Loi de finances 2026 : le Gabon ose la refondation budgétaire par la méthode du “zéro base”
Pour la première fois de son histoire, le Gabon adopte un budget construit à partir de zéro, où chaque dépense doit être justifiée par son utilité et son impact. Derrière cette approche inédite, l’ambition affichée du président Brice Clotaire Oligui Nguema : transformer la gestion publique en un instrument de performance et de souveraineté économique.

Au Gabon, le budget 2026 marque le passage du pilotage comptable au pilotage stratégique de l’État. © GabonReview
À l’heure où nombre d’économies africaines peinent à concilier ambition sociale et rigueur budgétaire, le Gabon fait le choix audacieux de réinventer sa méthode de planification. Loin des replâtrages comptables et des budgets reconduits par habitude, Libreville tente de poser les fondations d’une gouvernance publique fondée sur la rationalité, la transparence et la mesure des résultats. Un pari risqué, certes, mais porteur d’une promesse : celle d’un État enfin maître de ses choix économiques.
Le pari du réalisme stratégique
Le projet de loi de finances 2026 se veut l’acte fondateur d’un État stratège. En rompant avec la logique de reconduction automatique des dépenses, le gouvernement introduit une discipline nouvelle : chaque franc dépensé devra désormais répondre à un objectif mesurable. Ce “budget base zéro” (BBZ) incarne un changement de paradigme. Il s’agit moins d’un simple exercice comptable que d’une révolution culturelle de la gouvernance publique, où la transparence et la rationalité économique deviennent les nouveaux étalons de l’action de l’État.
Les 7 233,3 milliards de FCFA prévus – en forte hausse par rapport aux 4 204,9 milliards de 2025 – traduisent cette volonté de redéploiement économique. Près de la moitié du budget, soit plus de 3 300 milliards, sera consacrée à l’investissement public, signe d’une stratégie volontariste pour relancer la machine productive. La croissance attendue, à 7,9 %, repose sur un redémarrage soutenu du secteur hors pétrole, sur la relance forestière et sur des projets structurants ancrés dans les priorités nationales : eau, énergie, logement, emploi des jeunes et infrastructures numériques.
Une audace budgétaire assumée
L’ampleur de l’effort budgétaire pourrait paraître risquée à certains observateurs. Mais elle traduit, avant tout, la confiance du gouvernement dans la capacité du pays à mobiliser ses ressources internes et régionales. En privilégiant le marché financier de la CEMAC et les financements sécurisés, l’exécutif entend maîtriser son endettement tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis des bailleurs extérieurs.
Ce volontarisme s’accompagne d’une réforme profonde de la fiscalité : digitalisation, fin des exonérations abusives, meilleure collecte des recettes et contribution accrue des entreprises publiques au Trésor. C’est une approche cohérente, centrée sur la souveraineté financière et la rigueur d’exécution, deux conditions essentielles pour restaurer la crédibilité budgétaire du pays.
Au-delà des chiffres, c’est une philosophie de l’action publique qui se dessine : bâtir un État sobre, performant et redevable. Le succès de cette refondation dépendra moins du montant des allocations que de la constance avec laquelle le Gabon appliquera ses propres règles. Mais si le pays parvient à tenir le cap, 2026 pourrait bien marquer le point de bascule vers une véritable économie de responsabilité et de résultats.

















1 Commentaire
Le destin du territoire national érigé en Gabon, tout autant que ses richesses, a été pétri et resté aux mains des ancêtres gaulois.
Résultats : pin-up, que dalle, nada mas…
En contrepartie, on se fait sermonner, à savoir qu’on ne sait pas gérer les miettes que l’on reçoit en contrepartie des richesses titanesques tirées des accords léonins imposés.
Bravo, il faut effectivement oser