Anthony Charteau était presque surpris cet après-midi de se retrouver sur le podium avec le maillot jaune sur les épaules. Le Français vainqueur des deux dernières éditions de la Tropicale Amissa Bongo avait en effet prévu de favoriser un de ses équipiers pour la victoire en 2012. Mais les événements en ont décidé autrement, aujourd’hui c’est la première place du classement général qui était en jeu.

Mounana-Bongoville Course cycliste

Les coureurs d’Europcar savaient en effet que cette journée serait importante pour la conquête du maillot jaune. Les coureurs du Team MTN-Qhubeka du leader Meron Russom ainsi que les Erythréens étaient trop bien placés au classement général pour laisser la situation en l’état. Les Français avaient donc décidé de prendre leurs responsabilités mais sans imaginer qu’ils tomberaient sur de fortes équipes africaines décidées à ne rien leur lâcher.

C’est dans les derniers kilomètres qu’on assista à une véritable partie de cache-cache entre le Marocain Tarik Chaoufi échappé avec les deux leaders français Thomas Voeckler et Anthony Charteau. Le coureur du Maroc refusa d’aider à la cohésion de l’échappée laissant les deux coureurs d’Europcar la prise en main de la course. Les deux Français persuadés que Chaoufi étaient trop fatigué pour espérer viser la victoire d’étape oublièrent de se méfier de lui. Il n’en fallait pas plus sur la ligne d’arrivée pour provoquer une énorme surprise lors du sprint que remporta le Marocain devant les deux professionnels.

Très en colère, Anthony Charteau et Thomas Voeckler eurent l’occasion de s’expliquer ensuite avec Tarik Chaoufi à qui ils reprochaient de ne pas avoir collaboré suffisamment. Mais Adil Jelloul, le leader de l’équipe du Maroc expliqua plus tard que Chaoufi est bien le meilleur sprinter de son pays, ce que les deux Français ignoraient.

En tout état de cause, cette victoire a une valeur historique pour le Maroc qui n’avait jamais encore gagné une étape sur la Tropicale Amissa Bongo depuis la création de l’épreuve en 2006. Après le Sud-Africain Ball en 2009, les deux Erythréens Teklehaymanot et Berhane en 2011, c’est la quatrième fois qu’un Africain s’impose sur la plus grande épreuve cycliste du continent. Ajouté au maillot jaune de leader de l’Erythréen Meron Russom pendant deux jours sur cette édition 2012, le cyclisme africain prouve qu’il est pleine évolution.

Tarik Chaoufi, héros historique du Maroc

Tarik Chaoufi, Tropicale Amissa BongoSi c’est la quatrième fois qu’un coureur africain remporte une victoire d’étape depuis la création de la Tropicale Amissa Bongo, Tarik Chaoufi offre à son pays sa toute première victoire sur ce qui est devenu la plus grande compétition cycliste du continent africain.

La veille, sur Franceville-Akiéni, il était meilleur grimpeur de la journée et du classement général. Comme s’il était lui-même interloqué par son exploit, Tarik Chaoufi a laissé son coach, Mostafa Najjari, expliquer ce qui s’est passé : «Quand les deux coureurs d’Europcar ont attaqué ils étaient avec Chaoufi. On lui avait dit, si tu pars dans l’échappée, ne te fais pas mener parce que tu dois travailler pour Jelloul. Et, finalement, on savait bien, dès les dixièmes kilomètre, que c’est lui qui allait gagner parce qu’il est bon au sprint, qu’il avait déjà le maillot de meilleur grimpeur  et qu’il avait aussi gagné le 1er grimper de la journée et, à la fin,  il devait finir le travail parce que son ami était derrière. Il a gagné. Il est très content, pour lui et pour toute l’équipe.»  Après avoir repris son souffle, le héros marocain a simplement indiqué qu’il avait suivi les conseils de son entraîneur, précisant : «nous sommes venus ici pour gagner et on a gagné une étape, c’est déjà pas mal.»

Le palmarès de Tarik Chaoufi, né en février 1986, compte huit victoires notables en équipe nationale de son pays. Entre autres, pour la seule année 2012, 1er des Challenges de la Marche verte ; 1er de la 7e étape du Tour du Maroc ; 1er du Les challenges Phosphatiers-Challenge Khouribga ; 1er de la 8e étape du Tour du Rwanda ; 1er de la 6e étape du Tour du Maroc et 2e de la 11e étape du Tour du Maroc.

Mostafa Najjari, entraineur du Maroc, reste réalise quant à une victoire de son pays au soir du 29 avril, se contentant d’indiquer : «on a encore de la chance avec Jelloul Adil qui est à 11 seconde du maillot jaune et je crois que demain (samedi), il va essayer de faire le maximum pour le lui prendre.»

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire