Pose de traverses en béton pour remplacer celles en bois vieillissantes, adaptation aux nouvelles technologies pour prévenir de nouvelles défaillances sur la voie ferrée, construction de logements pour ses salariés, modernisation de ses gares et nouvelle politique environnementale avec l’adoption d’une gestion plus rigoureuse des déchets, après le lancement en 2016 du Programme de remise à niveau de la voie (PRN), la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag) ambitionne de figurer d’ici à 2024 parmi les sociétés d’envergure mondiale. Une récente tournée au cœur de ses différents services a permis de juger de la détermination de cette filiale du groupe français Eramet, partenaire privilégié de l’Etat gabonais.

Christian Magni, directeur général de Setrag. © Gabonreview

 

PRN : Où en est-on ?

Lancé en 2016 pour une livraison prévue en 2024, soit un délai de huit ans pour améliorer la performance et la sécurité du secteur du transport ferroviaire, le Programme de remise à niveau de la voie ferrée longue de plus de 600 kilomètres vise à «moderniser structures et infrastructures du chemin de fer». Pour ce faire, l’État gabonais soutenu par l’Agence française de développement (AFD) et Setrag, filiale du groupe Eramet, ont signé quatre ans plus tôt un partenariat. A trois ans de l’échéance, Christian Magni, directeur général de l’exploitant du Transgabonais assure que les choses vont bon train.

«La remise à niveau est en cours et avance bien», assure le DG qui évalue à 138 km le nombre de voies posées, avec des opérations réalisées sur les zones instables, la multiplication des opération de maintenance.

Depuis sa mise en service, en 1986, le réseau ferré gabonais n’avait pas subi de travaux majeurs comme ceux actuellement en cours. «Pendant les 20 ou 25 dernières années, la maintenance de la voie n’a pas suivi du fait de l’inaction des anciens concessionnaires. Ce qui explique les nombreux désagréments enregistrés, à cause de la dégradation de l’outil », explique le DG de Setrag.

«Pour le financement du PRN, l’Etat gabonais, grâce à l’appui de l’AFD, a contribué à hauteur de 61 milliards de FCFA, et la Setrag 146 milliards de FCFA, dont une partie sur fonds propres de la Société», précise Christian Magni.

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Modernisation des outils : le numérique comme solution

Cette année encore, Setrag fait de la sécurité des voyageurs et celle de ses salariés et des populations vivant aux abords du chemin de fer sa priorité. Ainsi, à côté du renouvellement des campagnes de sensibilisation, la construction des passerelles piétonnes à proximité des gares, etc., la Société s’est donné les moyens pour en finir avec les incidents enregistrés sur la voie ces dernières années. Elle a décidé de moderniser davantage ses outils.

Aussi, la maintenance de la voie se fait-elle depuis quelque temps à l’aide des nouvelles technologies. La Setrag a en effet misé sur le numérique et le digital dans l’objectif de prévenir les défaillances, donc les déraillements ayant causé d’importantes pertes, y compris en vie humaine ces dernières années. Ces nouveaux outils dont la plupart sont déjà en fonction dans les gares et à bord des trains permettent également d’«effectuer une maintenance prédictive», explique la Société qui s’est offert une Plasser, un véhicule muni de capteurs permettant de donner en temps réel l’état de la géométrie de la voie. Ce véhicule a d’ailleurs été récemment mis à contribution pour un voyage de presse.

Dans sa volonté de moderniser ses outils de contrôle, Setrag s’est aussi dotée de drones capables de survoler les ponts pour juger de leur état et prévenir tout risque.

Pour soutenir cette politique de transformation numérique du chemin de fer, la Société a lancé un programme de formation et de renforcement des capacités de ses salariés, grâce à son centre de Franceville.

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Setrag : un champion dans la préservation de l’environnement

Pour renforcer son implication dans la préservation de l’environnement au Gabon, alors qu’elle soutient déjà les écogardes du point de vue logistique, à travers notamment son accompagnement lors des campagnes de lutte contre le braconnage, le transport des présumés braconniers appréhendés et des forces de l’ordre et de sécurité vers les tribunaux, Setrag a lancé il y a quelque temps un nouveau plan de gestion des déchets jugé plus responsable.

Aussi bien à son siège à Owendo que dans la vingtaine de gares disséminée tout le long de la voie jusqu’à Franceville, la Société a mis à disposition différents bacs à ordures pour différents déchets. L’objectif étant de sensibiliser les populations au tri des déchets. Il s’agit de bacs à ordures disposant d’un code couleur.

Mieux, sur les sites de Booué et Owendo, la Société a aménagé des plateformes en vue du traitement et le stockage des déchets avant leur acheminement vers les filières de recyclage ou d’élimination. Pour éviter le contact avec les voyageurs, Setrag a eu l’idée d’un «wagon vert» dédié entièrement à la tâche.

Responsable de cette section, Dominique Sibiffa N’nang, explique que ce wagon spécial permet d’acheminer les déchets électriques, électroniques, les huiles de vidange (jusqu’à 100 L), les filtres, les chiffons, les plastiques et les déchets biomédicaux sans mettre en danger la vie des passagers des trains ou des visiteurs. Si certains déchets sont éliminés par des processus précis, d’autres comme les plastiques ou l’aluminium (canettes) sont recyclés.

Vues de l’usine de fabrication des traverses en béton de Booué. © Gabonreview

Des traverses en béton à la place du bois

Près de cinq ans après le lancement du PRN, Setrag a l’ambition de rendre plus sûr le chemin de fer gabonais. Aussi, en partenariat avec l’Etat, la Société poursuit-elle la restauration de la capacité initiale de la voie unique, en procédant depuis quelque temps au remplacement des traverses en bois par des traverses en béton. L’objectif est de rendre la voie plus stable et éviter de nouveaux incidents.

vieillissantes et usées à plusieurs endroits de la voie, les traverses en bois ne conviennent plus pour l’exploitation actuelle. D’autant qu’elles avaient été conçues pour une durée de 25 ans maximum. Or, les traverses en béton qui sont actuellement posées on durée pouvant aller jusqu’à 50 ans. Soit le double des traverses en bois.

Pour la fabrication de ces traverses, dans le cadre du PRN, Setrag a construit une usine dédiée à Booué. «Après quatre années d’activité aujourd’hui, nous avons déjà produit 340 000 traverses, soit une satisfaction de 34% des besoins du Programme», précise Roland Allo Asseko, responsable de l’usine de production des traverses biblocs.

 
GR
 

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