Exonérations fiscales : plus de 150 milliards de FCFA perdus chaque année, alerte le FMI
Selon le rapport d’octobre 2025 sur les perspectives économiques régionales, le Gabon perd entre 1,2 % et 1,5 % de son PIB à travers des exonérations de TVA, principalement dans les secteurs pétrolier, minier et forestier. Le Fonds monétaire international (FMI) met en garde contre les effets de ces allègements sur la capacité du pays à mobiliser ses ressources domestiques et à financer ses infrastructures publiques, tout en formulant des recommandations pour renforcer la transparence et la gouvernance budgétaire.

Ces mesures fiscales dérogatoires, bien qu’ayant parfois un objectif de soutien à l’investissement, limitent la marge budgétaire disponible pour les politiques sociales et les projets d’infrastructures. © Serge-Ebeza
Le rapport du FMI révèle que les exonérations de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) accordées à certaines entreprises et secteurs stratégiques coûtent au Gabon près de 150 milliards de FCFA par an, soit environ 161 millions de dollars américains. Ce manque à gagner représente un poids significatif pour les finances publiques, dans un contexte où l’État cherche à diversifier son économie et à réduire sa dépendance aux ressources extractives.
Pour l’institution financière internationale, ces mesures fiscales dérogatoires, bien qu’ayant parfois un objectif de soutien à l’investissement, limitent la marge budgétaire disponible pour les politiques sociales et les projets d’infrastructures. Le FMI estime que « ces allègements, lorsqu’ils ne sont pas encadrés ni évalués, compromettent la capacité du pays à financer durablement son développement ». Le rapport souligne également le manque de transparence entourant la publication des bénéficiaires et des montants des exonérations.
Face à ce constat, le FMI recommande au Gabon d’instaurer une publication annuelle détaillant le coût, la durée et les bénéficiaires de toutes les exonérations fiscales. L’institution plaide aussi pour la mise en place d’un audit systématique des régimes dérogatoires, notamment dans les secteurs pétrolier, minier et forestier, afin d’évaluer leur véritable impact sur la création de richesse et l’emploi.
L’une des orientations majeures proposées consiste à prolonger ou reconduire les exonérations uniquement après une évaluation approfondie et à mieux encadrer leur durée. Le FMI appelle également à réviser les critères d’éligibilité, pour qu’ils répondent à des objectifs de développement clairement définis et à une réelle valeur ajoutée pour l’économie nationale.
En filigrane, ces recommandations visent à renforcer la mobilisation des ressources intérieures, enjeu majeur du programme de réformes économiques du pays. Pour le FMI, une fiscalité plus équitable et mieux ciblée permettrait non seulement de consolider les finances publiques, mais aussi d’améliorer la gouvernance et la transparence budgétaires, conditions essentielles à la soutenabilité de la croissance gabonaise.

















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