Gabon : Des policiers confondent le matériel archéologique d’une étudiante avec de la drogue
À Libreville, une étudiante gabonaise en archéologie a frôlé la prison en raison de l’excès de zèle ou de la méconnaissance de certains agents de la police nationale. Interrogée sur deux jours successifs, en compagnie d’autres personnes, dont un chauffeur, elle cherchait simplement à récupérer son colis composé notamment de pierres que les fins limiers ont assimilées à de la drogue.

Une vue du matériel de recherche archéologique qui a été confondu avec des lots de stupéfiants par les policiers. © GabonReview
C’est une histoire à peine croyable qui est arrivée à Marie Josée Angue Zogo, doctorante en archéologie. Il y a une semaine, la jeune gabonaise a été confondue à un dealer de drogue, faisant ainsi les frais de l’excès de zèle de certains agents de la police nationale. À moins que ceux-ci se soient involontairement fourvoyés. Ce qui est peu probable. Quoi qu’il en soit, sa mésaventure rocambolesque soulève des questions sur les pratiques policières et la méconnaissance du patrimoine scientifique au Gabon.
Tout commence lorsque son beau-frère est envoyé récupérer un colis en provenance de France. Après plusieurs contrôles routiers, le véhicule est arrêté au carrefour Hassan, dans le 4e arrondissement de Libreville. Les papiers du véhicule et des passagers sont en règle, mais un agent décide d’ouvrir l’une des valises contenant du matériel lithique — des pierres taillées utilisées dans ses recherches. L’agent suspecte immédiatement la présence de drogue.
«[les policiers] ont embarqué tous mes colis (micro-onde, air fryer, groupe électrogène et les trois valises) ainsi que le chauffeur du TM et mon beau-frère», raconte l’étudiante sur sa page Facebook au nom de Bilame Déesse.
Entre incompréhension et intimidation

Des exemples de pierres assimilées par des policiers à de la drogue. © D.R.
Informée de la situation, Mlle Angue Zogo se rend au commissariat avec un document du Centre national de la recherche scientifique et technologique (Cenarest) autorisant la sortie du matériel archéologique du Gabon. Malgré ses explications, elle se heurte à l’incompréhension de la colonelle en poste. «Donc, tu veux dire qu’on est bête ? On ne connaît pas l’archéologie ? Moi j’ai fait archéologie à l’UOB… Mais nous avons vu une pièce d’identité gabonaise avec un nom qui n’est pas 100% gabonais… on a tout de suite trouvé ça suspect», aurait déclaré l’officier sous le ton de l’intimidation.
Pour preuve, à 22 heures ce vendredi 3 octobre 2025, alors même que tout montrait que les occupants du véhicule intercepté ne transportaient aucun produit ou matériel illicite, le capitaine en charge de l’enquête a annoncé que les trois personnes sont officiellement placées en garde à vue. Motif ? Aucun. «Je lui demande le motif de la garde à vue, il me dit [qu’] il ne sait pas», déplore la chercheuse qui dit avoir refusé de céder à ce qu’elle perçoit alors comme une tentative de corruption.
Le lendemain, les valises sont enfin ouvertes en présence de représentants scientifiques, dont son directeur de thèse et un collègue de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN). Les pierres sont examinées, confirmant leur nature archéologique. Pourtant, rien n’y fait. Les affaires de Marie Josée Angue Zogo ne lui sont restituées qu’à 16h57.
Ce n’est pas la première fois que Bilame Déesse se dit victime d’abus. Elle évoque un précédent incident impliquant une amende versée à un procureur alors qu’elle avait été braquée. Malgré tout, elle reste déterminée à poursuivre son engagement scientifique et citoyen : «Vous n’allez pas me décourager à travailler dans mon pays. Je vais rentrer et on va jouer à ce jeu», annonce-t-elle. Et de conclure : «La prochaine fois, je déposerai plainte même si je dois perdre mon argent !»
Au Gabon, le crack, une drogue cuisinée à partir de la cocaïne, majoritairement fumée par les jeunes des quartiers sous intégrés de la capitale pour ses effets psychiques rapides, est appelé « caillou ». Comment les policiers, formés à la reconnaître, auraient-ils pu se tromper à ce point ?

















3 Commentaires
Cela montre le reflet de l’ignorance, de l’incompétence, de l’inculture de certains « tristes » personnages possédant un certain pouvoir, même s’il est minime pour montrer qui est le chef et qui décide. Heureusement que l’imbécilité ne tue pas; si tel était le cas, un très grand nombre de personnes de ne seraient plus en ce monde
Comme c’est étonnant…!
STUPÉFIANT ! 🥸