avec, à la clé, des dégâts matériels et pertes en vies humaines», fait constater un observateur, habitant du plus grand quartier de la capitale gabonaise.

Le problème, expliquaient déjà des techniciens du domaine, c’est que l’ouvrage aurait dû être construit en commençant par l’aval. Les travaux ont plutôt été réalisés en amont. Mais surtout, le canal inachevé, s’arrêtant au pont de la Nouvelle-Cité et ne débouchant sur le bras de mer qui en était la destination, est obstrué. Conséquence : il déverse sur les riverains les eaux ne pouvant aller à la mer.

Dans le bilan négatif du pouvoir

«Le gouvernement aura beau marquer sa solidarité, annoncer des soutiens à certaines familles. Cela ne constituera jamais une stratégie durable. Encore moins une réponse de fond. A Libreville, Owendo, Akanda, comme dans l’ensemble du pays, il faut repenser la gestion du risque», écrivait GabonReview cette semaine.

Il reste 1,7 kilomètres de canal à construire. «Il faut que le gouvernement et ses partenaires sachent qu’en voulant régler un problème, ils en ont créé d’autres. Il faut absolument achever ce canal jusqu’à la mer», insiste un riverain du canal bien au fait de la problématique. Il y a désormais, à chaque pluie, des inquiétudes et des drames autant chez les riverains, en aval du canal, que chez les habitants en contre-bas, situés sur la ligne de sortie des eaux. «On avait trop tôt applaudi ce canal. Mais aujourd’hui, on déchante», commente un autre habitant ayant tout perdu dans l’inondation. «Il faut l’achever ! Il faut construire le kilométrage qui reste», a-t-il quasiment supplié. En période électorale l’inachèvement du canal et les dégâts y consécutifs pèseront nécessairement dans le bilan négatif du pouvoir.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Yann Lévy Boussougou Bouassa dit :

    Tout le processus du marché public, de la définition du besoin à la réalisation de l’ouvrage en passant par sa conception, a dû être mal fait. What else ? Le résultat est alors logique.

    N’allez pas accuser les pluies diluviennes, car il appartient au pouvoir adjudicateur de définir son besoin en tenant compte de cette contrainte connue, et de choisir le concepteur et l’entrepreneur des travaux à même de dépasser cette difficulté.

    Comme pour le drame du pk8, le gouvernement une fois de plus n’a pas su se montrer prescient pour agir en conséquence. Il est une fois de plus coupable.

Poster un commentaire