Le gouvernement a confirmé l’ensemble des mesures contenues dans l’arrêté n° 559/PM du 25 novembre 2021. Cette décision accorde un régime préférentiel aux vaccinés, créant une citoyenneté à double vitesse.

«En quoi une personne non vaccinée munie d’un test PCR trouble-t-elle l’ordre public?», se demande le Copil citoyen. © Gabonreview

 

De toute évidence, la confirmation de l’ensemble des mesures contenues dans l’arrêté n° 559/PM du 25 novembre 2021 a semé panique et colère, poussant les uns à se faire vacciner, obligeant les autres à se radicaliser. Peu importe le ressenti du gouvernement, ces réactions s’expliquent par la perspective de ne plus pouvoir accomplir certains gestes de la vie courante. Après tout, à compter de ce jour, il faudra montrer patte blanche pour avoir accès aux administrations publiques et entreprises. Autrement dit, seules les personnes présentant un schéma de vaccination complet ou un test PCR négatif de moins de 14 jours pourront vaquer à leurs occupations. C’est dire si les gens sont condamnés ou à se soumettre ou à accepter une inéluctable mort sociale.

Régime préférentiel accordé aux vaccinés

Faisant fi des réserves et craintes et critiques entendues çà et là, le gouvernement a fait le choix de l’obligation vaccinale. Et tant pis s’il ne maîtrise pas les conséquences à long terme de cette vaccination de masse ! Tant pis si d’aucuns y voient une atteinte aux libertés fondamentales, notamment à l’inviolabilité du corps humain !  Tant pis si le Copil citoyen dénonce des mesures discriminatoires, contraires au «principe de l’égalité des citoyens devant la loi» et susceptibles de consacrer une citoyenneté à double vitesse en soumettant «ceux qui sont vaccinés et ceux qui ne le sont pas» à des régimes juridiques différents ! Se voulant droit dans ses bottes, l’exécutif reste fidèle à sa communication du 27 octobre dernier. Mais cette insistance n’apporte aucune réponse aux questions soulevées par l’opinion publique. Bien au contraire. Plus le temps passe, plus on se demande si le régime préférentiel accordé aux vaccinés n’est pas attentatoire à l’Etat de droit.

Comme le font remarquer Jean-Valentin Léyama et Geoffroy Foumboula Libéka Makosso, les conditions de circulation à l’intérieur du pays soumettent «les personnes non vaccinées à une double peine : la présentation d’un test PCR négatif et une autorisation spéciale du ministère de l’Intérieur.» «En quoi une personne non vaccinée munie d’un test PCR trouble-t-elle l’ordre public ?», se demandent-ils. Or, ajoutent-ils, «(en) l’état actuel des connaissances (…), la personne vaccinée peut être contaminée comme elle peut aussi transmettre le virus». A travers leur saisine de la Cour constitutionnelle, les deux compères posent une question simple : «Vaccinés et non-vaccinés détenteurs de tests PCR négatifs ne devaient-ils pas être logés à la même enseigne ?» Concrètement, ils cherchent à comprendre pourquoi les personnes vaccinées sont-elles exemptées du couvre-feu quand les détenteurs d’un PCR négatif y sont soumis ? De même, ils s’inquiètent pour les travailleurs non-vaccinés, désormais menacés de licenciement.

Mutisme sur les critères d’inéligibilité

Par ailleurs, des personnes non éligibles existent. Comment les identifier ? Quelles mesures spécifiques pour elles ? Sont-elles obligées de se soumettre au vaccin, au risque d’aggraver leurs cas ou de faire des bonds dans l’inconnu ? Ne fallait-il pas concevoir un certificat d’inéligibilité ? En France, un décret fixant la liste des contre-indications à la vaccination a été pris. Pourquoi le gouvernement ne s’en est-il pas inspiré ? Quel sort réserve-t-il aux personnes souffrant d’allergies, de maladies auto-immunes ou de problèmes immunitaires ? «L’arrêté n° 559 demeure étrangement muet sur cette catégorie de citoyens, ce qui risque de leur compliquer l’existence», déplore encore le Copil citoyen, comme pour apporter une preuve supplémentaire du caractère discriminatoire du pass sanitaire. S’il espère convaincre de sa détermination à «protéger la vie des Gabonais», le gouvernement doit répondre à cette question.

Pour l’heure, l’exécutif peine à convaincre. Sur la pertinence de sa stratégie, comme sur ses objectifs réels, tant de doutes subsistent. Si le vaccin est une option, le test PCR en est une autre. Pourquoi le gouvernement privilégie-t-il la première ? Au nom de la dignité de la personne humaine, les gens doivent jouir de leur libre-arbitre.  Ils doivent être traités de la même manière, indépendamment de leur état de santé ou de leur condition sociale. Or, en gardant le mutisme sur les critères d’inéligibilité, en mettant fin à la gratuite des tests, en offrant aux vaccinés des droits spécifiques, l’exécutif a établi une discrimination fondée sur trois critères : la maladie, l’argent et l’objection de conscience. Pour toutes ces raisons, le verdict de la Cour constitutionnelle est attendu avec impatience.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Citoyen Observateur dit :

    Bonjour ,

    votre article est claire pertinent , mais malheureusement il n’aura pas l’objectif escompté « sensibiliser » l’EXECUTIF et ceux qui aveuglement sont des bastions de cette mesure certes salutaire mais pleines d’irrégularités dans la forme et dans le fond.

    la cour constitutionnelle ne fera rien ne vous attendez à rien , elle validera tout ce qui a été dit; merci pour le travail pour vos articles qui nous font croire souvent en vous lisant que nous vivons dans un pays ou il y a la liberté d’expression , ou les medias sont une force un pilier , un levier pour faire fléchir le « ROI » quand il abuse de son autorité ,quand il fait fit de la sensibilité bafouée et des libertés de son peuple…
    ici ça n’existe pas chers compatriotes! aucun de vos articles bien que virulents sans prise de partie politique , ne pourra faire quoi que ce soit… c-a-d les amener à se reconsidérer dans leur prise de décisions. Nous sommes un peuple dompté et resigné.
    Au sujet du « COVID » particulièrement chez nous , il faut se demander jusqu’ou ils iront ?pour quelles raisons voudront-ils un jour lever toutes les mesures ( port du masque , couvre-feu , test , vaccin etc ) quand toute la population sera vaccinée? ou la majorité? ce qui reste une donnée quasi impossible à atteindre vu le climat social… peut-être en 2023 ? ils vont offrir à nouveaux des tests PCR gratuits pour flatter le choix électoral des populations? sans doute; en 2023 le corona sera vaincu au Gabon à faire à suivre!

Poster un commentaire