La ministre déléguée auprès du ministre de la Prévoyance sociale et de la Solidarité nationale, revient sur le rapport McKinsey ainsi que les implications juridiques et institutionnelles de la mise en œuvre de la stratégie d’investissement humain et les Assises sociales.

Marie Françoise Dikoumba, le 4 août 2014. © Gabonreview
Marie Françoise Dikoumba, le 4 août 2014. © Gabonreview

 

Gabonreview : En février dernier, le cabinet McKinsey & Company a rendu un rapport sur la pauvreté et la précarité au Gabon. Depuis, des mesures ont été prises. Quelle est l’implication de votre ministère dans l’application de celles-ci ?

Marie Françoise Dikoumba : Sur la base des informations recueillies dans le rapport McKinsey, au niveau du ministère de la Prévoyance sociale et de la Solidarité nationale, nous nous sommes interrogés sur les moyens à mettre en œuvre pour venir en aide aux populations vulnérables, afin de réduire au mieux la fracture sociale mise en exergue. Pour ce faire, nous nous sommes servis des exemples d’autres pays tels que le Brésil où la Bolsa Familia du président Lula da Silva a permis de relever les indicateurs socio-sanitaires, notamment en matière de mortalité maternelle et infantile, d’accès à la scolarité et aux soins de santé sous certaines conditions. De même, l’exemple du Maroc ou du Rwanda nous a permis d’envisager la mise en place d’autres mécanismes basés non seulement sur l’aide sociale mais aussi sur des politiques d’autonomisation axées sur des activités génératrices de revenus pour les personnes et des projets identifiés.

Ainsi, contrairement à ce qui se faisait sur le plan national avec les seules distributions d’aides sans contrôle et sans contrepartie, nous avons déployé une stratégie à quatre (4) volets dont le premier est un filet de protection économique. Celui-ci nous permettra de distribuer des aides aux 7 cibles jugées les plus vulnérables. Il s’agit notamment des familles avec enfants, les femmes seules avec enfants sachant qu’elles ont des besoins plus spécifiques, des personnes âgées, des handicapés, des veuves, des orphelins et enfants des rues, ainsi que des étudiants isolés. A ces cas spécifiques, nous distribuerons des allocations de rentrée scolaire, des allocations familiales à un montant relevé, qui seront d’ailleurs distribuées depuis le 5 août dernier sur l’ensemble du territoire national.

Quid des étudiants dits isolés ?

Au sujet des étudiants dits isolés, il s’agit en fait d’étudiants non boursiers vivant loin de leur famille, et nous en dénombrons plusieurs. D’aucuns, issus de localités reculées sont inscrits dans des universités et grande écoles de Libreville ou même à Franceville sans aucun parent et sans aucun revenu propre. Ce qui a des conséquences sur leurs études et notamment sur leurs résultats. Ceux-là seront désormais pris en compte dans les différentes aides que nous mettons en place. Un appel sera lancé à cet effet dans les mois à venir pour les inciter à se rapprocher de nos services.

Est-ce là une initiative du ministère que vous représentez ou celle de la Caisse nationale de maladie et de garantie sociale (Cnamgs) ?

Sur ce projet précis comme dans nombre d’autres, nous travaillons sur la base de nos propres initiatives, et en dehors de la Cnamgs. Dans la stratégie d’investissement humain, il a été mis en place le cadre normatif qui concerne exclusivement les organes de gestion et les organes de pilotage. Pour les premiers, il s’agit d’un Comité national présidé par le Premier ministre. En dessous, nous avons le comité technique national et les comités provinciaux. Après ces derniers, arrivent les organes tels que la Cnamgs qui est chargée de liquider les filets de protection comme elle faisait déjà pour les allocations familiales, les primes de rentrée scolaires et les layettes aux Gabonais économiquement faibles, avant de se voir transférer d’autres.

Et qu’en est-il des autres volets stratégiques mis en œuvre par votre département ministériel ?

En dehors du filet de protection économique, notre étude nous a conduit à la création d’une aide basée sur le soutien et le financement des activités génératrices de revenus qui vise l’autonomisation des populations vulnérables. A côté de cela, nous avons un autre volet qui concerne l’accès des populations aux services sociaux de base. Il s’agit, là, d’un programme basé sur l’accès des individus présentés comme très vulnérables aux logements, à la scolarisation, à la santé et au transport. Et pour finir nous avons un volet axé sur une politique ciblée des travaux dont l’objectif est de concentrer les efforts sur des zones dites prioritaires.

Un exemple…

Dans l’étude faite avec McKinsey, nous avons vu qu’il y a des arrondissements de la capitale, des départements et des villages du pays qui, par exemple, sont en décrochage par rapport à la moyenne nationale. L’objectif est donc de concentrer les efforts dans ces zones, en matière d’infrastructures routières pour faciliter le raccordement d’une zone éloignée à une voie principale, d’infrastructures sanitaires et dans le domaine du logement. Un cas pratique : la mairie de Libreville travaille actuellement avec le cabinet McKinsey et le Comité technique national sur la question de la résorption de l’habitat précaire. L’objectif, bien entendu, n’étant pas de raser tout un quartier pour construire de nouvelles maisons, mais de cibler, sur la base de critères et d’indicateurs bien spécifiques, les habitations dites très précaires, où l’Etat, dans le cadre de sa stratégie d’investissement humain, va concentrer ses efforts. On procédera donc, soit à la restructuration de ces logements soit à leur construction en faveur d’un individu ou d’une famille.

Au sortir des Assises sociales d’avril dernier, de grandes décisions ont été prises, où en sommes-nous ?

Au sortir des Assises sociales, le président de la République a pris un certain nombre de décisions, notamment celle de mettre à disposition un financement de 250 milliards de francs CFA sur trois (3) ans. Ce qui signifie que 85 milliards serviront à financer les filets de protection économique et activités génératrices de revenu. Le cadre ayant été pris, nous savons désormais quels sont les institutions et organes qui devront être mis en place. Et sur cette base, à notre niveau, un collectif budgétaire a été commandité pour budgétiser la stratégie d’investissement humain du Gabon et tenir compte des mesures qui ont été prises par le président de la République.

A ce jour, ce collectif budgétaire a financé la stratégie d’investissement humain en fonction du prorata temporis des mois restants. C’est-à-dire que nous avons environ 31 milliards de francs CFA qui ont été inscrits dont 10,8 milliards dans la loi des finances rectificatives et une vingtaine de milliards dans les premiers projets. Des financements qui ont donc permis de mettre à disposition un montant de plus de 5,4 milliards pour le paiement des allocations familiales de près de 172 000 enfants.

D’autres projets sont-ils à prévoir ?

Justement. A partir de septembre nous lancerons la prochaine phase d’immatriculation des Gabonais économiquement faible que j’invite à se présenter nombreux aux différents services dédiés, au moment venu, parce que c’est la première condition sine qua non pour bénéficier non seulement des filets de protection mis en place pour eux mais également pour être pris en compte dans le programme basé sur les activités génératrices de revenu.

En somme, vous voyez que ça bouge de notre côté. Après les décisions prises par le président de la République, nous avons mis en œuvre certains mécanismes de résorption du phénomène de la pauvreté et de la précarité au Gabon. Nous sommes donc partis de l’étude à la remise au gouvernement d’un document rapportant les résultats de ladite étude, tout en déclinant la stratégie, le cadre normatif pour permettre le déploiement de cette stratégie sur la base du collectif budgétaire récemment mis en place.

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Interessant,vivement que cela soit effectif que l’on voit les resultats palpables sur le terrain avec des temoignages des populations a l’appui,qui vivra verra.

  2. Michel Al dit :

    Voila un article qui necessite des commentaires si c’etsit un opposant qui parlait on allait avoir plus de 1o commenataires.

    Le problème au Gabon c’est qu’on copie les autres pays mais parfois sans savoir comment les dirigeants de ces pays ont fait ?

    le Cas du Bresil c’est ce sont les deputés qui lutent pour voter ce genre de projets au Gabon tout c’est le president qui doit decider. Le Gabon a seulement 1500000 hbts donc le problème social devrait être facil à resoudre. Les montants de 4 à 5ooo par enfant c’est vraiment insuffisant le coût de vie est élevé.au moins 30000 à 45000 par enfant. Mettre les restaurants communautaires pour permettre que la population mange bien.

    En France il existe la bourse critère social mais au Gabon le pauvre et le riche le même critère et les personnes qui sont nommées à l’ANBG n’arrivent pas apporter des reformes pour aider ceux qui ont des parents pouvres .

    je fais un master 2 en ingénieurie electrique, mais je ne sias pas si je vais terminer, 2 fois que j’envoie les demandes de bourses tout justement pour me permettre de finir le master qui me reste que 5 matieres. l’Ambassade a deja ecrit pas de suite. c’est pour vous dire ces cas sont nbreux les étudaints abandonnés.la caisse de soutien que le president avait mis em place pour ce genre des cas on ne sait plus où est passé cette caisee?

    les informations les entreprises publient que telles vient de decouvre le gisement dans tel zone du pays , mais ou passe les revenus de ces richesses? ou il ya une categorie des personnes qui ont droit les autres non? Au Bresil le programme des logements sociaux la priorité est pour ceux qui gagnet le salaire minimum les ministres, deputés senateurs, sont excluent ils ne peuvent pas faire la demande, son salaire lui permet déjà de acheter ou construir un logement.Qui finance ces logements ce sont les banques on exige pas l’apport personnel comme cela se fait au Gabon ,le citoyens qui se declare pauvre fait la demande pour le logement.les logements sont très moins chers, c’est pas les 40.000.000 que l’ASNI exige sans oublier l’apport personnel.

    le Brésil a des restaurants communautaires, bolsa familia,bolsa alimentaire, Accès au logement propre, santé.bolsa d’études,
    Transport graduit pour les personne agées, enfants, élèves et etudiants. Tous ces programmes les ministres, deputés, senateurs, directeurs sont excluent avec toutes leurs familles ils ne peuvent beneficier.

    Au Brésil il ya la bolsa familia,et le salaire augmente chaque année ,les medias enquentent si l’argent debloqué pour le social est detourné les responsables seront denoncés par les medias et la justice autorise de bloquer les biens et vite fait ils sont en prison, est ce que au Gabon on a des moyens pour agir ???

    Ceux qui ont detourné les 400 milliards au Gabon sont tranquillent les comptes remplient.

    Le vrai problemem du Gabon c’est la DISTRIBUTION DES REVENUS,les inégalités sont tres loin de la realité.

    le travail manque de politiques des accompagnent à l’office national du Travail si vous partez leur poser la question de savoir combien des jeunes gabonais vont se formé cette année ou ceux qui ont deja trouvé le travail ? Ils ne vont pas donné les chiffres, la même chose à l’ANBG,

    Manque de publications statistiques, le Bresil fait ça chaque année nombre de famille qui sont sorti de la classe c pour la classse B de B àla classe A en matière de pauvreté.

    Et cette année les agences du travail pulbient le nombre des ejunes qui ont trouvé l’emploi, qui sont formés, dans 2 ans on aura 1000 fonctionaires qui vont preprent la retraite Tout est transparent , les salaires sont publier le citoyens peut rentrer dans le site et consulter le salaires d’un minstre, deputé senateur, president, directeur, si le salaire augment vite fait la population cherche à savoir cette augmentation, Au Gabon tout c’est le secret.

    Il faudrait envoyer les fiches aupres des Ambassades , consulats pour les étudiants qui pourront en béneficier de cette aide quand la mesure sera mise en place. et faire en sorte que cet argent soit viré directement dans le compte de l’etudiant ,mais pas par l’ambassade.pour eviter les detournements, l’ambassade gere rien que les documents , mais me voit pas l’argent.

  3. Michel Al dit :

    Dans chaque ecole primaire colleges et lycée il y a des cantines pour permettre aux élèves de manger.Et c’est graduit le gouvernement qui construit des restaurants et refectoires.

    Il faudrait mettre en place l’agence ou service estatistique pour acccompagner tout cela.Et rendre public chaque semestre.

    Pour si la situation sociale a changée ou évoluée ou s’est estabilisée. Le cas de note IDH l’an passé était miuex que cette année. Comment changer ces indices?

  4. Le déflaté dit :

    Le paiement des allocations familiales par la CNAMGS, à mon sens, constitue simplement un effet d’annonce médiatique. Les populations sont en attente de la mise en pratique réelle de la nouvelle Stratégie d’Investissement Humain du Gabon, si tant le gouvernement a déjà mobilisé les fonds necessaires pour y faire face.
    Le volet 1 – Filets de protection économique et transferts solidaires aurait pour objectif de permettre aux plus démunis de subvenir à leurs besoins et à leurs soins alimentaires, sanitaires et éducatifs minimum, avec une forte conditionnalité. Les gabonais ont faim, ils veulent être pris en charge sur tous leurs problèmes de santé.A quand le démarrage effectif des programmes aux handicapés, les veufs et veuves, les orphelins, les élèves et étudiants isolés ?

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