Au Gabon, la Haute-Banio se dresse contre l’oubli et l’injustice dans le projet d’exploitation de potasse de Millennial Potash. Alors que le gisement est nommé Mayumba, mais se situe entièrement dans leur département, les habitants exigent une reconnaissance équitable. Ce conflit symbolise leur quête pour une gouvernance juste et inclusive dans le Gabon nouveau, marquant un appel urgent à l’équité et à la justice dans la gestion des ressources nationales. Alors que les notables locaux tentent encore de calmer les esprits de la jeunesse, l’étincelle couve sous la cendre.

Projet «Potasse Mayumba» : les appels récurrents à l’action sont d’autant plus pressants que les habitants de la Haute-Banio sont prêts à se faire entendre, même au prix de soulèvements, si leurs revendications restent sans réponse. © Montage GabonReview

 

Au cœur de la Haute-Banio, une grogne silencieuse mais grandissante se fait entendre. Elle est celle des habitants de ce département richement dotée en potasse, mais étrangement mise à l’écart dans le récit de son propre trésor. L’exploitation de potasse par Millennial Potash (anciennement Black Mountain Gold) dans la Basse-Banio, bien que porteuse d’opportunités économiques majeures pour le Gabon, a allumé une mèche de discorde et d’injustice dans le département voisin de la Haute-Banio.

Le 24 novembre dernier, une rencontre entre le ministre des Mines et le PDG de la société américaine Millennial Potash, concessionnaire du gisement, a ravivé le sentiment d’injustice des habitants de Ndindi. Et pour cause : alors que le gisement en question est situé à 100% dans le département de la Haute-Banio, le projet a été baptisé «Potasse Mayumba», chef-lieu du département voisin, la Basse-Banio.

Posts vindicatifs et manifestation contrecarrée

Sur les réseaux sociaux, la colère gronde. «C’est une insulte à notre identité et à notre fierté. De plus, le parc de Mayumba, principalement situé dans la Haute Banio, est également victime de cette injustice. Nous refusons d’être relégués au second plan et nous exigeons que notre département soit reconnu et valorisé en lien avec ces ressources naturelles», revendique un internaute sur Facebook. «Nous sommes juste indignés de voir le département de la Haute-Banio être relégué au second plan dans un projet aussi grand pour un produit qui lui appartient intégralement et exclusivement. Le DG de Potasse [Millennial Potash – ndlr] parle du développement certain que connaîtra Mayumba au profit de Ndindi. Pour quelle raison ? Quelles sont les motivations derrière tout ça ?», déplore un autre.

Récemment, des jeunes ont même tenté de manifester. Un ancien ministre et notable de la localité s’est attelé à décourager les manifestations envisagées, soulignant la nécessité d’une approche plus mesurée. Toutefois, la frustration et la détermination de la communauté restent palpables. Selon des sources concordantes, le 28 novembre 2023, le collectif de cadres du Département de la Haute-Banio a écrit au ministre des Mines, plaidant pour une reconnaissance appropriée de leur localité dans le projet et suggérant un changement de nom pour la société, de «Potasse Mayumba» à «Potassium Ndindi». Ce nom serait non seulement plus précis géographiquement, mais rendrait également justice à la localité qui abrite réellement le gisement.

Montée au créneau du Collectif des cadres de la Haute-Banio

Dans une lettre adressée fin novembre au ministre des Mines, le Collectif des cadres de la Haute-Banio a également fait part de «la frustration» des populations locales et demandé à être reçu en audience. Il rappelle également que lors de la dernière campagne électorale, la question du changement de dénomination de la société minière et des retombées économiques pour le département foncier du gisement avait été évoquée. En vain.

Pour l’essentiel ces appels à l’action sont d’autant plus pressants que les habitants de la Haute-Banio sont prêts à se faire entendre, même au prix de soulèvements, si leurs revendications restent sans réponse. Ils demandent une reconnaissance et une valorisation justes de leur département en lien avec les ressources naturelles exploitées.

Signal d’alarme envers le CTRI

Cet appel à l’équité et à la reconnaissance va au-delà des frontières de Ndindi. Il résonne comme un appel aux nouvelles autorités du Gabon, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), à inaugurer une ère de gouvernance où chaque voix est entendue, où chaque communauté est valorisée. Dans ce nouveau chapitre que le Gabon est en train d’écrire depuis le putsch du 30 août dernier, il est impératif que les méthodes de gouvernance évoluent pour embrasser une approche plus inclusive et équitable.

Il est temps en effet pour le CTRI de reconnaître et de répondre aux aspirations légitimes des habitants de la Haute-Banio. Les soulèvements et émeutes potentiels mentionnés par les habitants sont un signal d’alarme pour agir rapidement et justement. Ce n’est pas seulement une question de renommage d’un projet minier, mais une opportunité de montrer que dans cette nouvelle ère, toutes les populations, indépendamment de leur localisation géographique, sont égales devant les fruits du développement.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Malho dit :

    Il faut que les sages de la Nyanga fassent disparaître ce gisement par ce que, nous n’avons pas vu les contours du contrat d’exploitation. À combien s’élèvent les parts du Gabon ? Quelles seront les retombées pour la province de la Nyanga et en particulier ndindi et mayumba ?

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