Le retour en fanfare de l’ex-présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise fait resurgir la question des privilèges extraordinaires dont bénéficient les membres de cette institution. Voitures de fonction grand luxe, voyages à l’étranger, soins médicaux aux Etats-Unis… Ces avantages, loin de la réalité quotidienne des Gabonais, confirment le soupçon de partialité de la Cour. Face à la colère montante, le CTRI peut-il y mettre fin ou va-t-il entériner le statut d’intouchable de la très controversée «reine-mère» ?

Voitures de luxe neuves aux frais de l’État, soins médicaux aux USA et autres passe-droits scandaleux, la réapparition médiatique de l’ex-présidente de la Cour constitutionnelle a révélé l’ampleur des privilèges exorbitants dont bénéficient les membres de cette institution. © GabonReview/Dall-E

 

Le retour aux affaires de celle que certains surnomment la «reine-mère», «pierre angulaire» des victoires électorales de l’ancien régime, amène les Gabonais à s’interroger sur les avantages «hors normes» des membres de cette Cour. Il se trouve que, circulant sur les réseaux sociaux, des extraits de la Loi n°0004/2018 modifiant et complétant la loi organique de la Cour constitutionnelle, on apprend que «les anciens membres de la Cour constitutionnelle ont droit, tous les cinq (5) ans, à une dotation en moyens roulants prise en charge par le budget général de l’État». Les extraits du même texte de loi expliquent qu’«une contribution aux frais de voyage, deux (2) fois par an, à l’extérieur du territoire gabonais est accordée aux anciens membres de la Cour Constitutionnelle admis à la retraite».

«Cette contribution est imputée pour moitié sur le budget général de l’État et pour moitié sur le budget de la Cour Constitutionnelle», ajoute le document. Au-delà du matériel, les anciens membres et anciens présidents «dont la notoriété est reconnue par leurs pairs ou par les autorités de nomination sont présidents honoraire de la Cour constitutionnelle».  Sans doute de ce fait, lors de la dernière audience solennelle de rentrée, le 18 janvier dernier, il a été indiqué que l’ancienne présidente de cette juridiction, qui a passé quasiment 32 années en poste, se faisait soigner aux États-Unis d’Amérique (USA). Avec ses ayants-droits, elle avait droit à une couverture sanitaire exclusive aux USA. Tout cela indubitablement au frais du contribuable.

«Des extravagances qui crèvent les dépenses publiques»

Si on ne peut énumérer convenablement l’ensemble des avantages auxquels ont droit les membres et anciens membres de cette Cour, il reste que ces prérogatives sont largement décriées par la population. Pour beaucoup, ces privilèges expliquent pourquoi «la Cour constitutionnelle peine à donner des verdicts à la hauteur de la vérité ou de la réalité».

«Les membres actuels de la Cour constitutionnelle de la Transition jouissent-ils également de ces privilèges ? Le CTRI a-t-il mis fin à ces avantages indus ?», s’interroge-t-on sur les réseaux sociaux. «Ces privilèges n’ont pas lieu d’être. Ce sont des citoyens comme d’autres qui travaillent pour le pays. Les Gabonais tirent le diable par la queue pendant qu’on achète à quelques privilégiés des voitures et les soigne aux USA. C’est dommage pour un pays où on a longtemps prôné l’égalité des chances !», a fustigé un étudiant, commentant ces documents abondamment relayés sur les réseaux sociaux.

Fort de ce que le système sanitaire américain est parmi les plus dispendieux au monde, on en vient à se demander comment et surtout pourquoi l’État permet ce qui apparait pour nombreux comme «des extravagances qui crèvent les dépenses publiques». Toute chose portant au grand jour et marquant davantage des injustices que le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) devrait plutôt s’atteler à gommer.

Le commun des Gabonais peut-il continuer de baser son espoir sur le chef de file des militaires, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, au pouvoir depuis le 23 août au Gabon, censé ramener l’orthodoxie dans la gestion des biens et dépenses publiques ? L’élévation de Marie-Madeleine Mborantsuo à la dignité de «présidente honoraire», laisse penser que ces avantages ont été maintenus. Un message du peuple s’exprimant sur les réseaux sociaux est lancé au CTRI afin qu’il revoie sa copie sur ce cas accentuant les disparités au sein du peuple.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Jean Jacques dit :

    N’appelez tout ça des privilèges, ce sont des TRAITEMENTS GÉNOCIDAIRES contre la population, tpur ça pourquoi,pour VIVRE JUSQU’À 200ans ou échapper à la mort?

    Ça signifie tous les presidents des institutions ont des tels traitements,

    Les cyniques de la transition,instaurent des mesures criminelles de 12/20,pour continuer à donner ses traitements aux politiciens.
    C’est pour les diables ne veulent PUBLIER LES SALAIRES DE TOUT MONDE POUR LA TRANSPARENCE.

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