Ce lundi 7 février 2022, la chaîne de radio panafricaine Africa N°1 aurait eu 41 ans. Après sa fermeture en 2019, les anciens agents désormais constitués en association ont plutôt choisi de célébrer le week-end écoulé la mémoire de leurs 105 collègues décédés, dont un grand nombre sans avoir bénéficié de leurs droits légaux.

Instantané de la journée du recueillement organisée par l’Association des Anciens d’Africa N°1, le 5 février 2022 à Libreville. Au premier plan (veston noir et masque noir), Ghislain Etoughet, président du bureau provisoire de l’association. © D.R.

 

Créée en 1981 et détenue jadis par l’État gabonais (35%), l’État libyen (52%) et par des investisseurs privés français (13%), Africa N°1 aurait célébré ses 41 ans ce lundi 7 février 2022. La radio panafricaine s’est malheureusement éteinte après une longue période d’agonie en 2019 à la suite du retrait officiel de la partie française devenue «Africa Radio». Deux jours avant la date d’anniversaire de la création de «la voix de l’Afrique», ses anciens agents ont plutôt choisi d’honorer la mémoire des 105 de leurs collègues décédés, dont un grand nombre sans avoir bénéficié de leurs droits.

Quelques moments de l’évènement commémoratif. © D.R.

Samedi 5 février l’Association des anciens agents d’Africa N°1 a en effet organisé une journée du recueillement par le biais de la messe des 40 jours du décès de Patrick Nguéma Ndong combinée à une messe de requiem pour les 105 défunts de la maison. Moment d’intense émotion donc, cet après-midi-là à la Cathédrale Sainte-Marie. Sous la coordination de Ghislain Etoughet, président du Bureau provisoire de l’Association des Anciens de la Radio Africaine, Fanny Ella Assa et Georgette Bonga Bakissi se sont avancées sur l’estrade de la Cathédrale Sainte-Marie pour énoncer, un à un, les noms des disparus.

On a ainsi entendu : Patrick Nguéma Ndong, Tundé Fatundé, Boubacar Kanté, Kabiné Kouyaté, Yves Roger Yébéka, Tchimpupu wa Tchimpupu, Gassimou Sylla, Roger Ondo Oyono, Marguerite Bayimbi, Gaston Didace Singangoye, Pierre Bouka, John Joseph Mbourou, Omer Léonce Rembendambia, Louis-Claude Moundziéoud Koumba, Grégory Ngbwa Mintsa, Alain Saint-Pierre, Ledoux, Jerry, Francis Salah Ngouah-Beaud, Ronny Mba Minko,… Certains parents des défunts ne se sont pas retenus pour exprimer leur émotion.

Report de la cérémonie du 7 février

Cette journée du souvenir est la toute première activité organisée par l’Association. Le 7 février, date de création de la Radio, devait se tenir une «journée pour des retrouvailles festives», mais pour des raisons indépendantes de sa volonté, liées notamment à l’état dans lequel se trouve la concession d’Africa N°1, et surtout à l’absence du ministre d’État chargé de la Communication, en mission à l’étranger, l’Association a décidé de reporter cette cérémonie «à une date ultérieure».

Caisse de secours

L’objectif du collectif, à moyen terme, est la mise en place d’une caisse de secours destinée à apporter un appui à «ceux qui sont le plus en difficultés».

L’Association des Anciens d’Africa N°1 n’est pas à confondre avec le syndicat des anciens agents qui, lui, se charge de défendre les intérêts corporatistes de ces personnels. Elle n’est pas non plus un regroupement de personnes venues pour revendiquer la relance de la Radio. «Cela est du ressort de la puissance publique, même si l’association peut aider à passer des messages en haut, au vu de ceux qui composent le bureau provisoire de l’association», a tenu à préciser un membre de l’association.

La structure entend tout simplement relancer «l’esprit Africa N°1» ayant toujours caractérisé les agents de cette maison, autour du triptyque «Solidarité, Fraternité, Entraide». L’idée de la création de la caisse de secours y tire donc tout son sens. «Tenons-nous la main et n’oublions pas de prêter main forte à ceux qui sont dans le besoin», a lancé à cet effet un ancien technicien, membre de l’association.

Créée début-janvier, «l’Association des anciens agents d’Africa N°1 voit le jour lors des obsèques de Patrick Nguéma Ndong. Ce sorcier blanc qui est l’élément déclencheur de tout ce qui se passe aujourd’hui. Pour lancer les activités de cette association, nous avons voulu commencer par cette messe hommage à ceux qui nous ont précédés dans l’au-delà. C’est un hommage mérité, et nous estimons qu’ils le méritent. Ils ont su faire de cette radio la troisième radio du monde. Nous avons été touché quand l’un d’entre nous était malade et que nous soyons dans l’incapacité de l’aider», a expliqué Gislain Etoughe.

L’Association des Anciens d’Africa N°1 regroupe près de quatre-vingts membres. Il s’agit d’anciens journalistes, animateurs-producteurs, techniciens et personnels administratifs.

 

 

 
GR
 

6 Commentaires

  1. betise dit :

    La chute d’Africa N°1 est une illustration parfaite de la médiocrité et de la cupidité des gens qui sont positionnés à la tête du Gabon depuis 1967.

  2. Paul-Marie DIVASSA dit :

    Ghislain-le-Président de l’association a bien dit qu’il n’est pas le président du syndicat, et c’est vrai. Lui, on l’a mis à la tête de l’association pour re-créer l’esprit de solidarité et d’entraide qui régnait autrefois à la radio panafricaine. Ne pas confondre.

  3. Jean-Marcel AMVAME NGUEMA dit :

    Célébrer une messe en hommage aux anciens collègues décédés. Je crois que c’est la première fois que je vois cela dans une entreprise. Bonne initiative. Bravo à ceux qui y ont pensé. Place maintenant à la caisse de secours pour soutenir les vivants.

  4. ILAMA BOUSSIENGUI dit :

    Bravo à l’équipe dirigeante de l’association des anciens d’Africa n°1 ! Dieu vous le rendra au centuple. Je suis la sœur de feu Mangabara Julien. Merci.

  5. […] A mon âge adulte, et avec toutes ces révélations que j’ai pu lire concernant le succès d’Africa n°1, je me suis interrogée sur les raisons de la fermeture de cette radio panafricaine en 2019. Mais déjà avant cette date officielle, tout allait mal depuis de nombreuses années. Beaucoup de spéculations ont tourné autour de la descente aux enfers d’Africa n°1. D’aucuns disaient des détournements de fonds, mauvaise gestion financière. Toutes les spéculations tournaient autour de l’argent. Les agents qui n’étaient plus payés à leur juste valeur. D’ailleurs en février 2022, une association des anciens agents gabonais d’Africa n°1 ont fait une messe de requiem pour les 105 agents de la radio dont Patrick Nguema Ndong, qui sont morts sans avoir bénéficié de leurs droits legauxhttps://www.gabonreview.com/africa-n1-41-ans-et-110-morts-au-compteur/. […]

  6. NDODJIM NADJILOM ESPÉRÉ dit :

    C’est merveilleux ! Une chaleur renait sur les cendres de la Radio panafricaine…

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