Selon les résultats de l’analyse des images satellites Landsat et Sentinel et de données commerciales recueillis par Global Witness, la demande de caoutchouc de l’Union européenne est le principal contributeur à l’empreinte de la déforestation de l’Europe en Afrique de l’Ouest et centrale à savoir : Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Libéria et Nigeria.

Ouvrière plantant des semis dans une plantation appartenant à Olam international au Gabon, 2013. © Agence Afrikimages

 

Une enquête initiée par l’ONG de lutte contre le pillage des ressources naturelles des pays en développement et la corruption politique qui l’accompagne, Global Witness, et rendu publique le 16 juin, à Bruxelles, révèle que les plantations industrielles d’hévéa en Afrique de l’Ouest et du Centre sont liées à une zone de déforestation tropicale 16 fois plus grande que Bruxelles depuis 2000, ce qui en fait le premier moteur européen de déforestation dans la région.

L’industrie du caoutchouc menace la terre, les moyens de subsistance et les droits des communautés locales et détruit un puits de carbone crucial. L’hévéa culture serait loin devant l’huile de palme, la plus grande menace liée à l’exportation pour les forêts tropicales d’Afrique occidentale et centrale. «Nous avons constaté que la culture industrielle du caoutchouc en Afrique occidentale et centrale semble être responsable de près de 520 km2 de déforestation depuis 2000, une superficie 16 fois plus grande que Bruxelles. Les écosystèmes touchés par l’hévéa vont des réserves forestières du Nigéria et du Ghana aux forêts équatoriales anciennes du Cameroun et du Gabon », soulignent les auteurs de l’enquête.

Global Witness a cartographié 40 plantations industrielles d’hévéas dans six États africains producteurs de caoutchouc : le Cameroun, le Gabon, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Libéria. Presque toutes les plantations où la déforestation a été constatée sont actuellement détenues par seulement trois sociétés internationales : les sociétés singapouriennes Olam et Halcyon Agri, et la société française et belge Socfin, cotée à la bourse de Luxembourg. Halcyon Agri et Socfin en particulier ont été des fournisseurs de géants européens du pneumatique tels que Michelin et Continental.

«Olam nous a dit que leur principale plantation de caoutchouc à Bitam, au Gabon, comprend « 10 855 hectares de superficie plantée et 24 584 hectares… [de] forêts et zones humides protégées en permanence. Ils ont ajouté que le gouvernement gabonais, un partenaire du projet a choisi son emplacement, une zone d’anciennes concessions forestières, de forêts secondaires et de zones dégradées et [le projet] a été développé conformément à un processus visant à équilibrer soigneusement les besoins de développement du Gabon avec l’impératif de conserver les paysages uniques du pays », indique Global Witness, soulignant que la société a ajouté qu’ « elle s’est engagée à respecter les principes du CLIP et qu’elle travaille avec les villages locaux sur des activités génératrices de revenus, …. l’éducation, les soins de santé et l’amélioration de l’accès à l’eau ».

Le caoutchouc est un élément incontournable de la vie moderne, un élément essentiel de produits allant des préservatifs aux chaussures de sport. Le produit est resté en forte demande pendant les fermetures de Covid alors que les commandes de gants médicaux en latex ont explosé. Mais la grande majorité environ 70 % du caoutchouc naturel est utilisée dans les pneus de véhicules. Bien qu’il existe des alternatives synthétiques au caoutchouc, elles n’ont pas la durabilité du caoutchouc naturel, ce qui signifie que la demande de terres sur lesquelles planter des hévéas ne devrait pas diminuer de si tôt.

 
GR
 

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