Dialogue social sous tension : l’Onep hausse le ton face à TotalEnergies EP Gabon
Alors que leur ouverture était annoncée ce lundi 13 octobre, les travaux de la Commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures ne verront pas la participation de TotalEnergies EP Gabon. Une absence dont la raison est jugée «dilatoire» par l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) qui avait déjà menacé de tout bloquer si les discussions lancées depuis plusieurs mois n’aboutissent pas.

Des membres du bureau national de l’Organisation nationale des employés du pétrole, dont le secrétaire général (1er à droite), le 25 novembre 2023. © GabonReview
Ce lundi 13 octobre 2025, la Commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures est censée relancer des travaux qui peinent à avancer. Alors que les différentes parties s’étaient accordées sur un chronogramme, le 3 octobre dernier, la semaine dernière, TotalEnergies EP Gabon a décliné sa participation à la rencontre prévue jusqu’au 17 octobre prochain. Aussitôt, l’Onep a été informée de cette décision par le président de la Commission. Ce qui ne lui a pas du tout plu. Et elle l’a fait savoir.
Dans un courrier daté du 10 octobre 2025, Sylvain Mayabi Binet, secrétaire général de l’Organisation nationale des employés du pétrole, a adressé un avertissement ferme à la filiale gabonaise du groupe pétrolier français par l’intermédiaire de la Commission, dénonçant son refus de participer aux travaux censés apaiser un climat social qui s’est peu à peu tendu ces derniers mois, notamment sur la question de la sous-traitance et de la mise à disposition des travailleurs. Si la multinationale pétrolière a bel et bien justifié son absence, ses raisons sont jugées «dilatoires» par le syndicat. «La raison évoquée par TotalEnergies relève du dilatoire habituel qui caractérise la direction générale de cette entreprise», fustige l’Onep dans sa lettre officielle.
Deux ans de tergiversations
Il faut reconnaître que le refus de TotalEnergies EP Gabon intervient dans un contexte tendu, marqué par deux années de négociations laborieuses entre les partenaires sociaux et les opérateurs pétroliers. Or, l’Onep estime que «le temps du dilatoire entretenu depuis deux ans par l’Upega et ses membres est terminé», en référence à l’Union patronale des employeurs du Gabon (Upega), dont fait partie la pionnière de l’exploration et de la production au Gabon.
Le syndicat rappelle que les ministres du Pétrole et du Gaz, ainsi que du Travail, attendent un point d’étape sur l’application des résolutions issues de la rencontre du 10 septembre 2025. Ces engagements, censés mettre fin à une série de conflits sociaux, doivent être pleinement mis en œuvre d’ici décembre.
Aussi, face à ce refus de participation, l’Onep lance-t-il un ultimatum clair : «Nous tiendrons TotalEnergies EP Gabon et l’Upega responsables des conséquences qui en découleraient au cas où les rencontres avec TotalEnergies EP Gabon et ses prestataires de mise à disposition du personnel ne se tiennent pas du 13 au 17 octobre 2025 comme convenu par tous.»
Une grève inévitable ?
Selon les informations publiées par le site Directinfosgabon.com, cette mise en garde s’inscrit dans une stratégie de pression visant à accélérer la mise en œuvre des résolutions sociales. Le syndicat n’exclut pas de recourir à des actions plus radicales si les engagements ne sont pas respectés. En septembre dernier, l’ONEP avait déjà brandi la menace d’une grève générale, soulignant le non-respect du protocole d’accord signé après la précédente commission de dialogue social.
Alors que les rencontres avec les ministres concernés approchent, le bras de fer entre l’Onep et TotalEnergies EP Gabon pourrait raviver les inquiétudes sur la stabilité sociale du secteur. Le gouvernement, garant du bon déroulement du dialogue, se retrouve désormais face à ses responsabilités.
Le secteur pétrolier, pilier de l’économie gabonaise, est régulièrement secoué par des tensions entre employés et entreprises.

















0 commentaire
Soyez le premier à commenter.