S’il prend en compte la dégradation de la note souveraine du pays, le ministre de l’Economie se veut confiant. Il plaide pour la mise en œuvre de réformes visant à faire face aux contrecoups liés à la chute du cours du pétrole.

Régis Immongault. © Gabonreview

Régis Immongault. © Gabonreview

 

Comme en décembre dernier, le ministre de l’Economie s’est érigé en défenseur de la gestion des finances publiques, après que l’agence Fitch Ratings ait dégradé, le 8 mai dernier, la note souveraine du pays de BB- à B+ avec une perspective stable (lire par ailleurs «Perspectives de financement: Fitch Ratings abaisse la note du Gabon»). Un abaissement consécutif à la chute des cours du pétrole alors que, dans le même temps, Moody’s a maintenu la note souveraine du Gabon à Ba3 (l’équivalent de BB-).  «Cette décision nous rappelle l’importance et l’urgence des réformes que nous mettons en œuvre avec l’objectif d’asseoir la transformation de l’économie gabonaise sur des bases solides et de l’adapter au nouveau contexte, avec un cours du pétrole plus bas. Nous ne doutons pas qu’à terme toutes les agences de notation prendront la pleine mesure des actions que nous menons», a commenté Régis Immongault, relayé par l’hebdomadaire Jeune Afrique.

Depuis octobre dernier, en effet, le gouvernement a entrepris des ajustements budgétaires considérables en ramenant, dans la loi de finances rectificative 2015, le prix du baril de 80 à 40 dollars, en retenant une hypothèse conservatrice pour le taux de change euro/dollar à 1,24, soit 530 francs et en effectuant d’importantes réductions des dépenses de fonctionnement et d’investissement. Dans le même sens, il a également entrepris des réformes structurelles. Suivant les recommandations du Fonds monétaire international (FMI), des investisseurs financiers porteurs de la dette gabonaise et des agences de notation, un fonds de stabilisation des revenus pétroliers et miniers a été créé. Il a pour objectif de constituer des réserves financières lorsque les cours des matières premières sont au-dessus d’un certain seuil et de les utiliser en cas de renversement du cycle.

Même si on en vient à s’interroger sur le rôle à venir du Fonds souverain de la République gabonaise et sur la pertinence de cette initiative, le fonds nouvellement créé est opérationnel depuis début mai. Il recevra cette année une large part des revenus pétroliers au-dessus de 40 dollars par baril. «Notre objectif est que ce fonds atteigne 500 millions de dollars au cours des quatre prochaines années et constitue ainsi une réserve de sécurité importante en cas de retournement des cours», a affirmé le ministre de l’Economie. Selon lui, les autres réformes structurelles adoptées comprennent la rationalisation des dépenses, la budgétisation par objectif, la libéralisation des prix à la pompe pour l’essence et le gazole ainsi que l’amélioration du climat des affaires. «Ces réformes devraient avoir un impact rapide et nous permettront de donner tort à ceux qui critiquent la gestion des finances publiques au Gabon», souligne-t-il.

Pour Régis Immongault, «l’analyse des commentaires des agences de notation nous rappelle enfin l’importance de l’effort que nous sommes en train d’effectuer en matière de communication financière». Plusieurs décisions ont déjà été prises à ce sujet, notamment l’amélioration de l’outil statistique en coopération avec le Centre régional d’assistance technique du FMI (Afritac) ou encore la création de la direction des Prévisions et de la Prospective, dont le rôle est de publier régulièrement des prévisions et des notes de conjoncture. Là encore on en vient à s’interroger sur le rôle futur de la direction générale de l’Economie. «Nous continuerons de rencontrer régulièrement nos investisseurs financiers afin de les tenir informés de la situation du pays et de ses perspectives», a annoncé le ministre de l’Economie, avant de conclure : «Les mesures courageuses que nous avons entreprises s’inscrivent dans la durée, et le potentiel de l’économie (…) (Elles) nous (permettront) de faire face aux critiques conjoncturelles».

 

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Hatshepsout dit :

    La mauvaise situation de ce pays ne date pas des notes des agences des notations. C’est bien de parler de mesures par ci ou par là pour faire face à la baisse des cours du brut. Toutefois la question essentielle est : comment se fait-il que la population ne voit jamais la couleur du budget de l’Etat???

  2. MONG Y'A DIDO dit :

    TOUT CELA ME RAPPELLE CECI :…
    Jean Cruz (Canada)
    10 DÉCEMBRE 2014 À 3 H 31 MIN
    Si cette langue des bois est propre aux politiciens, l’ampleur du sujet est de loin au-dessus de telles joutes politiciennes. C’est déplorable que le ministre ne maîtrise nullement les sujets, même si son intention était d’apaiser les critiques de la note négative de Fitch.
    Effectivement, les sujets sont la decote de Fitch, la chute des cours du pétrole et leurs impacts sur l’économie gabonaise.
    La notation d’une agence est semblable à une moyenne pondérée des matières de classe d’un élève de lycée, avec seule particularité que tout n’y est mathématique. Certains facteurs tels le climat politique, le niveau de démocratie, entrent subjectivement en compte dans le modèle. La conséquence majeure d’une notation est le coût d’emprunt ou taux de crédit sur les marchés financiers. Donc, cette note négative veut dire que le Gabon emprunter à un coût plus élevé. Un endettement plus élevé.
    Le cours à venir du baril de pétrole, quant à lui, résulte du mécanisme de l’offre et de la demande globale du pétrole, influencé par la géopolitique entre l’OPEP et l’Occident.
    Clairement, à quel coût le Gabon va désormais se financer? Le ministre va-t-il réviser son budget si le cours irait au-dessous de $50 le baril? De quelles façons le ministre compense les pertes indues actuelles? Comment continue-t-il à équilibrer des budgets de fonctionnement?
    A notre avis, voilà entre autres les questions que le ministre doit entretenir les médias. Il gagnerait à anticiper les effets néfastes de la chute continue du prix du baril du pétrole. C’est ce qu’on appelle les stress tests en économétrie.

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    Bil Ngana
    10 DÉCEMBRE 2014 À 8 H 45 MIN
    @ Jean Cruz,
    Merci pour cet éclairage qui recadre le sujet et met à nu le dilettantisme de l’équipe qui pilote notre pays. Il s’agit d’une insouciance dangereuse devant des écueils sérieux qui doivent necessiter une véritable prise de conscience de la part des acteurs politiques et économiques de notre pays. On a l’impression que nos dirigeants ne prennent pas assez de temps pour chercher à comprendre les pbl à eux posés. Il n’y a rien à ajouter àvotre post, cher Cruz, mais plutôt que nous rassurer, les propos du ministre, qui traduisent une certaine arrogance, nous plongent encore davantage dans le désarroi.

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    Victor Mabe
    10 DÉCEMBRE 2014 À 12 H 46 MIN
    Jean Cruz a posé des problèmes réels qui devraient susciter que les médias posent des questions au Ministre pour savoir qu est ce que le Gouvernement a prévu pour faire gérer cette situation difficile pour les États sans compromettre la croissance de l Economie.

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    mouthou12
    10 DÉCEMBRE 2014 À 16 H 21 MIN
    Nous aurions aimé avoir un langage aussi clair de la part de notre Professeur d’Economie de Premier Ministre……!

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    Mbela
    10 DÉCEMBRE 2014 À 3 H 56 MIN
    Cet Immongault a plus de talent pour l’humour que pour la « gestion responsable » d’un pays dont presque 80% de la population vit dans la misère quotidienne.
    « REPRICING » Toi même. Même sans « REPRICING », 60% des gabonais n’ont pas d’accès à l’eau potable;l’électricité;la santé;le logement; des toilettes dans les écoles, lycées et admnistration etc…
    C’est terminé et officiel vous êtes la pire bande de pillards des fonds publiques jamais vu au Gabon.
    En 5 ans vous avez détroussé le pays de presque autant qu’en 30 ans sous Le père Bongo.
    L’heure de dégager a sonné.
    Attention aux tomates et oeufs pourris tout même si d’aventure vous tourniez vers l’humour. Tchiiiiiiip!

  3. Jean Cruz (Canada) dit :

    @MONG Y’A DIDO

    Merci mon frère. Voyez-vous, l’enjeu n’est pas réclamer qu’on avait raison. Plutôt de contribuer à ce que les hommes politiques de notre pays arrêtent de tricher avec les finances publiques et l’économie. Certes nous savons que leur force consiste à profiter de la naïveté et l’ignorance de la masse. Toutefois, constatons qu’ils ne cessent de se défendre, curieusement, sur tous les enjeux touchant la vie de la population gabonaise.
    A notre avis, l’heure n’est plus au discours, comme le fait le ministre, plutôt aux actions concrètes et rapides. Sur le même sujet, un séminaire a été convoqué et des réformes préconisées. Si ces réformes, certes différents termes, sont efficaces, pourquoi donc une nouvelle décote de notre crédit? Parce que les réformes sont des signalements aux marchés financiers, il y a une évidence que les signaux vantés sont soit faibles, lointains, soit inefficaces pour un problème majeur et d’effets immédiats.
    Le recalibrage à mettre en place ira de la réduction du train de vie de l’état (réduction de 50% des salaires du Président de la République et son cabinet, des ministres et de tous les présidents des institutions de notre pays; la vente du parc automobile inutile de l’état; suppression de toutes les agences; etc), l’octroi des crédits à la consommation aux familles gabonaises, réduction des tarifs douaniers, hausse d’impôts sur les dividendes des banques et wester-union. Comme mesures de moyen et long terme, il faut octroyer des facilités monétaires non remboursables et remboursables aux entrepreneurs des sectaires primaires et secondaires, abaisser ou geler l’impôt des sociétés conditionnel au nombre d’embauches, développer et rendre très accessible l’internet et autres technologies aux entrepreneurs de l’intérieur du pays, etc. Enfin, voir les autres mesures que nous avons citées dans les précédents posts. A bas vos discours ternes et défensifs de tous les jours.

  4. vertbouffon dit :

    Voila l exemple meme d affirmations
    parfaitement imbécile cela rapelle
    le capitaine du titanic ou hitler dans son bunker evoquant des armées fantomes ?

  5. Cassandes de Troie dit :

    La note du Gabon vue par les Agences pourrait être en deçà de celle que Fitch affiche si elles avaient toutes les statistiques. Or, même le ministre Immongault n’est pas capable à ce jour d’avoir des chiffres fiables: c’est que depuis 5 ans, personne au Budget et à l’Economie ne tient les statistiques.

    Les réformes qu’évoque le ministre ne peuvent changer quoi que ce soit à la situation, puisqu’elles sont très mal faites, et surtout elles n’influent en rien sur la gestion artisanale ou villageoise des Finances publiques du Gabon. Puisque c’est voulu par ceux que le Bénin nous a envoyés, avec pour mission de casser ce petit pays qu’est le Gabon.
    Le Fonds souverain? Reste t-il encore quelque chose dedans? Il y a 2 ans, il y avait une inscription budgétaire en recette et dépense de plus 400 milliards sur le Fonds souverain. Seuls les Emergents étaient capables de donner une signification à cette inscription. On pouvait penser que le Budget de l’Etat avait emprunté 400 milliards du Fonds souverain, qui devaient être remboursés dans l’année. Comment cette écriture avait été exécutée? On ne sait…
    En conclusion: pauvre Immongault! Le seul dans cette équipe qui comprend quelque chose, mais qui est impuissant face à la mécanique de casse bénino-sénégalaise.

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