Transition : Le regard d’Aba’a Minko

Roland Désiré Aba’a Minko s’est, le 13 septembre, exprimé sur la transition au Gabon. Celui qui avait enjoint Ali Bongo de quitter le pouvoir créant un mouvement de panique en juin 2017, relève que la liesse après le coup d’État n’est que l’expression des attentes des populations. Il appelle le président de la transition et le peuple à saisir l’opportunité d’un nouveau départ.

Roland Désiré Aba’a Minko s’exprimant, le 13 septembre 2023. © Gabonreview

Au Gabon, au-delà de la liesse populaire après la prise du pouvoir par les forces de Défense et de sécurité, Roland Désiré Aba’a Minko appelle les autorités de la transition et les populations à la lucidité. Candidat à la présidentielle d’août 2016 et particulièrement connu pour avoir simulé un acte terroriste enjoignant Ali Bongo de quitter le pouvoir, il salue le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma pour avoir, dans le pays, mis fin aux contestations aussi bien «politiques» que «sociales» et évité un bain de sang. «Je mesure la tâche qui est la vôtre face aux habitudes acquises durant ces années de kounabélisme politique», lui a-t-il dit.

Face aux enjeux politiques et chantiers que le président de la transition entame, il estime qu’il lui faudra du temps, des hommes et des femmes soumis aux ordres avec obligation de résultat. «Parce que l’enthousiasme actuel et la grande adhésion des populations à votre action témoignent de l’ampleur des attentes de nos compatriotes», a-t-il dit au président de la transition. «Vous seriez le seul comptable des résultats de cette période phare dite de transition dans notre pays», a-t-il ajouté. Pour Aba’a Minko, les militaires ont certes mis fin au patronyme des Bongo au sommet de l’État et à un système décrié par le peuple, mais la réalité sociale du pays reste la même.

Capter les financements expatriés 

«Pour améliorer nos conditions de vie sociales actuelles, la participation de tous à tous les niveaux est nécessaire», estime Aba’a Minko qui invite chacun «à mettre la main à la patte pour transformer ensemble notre pays». Dans sa démarche, il appelle à mettre fin aux pratiques de l’ancien système, la manipulation et le parrainage. Soit, «prendre un nouveau départ afin de se donner les moyens solides pour faire face aux défis à venir». Ce, dans un contexte où d’une part, 47% du budget de l’État est dépensé pour le fonctionnement et le payement des salaires des agents de l’État absorbés par le logement, le transport, l’alimentation et les charges sociales. D’autre part, 1/3 du budget annuel de l’État expatrié à l’étranger.

Un volume financier extirpé de l’économie nationale qu’il appelle à bloquer par la prise en des populations de trois segments d’activité : transport, alimentation et services. L’idée, faire de cette manne financière un levier pour le développement des infrastructures de base. Entre autres, les écoles, dispensaires et voies d’accès dans les villages. «Durant le processus de transition, les leaders d’opinion, des partis politiques et la société civile organisée en quête de pouvoir devrons avoir de vraies structures qui participent à l’amélioration de la vie dans nos cités», a déclaré Roland Désiré Aba’a Minko qui appelle à la fin de l’Etat providence. Pour lui, les partis politiques et autres associations doivent être «des structures de création de richesses et d’emplois».