Alors que la Poste gabonaise devait entrer dans l’une des phases cruciales de sa modernisation avec l’ouverture publique, le mercredi 30 mai 2012, l’événement a été annulé in extremis. Tout avait pourtant été mis en œuvre et les convives (invités venus des autres institutions postales du monde) avaient déjà pris place à la tribune d’honneur et le buffet dressé pour la cérémonie.

L’attente aura été longue pour l’inauguration de la Postebank qui devrait marquer ainsi un nouveau palier franchi par la Poste gabonaise qui poursuit sa marche vers la modernisation structurelle et infrastructurelle. La cérémonie a été reportée sine die.

Selon des sources internes de la poste, le tapis rouge qui avait été déroulé était réservé au président de la République. Or, au fur et à mesure que la cérémonie, annoncée pour 10 heures du matin, prenait du retard, d’autres sources ont annoncé que, finalement, c’était le Premier ministre qui allait présider l’inauguration, avant que finalement d’autres n’affirment à leur tour que ce serait plutôt le ministre de la Communication, de la Poste et de l’Économie numérique ou son ministre délégué.

La confusion a ainsi duré plusieurs heures avant que le Président directeur général de la Poste SA, Alfred Mabicka, ne rompe le silence en s’adressant solennellement à ses invités. Un panel de personnalités au titre des quels le représentant de l’Union postale universelle, la directrice de la stratégie centrale à la Banque postale française, les présidents des Banques postales du Cameroun, de Poste finance du Sénégal, le président directeur général de la Poste de la RDC et le directeur général de la Poste du Sénégal,  avaient déjà fait entorse à leur agenda, avec plus de trois heures d’attente pour cette ouverture.

Se livrant, Alfred Mabicka a laissé entendre : «Vous vous doutez bien. Vous êtes là depuis 10 heures pour certains et pour d’autres depuis peut-être 9 heures. La cérémonie telle qu’elle a été prévue ne peut se dérouler dans les mêmes conditions. Les calendriers des autorités politiques nous amenant à suspendre la cérémonie. Le Premier ministre préoccupée par les délégués des écoles et des universités, le président pour une conférence à Brazzaville au Congo, ayant quitté Libreville depuis peu, vous me comprendrez, je vous présente tous nos excuses. Nous n’allons pas procéder à cette ouverture tel qu’initialement prévue».

Il a, en outre, raconté une anecdote, vécu du temps où il occupait les fonctions de ministre de la Jeunesse et des Sports. Une autre façon, selon certains invités, de dire ce qui arrivait à cette manifestation. «Alors ministre de la Jeunesse et des Sports, j’avais fait réhabiliter la fête de la jeunesse parce que du temps où nous étions jeunes et écoliers, c’était un grand jour de fête. Et après les accords du conseil des ministres, nous avons organisé, mon collègue de l’Éducation nationale et moi, un grand rassemblement au stade de Libreville (40.000 places). Les tribunes étaient pleines. Le cérémonial était lancé parce qu’il y avait les signes du pouvoir (la fanfare et les tapis rouges). Quand soudain, on me dit que le président n’arriverait pas. Ce n’est pas une occasion comme celle-ci. Nous étions obligés, M. Engongah (alors ministre de l’Éducation) d’assurer à la place de monsieur le président tout le process du protocole. Mais il y avait les élèves. Et puis au journal de 20 heures, les images passent: le président Bongo (Omar Bongo) m’appelle et me demande s’il s’agit de la cérémonie de l’année dernière ou de cette année. Je lui dis, non monsieur le président, cela s’est passé ce matin. Il me répond «Diantre ! On m’a dit qu’il n’y avait personne au stade. Et c’est pour cela qu’on n’a pas déclencher mon arrivée. Je suis sûr, si intelligent, si clairvoyant et politique qu’il était, qu’il a dû tirer les conséquences», a-t-il raconté.

Le message en filigrane, lancé par le PDG de la Poste gabonais, a été compris. A qui pourrait bien bénéficier ce que des personnalités sur le site qualifiaient déjà de boycott?  Comment n’a-t-on pas pu, à tous les niveaux, cordonner cet événement qui devait automatiquement rehausser l’image du Gabon ? Est-cela l’administration performante qu’exige le chef de l’État Ali Bongo Ondimba?

Avec la présence des hautes personnalités qui sont venues représenter leur pays à cette ouverture de la Postebank gabonaise, on peut s’imaginer que le Gabon vient de perdre une occasion de passer pour un partenaire fiable et sérieux.

 
GR
 

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