Réforme fiscale : Bilie-By-Nze fustige “le fait du prince” et un “gouvernement sans cap”
Face à la décision du gouvernement d’interdire les exonérations fiscales à compter du budget 2026, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze a livré une réaction virulente dans une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Pour lui, cette réforme traduit l’errance d’un exécutif «sans orientation et sans vision», incapable d’assumer ses dettes envers les entreprises et de restaurer un véritable cercle vertueux dans l’économie gabonaise.

«Nous avons là un gouvernement sans cap, sans orientation et qui tourne en rond. » – Alain-Claude Bilie-By-Nze. © GabonReview (capture d’écran)
Alors que la réforme fiscale, annoncée au Gabon et présentée comme “structurelle” entend mettre fin à des pratiques jugées coûteuses et inéquitables, l’ancien chef du gouvernement renverse le raisonnement. En quelques minutes, Bilie-By-Nze livre une analyse chirurgicale, parfois mordante, d’un État qui, selon lui, «se mord la queue». «Le message est clair : le peuple n’y croit plus», lance-t-il d’un ton désabusé, avant de s’en prendre frontalement à une décision qu’il juge à la fois simpliste et périlleuse : «Décider comme ça, comme par magie, d’arrêter ce qu’il a appelé les compensations, cela n’a pas de sens.»
Un cercle vicieux que l’État refuse de voir
Pour l’ancien chef du gouvernement, la réforme annoncée n’attaque pas la racine du mal : «Lorsque l’État doit aux entreprises, l’autre conséquence, dont on ne parle pas suffisamment, c’est la dette sociale. Et donc cette dette sociale va fragiliser la CNSS, va fragiliser également la CNAMGS. Il va y avoir des conséquences.» Derrière la rhétorique de la discipline budgétaire, il dénonce une réalité économique étouffante où l’État ne paye pas, les entreprises s’asphyxient, et la machine se grippe.
Remontant aux causes des exonérations et illustrant son propos, il prend un exemple frappant : «L’État doit à la SEEG les consommations courantes… des dizaines de milliards de francs cumulés. La SEEG à son tour a des fournisseurs. Je prends l’un d’eux, Perenco, qui fournit le gaz à la SEEG. Et dans le même temps, Perenco doit de l’argent à l’État à travers la fiscalité.» La conclusion tombe, implacable : «La SEEG ne peut pas payer Perenco parce qu’elle n’a pas d’argent. Perenco ne peut pas payer l’État parce que Perenco dira : la SEEG me doit. Et donc, l’État est amené à s’asseoir et à amener Perenco et la SEEG autour d’une même table. À ce moment-là, il se passe des compensations.»
Mais, prévient-il, «cela n’amène pas la trésorerie dans l’entreprise.» Une logique comptable sans souffle : «La dette a baissé sur le papier, mais la SEEG n’a pas reçu d’argent. Elle ne peut donc pas investir. Et là, on est dans un cercle vicieux.»
«Le fait du prince n’est pas une politique économique»
Bilie-By-Nze renverse le diagnostic officiel : le problème n’est pas la compensation, mais l’État lui-même. «Si l’État décide de ne plus faire de compensations, il faut donc que l’État soit en capacité de payer ce qu’il doit aux entreprises pour qu’en contrepartie, les entreprises payent les impôts. Et là, on est dans un cercle vertueux.» Faute de quoi, le pays reste piégé «dans un cercle vicieux».
La charge devient alors politique, presque institutionnelle : «Tout ce que dit le gouvernement aujourd’hui n’a pas de sens. Cela n’a pas de sens parce qu’on est dans un cercle vicieux. Et il faut rétablir un cercle vertueux pour réenclencher la machine économique.»
Puis, dans une tirade finale d’une rare fermeté, l’ancien Premier ministre porte l’estocade : «Nous avons là un gouvernement sans cap, sans orientation et qui tourne en rond. Et qui, à défaut de respecter ses engagements, met en place le fait du prince. Cela veut dire qu’il veut s’exonérer de sa responsabilité et décider parce qu’il a la force de ne pas payer. Dans un État de droit, cela ne se passe pas ainsi. Dans un État de droit, tout le monde est soumis à la loi, personne physique et personne morale.»

















2 Commentaires
Que peut-on attendre d’un Etat incapable de payer de petites dettes sociales comme des rappels de solde. Gérer une banque avec l’argent du Trésor Public n’est pas la même chose que gérer l’économie d’un pays
on est dans un trou et on cherche à en sortir. C’est avec ces pratiques, que vous décrivez si bien, que la majorités des anciens dirigeants on nourrit leur compte. chacun de vous aviez une ou plusieurs entreprises d’amis qui bénéficiaient d’exonérations abusives.
Le budget sera blindé et je pense que les dettes sociales que votre équipe a emmené à des proportions exagérées, trouveront solution, j’y crois et plusieurs comme moi. On fera le point à la prochaine présidentielle. Ne nous distrait pas dibal, on a une ville à DUBAÏser