Annoncée par certains médias en ligne depuis quelques jours mais tout de même mise en doute par une certaine frange de l’opinion, la déclaration de Jo Dioumy Moubassango a finalement eu lieu ce mercredi 9 novembre. Le démissionnaire et ancien porte-parole du PDG s’est livré à l’exercice à travers une allocution d’une douzaine de minutes dans laquelle il dénonce les errements du gouvernement face aux difficultés des gabonais.

Jo Dioumy Moubassango, le 9 novembre 2022, à Libreville. © Gabonreview

 

Internaute natif, très présent sur les réseaux sociaux, l’ancien porte-parole du Parti démocratique gabonais (PDG) ne s’était pas livré, jusqu’ici, à une déclaration formelle depuis son départ, le 8 août dernier, de la formation politique au pouvoir. Si on peut considérer qu’il a franchi le Rubicon ce 9 novembre, ses thèmes habituels, ceux-là mêmes qui l’ont brouillé avec son ex famille politique, sont restés les mêmes. Ainsi, n’a-t-il pas manqué d’apostropher «L’incapacité du gouvernement de la République, malgré les moyens de l’Etat mis à sa disposition, d’apporter des solutions aux problèmes des Gabonais», soulignant que «beaucoup plus grave que ma modeste démission, l’état du pays est un sujet d’extrême préoccupation pour moi.»

Permanence du statut de Gabonais économiquement faibles (GEF)

Connu pour avoir été l’un porte-paroles d’Ali Bongo lors de la présidentielle de 2016 et ex-conseiller municipal de la commune de Libreville pour le compte du PDG, Jo Dioumy Moubassango est revenu sur la question de la vie chère au Gabon. L’augmentation du prix de la baguette de pain et de la bouteille d’huile sont pour lui des sujets qui ne devraient pas échapper au contrôle du gouvernement. Abordant la question du prix de la bouteille d’huile, il a dénoncé, sans le citer, la situation de monopole du groupe Olam, qui selon lui, pourrait retenir sa production pour ensuite créer une augmentation des prix sur le marché.

L’ancien élu municipal n’a pas manqué de rappeler le maintien en situation de fragilité sociale d’un tiers de Gabonais économiquement faibles (GEF) tel que défini dans le rapport Mckinsey sur l’état de la pauvreté au Gabon depuis 2013. «Au passage, je voudrais faire remarquer au gouvernement, que le statut de Gabonais économiquement faible, devrait être un statut de transition et non un statut permanent. Sur ce, les Gabonais sont en droit, 9 ans après…, de demander au gouvernement combien de nos compatriotes, sont passés du statut de GEF à celui de Gabonais simplement».

Forces du changement, fin de régime annoncée

Pour se détacher de la tradition de la pratique politique consistant à critiquer l’action du gouvernement sans jamais énoncer de proposition, Dioumy Moubassango a exigé de l’exécutif gabonais de dissiper la confusion qui règne dans l’exercice du pouvoir : «Ce sont les mêmes qui réfléchissent et conçoivent, ce sont les mêmes qui décident, ce sont les mêmes qui exécutent les décisions et ce sont les mêmes qui ont la prétention de contrôler et d’évaluer les décisions exécutées». Pour le jeune politicien, cette situation de confusion favorise l’entrisme des prédateurs dans la gestion des affaires du pays.

Au regard des propos qu’il tient souvent sur les réseaux sociaux, on s’attendait à ce qu’il annonce un positionnement politique clair. Nombreux étant ceux qui l’annonçaient, en effet, dans l’opposition mais cette déclaration n’aura pas servi à clarifier son engagement même si sa teneur pourrait lui accorder une posture politique plutôt républicaine. Interrogé sur la question, Dioumy Moubassango laisse entendre : «Je fais désormais partie des forces du changement. J’ai une trajectoire qui rencontrera forcement la route de mes devanciers dans le combat pour l’alternance. Je sais ce que je fais, où je vais et qui je suis».

Au final, plaçant sa confiance dans sa foi chrétienne et surtout devant ce qu’il a appelé «une fin de régime annoncée et un pouvoir PDG en décomposition », Jo Dioumy Moubassango a invité la classe politique ( qu’il nomme forces du changement) à se mobiliser pour se constituer en alternative, et enfin répondre aux difficultés des gabonais. «Je prendrai modestement, devant la Nation, ma part d’engagement dans ce combat du redressement national, appuyé par la volonté d’un peuple déterminé.  Chacun de nous devra jouer son rôle avec sincérité».

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Coburn dit :

    Voilà quelqu’un qui a decidé de reprendre le taxi bus et de repartir chez lebmalien manger le pain beurré. Car même si c est une blague,ses maitres prenrront cela au premier degré et agiront en consequence

  2. Coburn dit :

    Pas ses maitre mais plutôt ses createurs lui feront payer cette blague de mauvais goût

  3. Rhody Junior dit :

    Bienvenue dans un combat que beaucoup ont mené et mènent encore au risque et au péril de leur vie.

    Espérant dans la sincérité de ces mots, je vous dis bonne chance.

  4. Lavue dit :

    Tout ce qui est contraire à la volonté du peuple dans sa majorité finit toujours par s’écrouler. Honnêtement que peut-on attendre du PDG aujourd’hui? Sans changement, comment imaginer des jours meilleurs. Le PDG avec le temps est devenu un repaire de voyous politiques, opportunistes de tous poils, affairistes, délinquants sexuels. On y est avant tout pour des intérêts bas purement personnels qu’on maquille au nom du peuple qui est instrumentalisé sans retenu. Le pays patauge depuis 50 ans avec ce parti familial, dû surtout à la médiocre de la qualité des hommes à sa tête. Nulle part on a fait de l’excellence avec des cancres, nulle part. Le Gabon malheureusement attendra encore.
    Ce jeune compatriote a tout à fait raison et a le courage de prendre ses distances avec
    cette organisation quasi mafieuse. Ca montre quand-même que le pays a encore des enfants qui sont conscients de son devenir. L’espoir d’un changement ne doit pas être perdu. Les dictatures les plus dures de la planète ont fini un jour par s’écrouler.

  5. CYR Moundounga dit :

    Bjr.Morceau au choix: «Au passage, je voudrais faire remarquer au gouvernement, que le statut de Gabonais économiquement faible, devrait être un statut de transition et non un statut permanent, Tout en louant le courage de ce jeune homme je m’interroge sur le réalisme de cette assertion. Car si l’on inverse cette suite de mots on s’achemine dans le fond vers la fin du clivage riche/pauvre au Gabon. Est-ce le sentiment le plus partagé à Gabao? Amen.

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