L’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN), épaulée notamment par la gendarmerie, a lancé dimanche une enquête visant à faire la lumière sur la mort de centaines de poissons sur le fleuve Ogooué début juillet. Un rapport «très urgent» de cette agence transmis au gouvernement situe le «phénomène» au sud de Ndjolé jusqu’à la ville de Lambaréné.

Des enfants commercialisant du poisson mort ramassé au lac Zilé à Lambaréné. © ANPN

 

Depuis dimanche, l’ANPN a lancé une «mission pour déterminer l’ampleur du phénomène» de poissons retrouvés morts sur l’Ogooué courant juillet, a déclaré à Gabon Review Guy-Philippe Sounguet, gestionnaire du site Ramsar (zone humide d’importance internationale) du Bas Ogooué. «Une réunion se tient actuellement (lundi) à Libreville pour voir les mesures à prendre», ajoute le scientifique.

Un rapport de l’ANPN – dont M. Sounguet est l’auteur – a été largement partagé sur les réseaux sociaux depuis dimanche. Le document fait état du «drame de la mort mystérieuse de centaines de poissons [qui] fait craindre l’intoxication des populations avec l’arrivée de la saison sèche et l’activité de la pêche qui rentre dans son pic».

Photos à l’appui, le texte adressé au ministère de l’Environnement et au Gouverneur du Moyen-Ogooué montre des poissons flottant sur l’eau ou ramassés morts sur les rives du fleuve.

«Dès le 9 juillet 2019, la population vivant sur les berges de l’Ogooué, en amont de Lambaréné, avait alerté sur la mort mystérieuse de plusieurs centaines de poissons. Au niveau de Lambaréné, on constatait, en dérive, des centaines de poissons morts sur l’Ogooué. Le 17 juillet 2019, les populations du village Lézinda, à l’embouchure de la Ngounié et du lac Zilé ont également signalé le phénomène des poissons morts», détaille le document.

Pour l’instant, précise le rapport, «aucun cas de décès ou de maladie lié à une intoxication n’a été enregistré dans la région».

Pollution, changement climatique … ?

L’ANPN émet plusieurs hypothèses quant aux causes du phénomène. Est-ce lié à certaines pratiques de pêche par les communautés locales, alors que «ces dernières réfutent cette hypothèse»?

Est-ce «l’exploitation minière illégale et particulièrement de l’or qui est dénoncée par les populations des rives de l’Ogooué et de la Ngounié», comme le soupçonne le texte, qui doute par ailleurs que les produits utilisés pour l’exploitation du précieux minerai soient «sécurisés» ? En attendant des réponses précises sur les causes de ce phénomène, M. Sounguet, précise à Gabonreview que la zone impactée comprend des entreprises d’exploitation de bois, de mine et d’agro-industrie.

Autre hypothèse émise dans le document : «les changements climatiques peuvent être liés de façon indirecte à cette tragédie, par une baisse rapide des eaux provoquant un appauvrissement en oxygène et une élévation d’azote et de phosphore dans les lacs».

Constat du « phénomène » par l’ANPN. © ANPN

À Moanda, des poissons morts par manque d’oxygène

En mars, à Moanda, dans le Haut-Ogooué, des poissons avaient été retrouvés morts dans les eaux. Ces animaux sont décédés par asphyxie suite à un «manque d’oxygène», indique à Gabonreview le professeur Richard Onanga, chef de service dans l’unité d’analyse et de recherche biologie au Centre de recherche médical de Franceville (CIRMF).

«La chaleur, l’évaporation importante, l’acidification du milieu: tous ces effets peuvent conduire à des phénomènes de baisse d’oxygène», selon M. Onanga qui précise que la mort de ces poissons n’était donc pas liée à une intoxication ou une pollution.

À l’époque, le CIRMF avait diligenté une étude pour déterminer les origines de la mort des poissons sur demande de l’entreprise d’exploitation de manganèse Comilog.

Le centre de recherche précise qu’il ne peut communiquer sur les causes de la chute d’oxygène dans les eaux de Moanda, les conclusions de l’étude ayant été remises à la Comilog.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. EHYA O.R dit :

    Vivement que l’enquête à ce sujet aboutisse afin de trouver des solutions pérennes pour le bonheur des populations.

  2. moundounga dit :

    Bjr. Au Gabon on est toujours dans la réaction. Ce qui se passe aujourd’hui dans cette affaire est assimilable à la mission par exemple à la DGCC qui tant bien que mal traque les aliments impropres à la consommation. Elle essaie aussi que faire ce peut de faire des contrôles sur les operateurs économiques. conséquences on assiste le plus souvent à des incinérations ça et là. Comment avec un sous sol minier et d’hydrocarbure peut on légitimement pensé que de tant en temps des mesures de prélèvement hydraulique ne soit pas effectuées afin de mesurer la toxicité des eaux ou une pollution apparente. On nous balance des enfants en pleine vente des poissons morts. Vous imaginez les conséquences s’y certains sont passés à la casserole. Wait and see.

  3. […] une seule espèce de poisson est concernée : la carpe. Et les supputations vont bon train sur cette hécatombe. On parle de rejets industriels de métaux lourds, ou de contamination […]

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