Ces derniers jours, comme par le passé d’ailleurs, Lambaréné a été confrontée à de fortes inondations ayant fait plusieurs sinistrés. Gabonreview s’est rapproché du patron de la Direction générale des écosystèmes aquatiques (DGEA) pour connaître les causes de ce phénomène récurrent. «On ne s’en rend parfois pas compte, mais l’Ogooué passe par Lambaréné. Ce fleuve draine les eaux qui passent par Lambaréné et proviennent de 73% du Gabon», a expliqué Jean Hervé Mve Beh qui préconise l’élaboration d’une carte des zones inondables et des zones à risques d’inondation dans la ville du Grand Blanc, où d’autres inondations sont à venir. 

Jean Hervé Mve Beh pendant son interview, le 28 novembre 2022 à Libreville. © Gabonreview

 

Gabonreview : Comment expliquer les inondations à Lambaréné ? 

Jean Hervé Mve Beh : Il y a un peu de tout. Dans un cycle climatique très long, il y a effectivement ce qu’on appelle les inondations centenaires et millénaires. À cela s’ajoute le fait que nous sommes aujourd’hui dans les changements climatiques, qui vont se traduire au Gabon par une abondance d’eau. Et donc, si on doit faire de l’adaptation, on doit s’adapter au fait que le Gabon va avoir de plus en plus d’eau. Et on doit donc adapter tout ce qu’on fait : urbanisation, la façon de construire les routes, l’agriculture. Donc, nous sommes là face à un évènement malheureux, mais naturel. Ce qu’il faut simplement remarquer, c’est le fait que cela arrive à des périodes rapprochées. Parce qu’en 2019, on avait déjà eu des inondations. On en a eu un tout petit peu aussi en 2020. Donc, l’espacement entre des inondations aussi importantes est en train de se raccourcir. 

Cette situation est-elle spécifique à Lambaréné ? 

On ne s’en rend parfois pas compte, mais l’Ogooué passe par Lambaréné. Ce fleuve draine les eaux qui passent à Lambaréné et qui proviennent de 73% du Gabon. Cela veut dire que si une goutte d’eau tombe à Mbigou, Franceville, etc., celle-ci va passer par Lambaréné. Et c’est ce qu’on observe : les gens sont étonnés qu’il ne pleuve pas à Lambaréné, mais voient de l’eau. Celle-ci peut venir de la Ngounié, de la Louétsi, etc.

Comment gérer cette situation ? 

Il faut déjà faire le constat qu’on va avoir de plus d’eau. Et quand vous regardez à Lambaréné, beaucoup de personnes sinistrées vivent dans des endroits qui sont restés longtemps inhabités. Et donc, si vous regardez derrière la Tribune officielle ou à côté de la station Oil Libya, tout le monde sait, au regard de la végétation, que ce sont des zones inondables. Ce qu’on doit faire, c’est établir une carte des zones inondables et des zones à risques d’inondation, car ce n’est pas la même chose. Les premières s’inondent à la moindre grosse pluie, tandis que les secondes s’inondent du fait d’une situation exceptionnelle. Toutes ces zones doivent être complètement définies et on doit s’assurer que plus jamais personne n’y développe d’infrastructures ou n’y habite. C’est surtout ça qu’il faut faire et cela va nous permettre de régler une grande partie du problème, qui va faire en sorte que les compatriotes ne se retrouvent pas les pieds dans l’eau quand on a une inondation extraordinaire. 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Shaq Hilaire dit :

    Bonne analyse et bonne piste de solution

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