Sommées de respecter le dispositif gouvernemental (couvre-feu, port du masque dans les lieux publics, interdiction de nombreuses activités…), les populations se sentent abandonnées à leur sort, mal à l’aise dans leur vie de tous les jours.

Un éventuel reconfinement du Grand-Libreville serait perçu comme la preuve d’une instrumentalisation de la crise sanitaire à des fins politiciennes. Au-delà, on pourrait y voir le signe d’une indifférence au quotidien de nombreuses familles. Le gouvernement laisse le sentiment d’agir, non pas pour le bien-être des populations mais, pour soigner son image au plan international. © Le Parisien

 

Entre le marteau des décisions édictées depuis le sommet de l’Etat et l’enclume des difficultés sociales subséquentes. Ainsi, pourrait-on résumer la situation du petit peuple. Jamais ces populations ne sont senties aussi abandonnées à leur sort, aussi mal à l’aise dans leur vie de tous les jours. Sommées de respecter le dispositif gouvernemental (couvre-feu, port du masque dans les lieux publics, interdiction de nombreuses activités…), elles doivent aussi faire face à la dégradation de leurs conditions d’existence. A la fois désespérante et mortifère, cette double menace sape la confiance et le moral. De ce point de vue, un éventuel reconfinement du grand Libreville serait perçu comme la preuve d’une instrumentalisation de la crise sanitaire à des fins politiciennes. Au-delà, on pourrait y voir le signe d’une indifférence au quotidien de nombreuses familles.

Paupérisation et mal-être

Après la fermeture des lieux de détente, l’interdiction du commerce de friperie plonge de nombreux compatriotes dans le désarroi. Après les tenanciers de bars et night-clubs, de nouveaux acteurs de l’économie populaire se voient privés de leurs sources de revenus. A travers ces décisions, le gouvernement dit lutter contre la covid-19. Mais, en absence de mesures d’accompagnement, il œuvre plutôt à la paupérisation et au mal-être de nombreuses personnes. Se satisfaisant d’user de notions à la mode, il laisse le sentiment d’agir, non pas pour le bien-être des populations mais, pour soigner son image au plan international. Reprenant le discours de la presse internationale, il se pose en relais du catéchisme de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). A la fin des fins, il se refuse à évaluer les conséquences de sa stratégie, se  contenant de serrer la vis toujours un peu plus.

Pourtant, comme on l’a vu lors de l’apparition du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ou lors des poussées de fièvre hémorragique à virus Ebola, nos populations sont assez mâtures pour faire face à la covid-19.  A cet égard, il convient de faire le pari de la responsabilité individuelle et collective. S’il venait à renoncer à l’autoritarisme, le gouvernement serait bien obligé de rechercher l’adhésion populaire. Forcément, il s’engagerait dans une campagne d’information, d’éducation et de communication. Il se verrait contraint de chercher à concilier protection des droits civils et politiques, d’une part, et valorisation des droits économiques sociaux et culturels, d’autre part. Or, à ce jour, les droits humains, de première comme de deuxième génération, sont malmenés au nom de la lutte contre la covid-19.

L’économie populaire se meurt

Depuis bientôt un an, les populations vivent sous un régime d’exception. Théoriquement, il s’agit de lutter contre une catastrophe sanitaire. En pratique, le dispositif est celui d’une crise sécuritaire. Dans les rues, les hommes en armes dictent leur loi, s’autorisant à donner des leçons de médecine préventive, y compris à des professionnels de la santé. Pendant ce temps, l’économie populaire se meurt, au grand désespoir du petit peuple. Comme si les conditions de vie des populations importaient peu, les mesures d’accompagnement ont très vite été rangées au rayon des promesses non-tenues. Contrairement aux engagements d’Ali Bongo, l’Etat n’est toujours pas aux côtés de «ceux qui (…) ont subi les conséquences de la crise de la Covid-19.» En clair, il n’est toujours pas question «d’accélérer pour renforcer notre économie, notre système social, notre système de santé et d’éducation», encore moins d’œuvrer à l’amélioration des «conditions de vie au quotidien. » Sont toujours attendues, les mesures relatives à « l’activité économique, (…) (aux) activités sociales, comme les cultes ou le sport, indispensables au bien-être du corps comme de l’esprit

Confrontées à la covid-19 et aux conséquences des mesures prises par le gouvernement, les populations ne savent plus où donner de la tête. Plus le temps passe, plus elles ont le sentiment d’avoir une seule et unique option : mourir de faim en tentant d’échapper à la covid-19. Est-ce bien l’offre du gouvernement ? En tout cas, son plan de riposte n’a rien d’émancipateur. Bien au contraire. Infantilisant, il ne fait pas de place à l’imagination et à l’activité créatrice. Si elle entend mener de front le combat contre la covid-19 et la lutte pour le progrès humain, l’équipe Ossouka Raponda doit sortir de cette camisole de force tout en songeant à la responsabilisation individuelle et collective.

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GR
 

4 Commentaires

  1. Cheriph Angoundou dit :

    Je pense que ce gouvernement n’est plus crédible. Dès fois je m’interroge sur les critères de choix des ministres dans des secteurs sensibles comme la santé, l’éducation,l’emploi et sécurité. Ce gouvernement ne pense qu’ à lui-même en imposant des mesures sans moyen de survie. Aucune mesure pour ceux qui vive de la vente friperie. S’ils avaient pensés au peuple., une étude de faisabilité devrait être ténu et des facto des mesures d’accompagnement devraient être rendu public; mais hélas. Le peuple gabonais subit seulement.
    La mairie n’est pas capable de fournir au gouvernement l’identification des occupants des marchés car plusieurs vendeurs ne se font pas enrôler, juste payer le ticket journalier. Ce gouvernement peut s’en servir comme excuse…

  2. Lavue dit :

    Rien de surprenant. C’est tout le problème de la légitimité. ALI BONGO et son équipe savent très bien qu’ils ont un problème de légitimité à la tête du pays, que l’Union Européenne avait très clairement dénoncé. Le Gabon est resté un bon moment au banc des pays voyous. Le temps a passé, L’Union Européenne a mis un peu d’eau dans son vin et le Gabon cherche toute occasion pour s’afficher comme un pays sérieux. La COVID-19 ne pouvait pas mieux tomber. Le copiage, le mimage des mesures prises en France est tellement grossier, que le ridicule frappe tout de suite aux yeux.

    Mais dans le fond, c’est la qualité des hommes qui dirigent le Gabon qui est en cause.
    Le faible niveau intellectuel et de personnalité d’ALI ajoutés à son handicap mental et physique nés de l’AVC font que sur lui, y a rien à attendre. Qui dans son entourage a l’étoffe d’un homme ou d’une femme d’Etat? Le pays est dans les mains de petites gens, attirés par l’appât du gain. Les parlementaires l’ont démontré à plusieurs occasions, et que pouvons à plus forte raison attendre du gouvernement dont les membres sont choisis par le clan ALI BONGO. Rien de bon.
    Le salut du pays ne viendra que par la fin de ce régime minable. Cela passe par l’émancipation financière des Gabonais. On peut devenir riche sans passer par les circuits politiques qui n’ont rien apporté du durable au pays et qui vous tiennent en otage toute la vie. Aujourd’hui qui adhère au PDG pour une quelconque idéologie? On y va pour le ventre et ça c’est vraiment triste pour la pays.

  3. Teed dit :

    Après nous avoir mis au chômage grâce à leurs mesures d’accompagnement,à savoir les amandes et sanctions. Ancien employé d’Averda Environnement Gabon. L’Etat gabonais et son gouvernement prévoyant nous a donné les moyens de la dépression, qui tuent plus rapidement que la covid 19.

  4. Ken dit :

    Grosse bandes d’ignorants… arrêtez de suivre la France, nous ne Sommes que les « Gabonais » avec 267667km2 le covid va nous exterminer
    Penser aux peuples arrêter d’être égoïstes!!
    Remettez nous aux moins le couvre-feu à 22h
    Ils faut bien payer des factures loyer…l’état ne fait absolument rien pour aider les personnes diminuées, pas seulement acheter le peuples avec un sachet de riz une bouteille d’huile du sel »350f »

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