Victimes, se disent-ils, d’abus d’autorité et d’arnaque de la part des agents de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) en fonction à Libreville, les pêcheurs de la capitale économique gabonaise sont entrés en grève générale illimitée pour dénoncer ces exagérations. Ils parlent de brimades humiliantes, confiscation du produit de leur travail, sévices corporels, racket financier et en appellent par ailleurs à l’intervention du ministre de la Pêche au regard de la gravité de la situation. La pénurie de poisson s’en ressent déjà sur le marché.

Les pirogues ramenées et bloquées sur la berge. © Gabonreview

 

A la faveur d’un point presse organisé dans leur fief du quartier Lip, le mardi 23 mars dernier, le collectif des pêcheurs de Port-Gentil a décliné les raisons de son mouvement de grève générale illimitée déclenché le 15 du mois en cours.

Le porte-parole du collectif, Robert Ndzondo (en haut). Et le regroupement des pêcheurs lors de son point presse. © Gabonreview

Selon les explications de Robert Ndzondo, porte-parole du collectif, le mauvais traitement dont sont victimes les pêcheurs de la part des fonctionnaires de l’Etat logés au sein de l’Agence nationale des parcs nationaux depuis 2018, serait à l’origine de cette montée d’adrénaline. Une première dans l’histoire de la pêche dans la ville pétrolière. « Lorsque le conservateur de Port-Gentil et les agents arrivent là-bas au large, les pêcheurs sont dépourvus de leurs produits de pêche. Ils arrachent le poisson, ils arrachent les filets, ils prennent les moteurs et on les frappe parfois », poursuit le conférencier.

Certains d’entre eux subiraient même, à ce qu’il semble, des châtiments corporels et humiliants. En effet, « comment peut-on demander à un homme qui a tous ses sens de se déshabiller et de baiser le sol. Ou encore qu’on demande à un pêcheur de grimper sur un arbre et de faire des allers retours », s’est indigné Robert Ndzondo. Outre la confiscation du matériel, les pêcheurs auraient régulièrement fait eux-mêmes l’objet de séquestration. « On nous demande souvent d’appeler les gens à Port-Gentil pour qu’ils nous fassent les dépôts Airtel money afin que les agents puissent nous libérer ». A cela s’ajoute des amendes allant parfois jusqu’à « un million de francs et plus » qui seraient taxées aux pêcheurs par la suite. Sans document comptable justificatif, assurent-ils.

Si les autorités administratives locales, notamment « le gouverneur de la province de l’Ogooué-Maritime, le maire de la commune de Port-Gentil et le préfet du département de Bendjé », ont été saisis par les grévistes, leurs interventions n’auraient pas fait bouger les choses. « Le gouverneur a strictement interdit de ne plus arracher le matériel des pêcheurs. Mais la situation va de mal en pis. Nous sommes sous tutelle du ministère de la Pêche. Mais on a comme l’impression que l’ANPN c’est le super gendarme du pays », dénonce l’orateur. « On nous dit à chaque fois que nous sommes dans une zone interdite, mais on ne nous montre pas les limites », s’indignent les grévistes qui disent ne pas comprendre l’acharnement des agents de l’ANPN alors que « nous avons tous nos papiers à jour ».

A travers ce mouvement de contestation, le collectif espère obtenir la médiation du ministre de la Pêche. En attendant, « nous ne repartirons pas à l’eau jusqu’à ce qu’on nous garantisse que nous pouvons désormais travailler tranquillement, nous sommes fatigués ». Dans la ville de sable, la pénurie de poisson se fait déjà ressentir sur le marché. De même que les conditions de vie des pêcheurs qui se dégradent progressivement.

 
GR
 

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