Le 7 octobre 2025, dans une interview exclusive accordée à Global Africa Telesud, Alain-Claude Bilie-By-Nze est revenu sur les élections du 27 septembre dernier (premier tour). Face à la caméra, l’ancien Premier ministre accuse sans détour le président Oligui Nguema d’avoir «truqué les élections», dénonçant une «fraude d’État» et un abaissement moral majeur.

Bilie-By-Nze sur Global Africa Telesud, le 7 octobre 2025 : «On peut se remettre d’une défaite électorale. On ne se remet jamais d’une défaite morale. Et le 27 septembre, c’est une défaite morale.» © GabonReview (capture d’écran)

 

Sobrement intitulée «Brice Oligui a truqué les élections», la vidéo diffusée sur YouTube sonne comme une charge d’une rare intensité politique. Le ton, ferme, précis et désabusé, tranche avec les discours policés de la Transition. Bilie-By-Nze, qui fut auparavant opposant radical et plus tard chef du gouvernement, y livre une analyse implacable du processus électoral et de ses dérives. Plus qu’un témoignage, c’est un acte d’accusation contre un pouvoir qui, selon lui, «a trahi sa propre justification historique».

Une «fraude d’État»

Dès les premières minutes, Bilie-By-Nze pose le diagnostic : le scrutin du 27 septembre a été «très mal organisé», gangrené par un usage massif et partisan des procurations. «Les procurations sont éditées par l’État, détenues par l’État, et distribuées par l’État. Et lorsque des agents de l’État les donnent à un seul camp politique, c’est une fraude d’État», martèle-t-il. Pour l’ancien Premier ministre, le pouvoir aurait instrumentalisé tout l’appareil administratif au profit de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), le parti présidentiel.

«Le parti du Président, créé il y a deux mois, s’est arrogé la quasi-totalité des conseils locaux du pays. C’est impossible. C’est l’État qui s’est mis au service d’un parti politique, pour permettre au général Oligui de parachever son coup d’État», accuse-t-il, lucide et cinglant.

«Une défaite morale» aux conséquences explosives

Au-delà de la manipulation des chiffres, Bilie-By-Nze évoque une faillite plus profonde : celle des valeurs. «On peut se remettre d’une défaite électorale, on ne se remet jamais d’une défaite morale. Et le 27 septembre, c’est une défaite morale.» Et de rappeler que, au sujet du coup d’Etat du 30 août 2023, que «qui a été acclamé, ce n’est pas tant le coup d’État, c’est le fait d’avoir dit aux gabonais, plus jamais d’élections truquées dans le pays, avant de conclure, sans détour : «Et aujourd’hui, il a truqué les élections. Il n’est pas possible qu’il se relève de cela s’il ne refait pas ces élections

«Moi, depuis le départ, j’ai indiqué que cette transition, c’était une façon de blanchir un coup d’État, et que le pouvoir n’avait pas changé, que c’était un remplacement de personne. Et chacun peut observer aujourd’hui que les méthodes sont les mêmes, et c’est même pire qu’avant. Et donc, si on ne réoriente pas, malheureusement, le Gabon vient encore de rater une occasion de se mettre sur les bons rails», estime le président d’Ensemble pour le Gabon (EPG).

L’ancien chef du gouvernement qui demande une reprise des élections avertit enfin d’un péril imminent : «S’il ne le fait pas, nous avons devant nous une crise politique qui va s’organiser et qui sera très intense. Nous avons une crise économique qui arrive, une crise sociale qui arrive. Il a tout à fait intérêt, aujourd’hui, à entendre le pays. Ce n’est plus une revendication d’opposition. C’est une revendication de citoyens qui entendent le pays, qui sont à l’écoute du pays. On ne peut pas valider ces élections après avoir dénoncé le 23 septembre.» Un avertissement au ton solennel, où la dénonciation devient plaidoyer moral : celui d’un homme qui, face à l’histoire, refuse de se taire.

 
GR
 

11 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Bilie Bi Nze qui parle de morale? Le chef d’orchestre de l’élection générale la plus opaque et la plus honteuse de l’histoire du Gabon? La morale même que étonnée. Malheureusement dans notre pays il y en a qui peuvent encore se remettre d’une défaite morale. Vous en êtes la preuve, sinon après le 30 août 2023 votre langue se serait liée après avoir été au cœur de la plus grande déchéance morale de l’histoire politique de notre pays. Heureusement que seuls 3% des Gabonais vous prennent au sérieux.

  2. Akoma Mba dit :

    Donc mon cher Gayo, si Bilie bi Nzé a appartenu au cercle des élections opaques, le nouveau pouvoir peut faire autant sans qu il le critique?

    • Gayo dit :

      Le problème est de voir l’incarnation de l’immoralité parler de morale. C’est le summum de l’immoralité de parler de morale dans le seul but de manipuler, de tromper, de se faire passer pour ce qu’on n’est pas. Croyez-vous qu’Alain Claude Bilie Bi Nze est devenu moral ? Ses prises de positions prouvent le contraire alors qu’il habille sa propre supercherie des habits de vérité

    • Yann Levy Boussougou-Bouassa dit :

      Comme d’habitude, Gayo, vous êtes dans des attaques adhominem. Il aurait été plus pertinent de démontrer qu’il se trompe, si c’est vraiment ce que vous pensez. Serait-ce ici un aveu de votre part qu’il a raison ? Si c’est ce que je soupçonne, alors vous rejoindrez le groupe de personnes, y compris au sein de l’appareil de l’État et des alliés de l’UDB, qui disent plus ou moins la même chose que lui. Auquel cas, il convient davantage de réfléchir sur la portée de ce scrutin, comme ACBBN le propose, que de ressasser les actions passées d’un homme, lequel a déjà fait son mea culpa (on ne peut pas en dire autant de tout le monde).

      • DesireNGUEMANZONG dit :

        Monsieur Yann Levy Boussougou-Bouassa est-il l’avatar de Monsieur ACBBN.

        J’ai l’impression qu’ils sont une seule et même personne. Dites-moi que je me trompe!

        Monsieur YLBB prend personnellement à cœur ce qui est reproché à Monsieur ACBBN. Une autre curiosité, ils ont en
        commun 2B.

        Une précision : le « mea culpa » m’efface pas l’Histoire ». Nous allons enseigner cette Histoire ou l’écrire.

        Bonne continuation.

        • Yann Levy Boussougou-Bouassa dit :

          Cher Camarade,

          Ne vous faites pas une entorse cérébrale.

          Ceci dit, je suis d’accord avec vous : le mea culpa n’efface pas l’Histoire, et celle-ci doit être enseignée. Cependant, l’Histoire doit nourrir la réflexion et servir à l’édification de l’avenir en évitant les erreurs du passé, pas à nous rendre prisonniers ; l’Histoire ne peut être un instrument au service de l’obscurantisme et des émules de Torquemada. On a besoin de réfléchir ; le peuple gabonais a besoin de réfléchir. Or, le texte de Gayo vise à couper tout élan rationnel et fait appel exclusivement à l’émotion. C’est dommage.

          Ps : Faire son mea culpa et prendre ses responsabilités sont des valeurs rares dans la vie civile, et plus encore en politique. Ce sont là des valeurs peut-être aussi rares que la parole donnée. La composition du paysage politique gabonais, l’Histoire politique de ce pays et l’actu internationale sont là pour nous le rappeler.

          Je vous rends la pareille.

  3. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Les élections à Gabao depuis 1990 on toujours fait l’objet de critiques fondées. Celle du 27 septembre 2025 ne pouvait y échapper. Constat amer: l’intégrité, la confiance, la probité morale, demeurent encore malheureusement des valeurs inexistantes chez de nombreux « gérants » du système gabonais.

    La preuve: les autres(ceux qui on géré avant) peuvent se permettre de critiquer ceux d’aujourd’hui. Hors logiquement aujourd’hui l’on devrait être aux félicitations peut être pas majeures mais au moins des encouragements.

    A contrario lorsque l’on vous demande une annulation complète d’un processus électoral à 3 Milliards c’est comme démolir un CHU en construction achevé pour malfaçons. Est ce possible ? Amen.

  4. Mone fame dit :

    Tiens donc, comme appréciait le dire « l’ami Albert », « …la bêtise insiste toujours.. ». Et voilà à nouveau notre toutologue national, Billie Alain, premier ministron auto investi du règne finissant usurpé de bongo Alain, ce roi paresseux imposé aux gabonaises et gabonais par Sarkozy, celui même qui vient d’être fraîchement reconnu par la justice de son pays comme «délinquant », Bilie reste ainsi fidèle à la ligne de conduite que l’on impose classiquement au servile, …qu’il neige ou qu’il pleuve.., il demeure imperturbable dans sa logique, droit dans ses bottes ainsi qu’il en fut autant pour ce compatriote présumé prêtre, bel et bien déployé au Gabon par Jacques Foccart pour corrompre la vague du processus démocratique qui a accompagné en Afrique noire francophone l’effondrement du mur de Berlin

    Notre cynique narcissique national dont les hauts faits ont allègrement nié à ses compatriotes la qualité de citoyen dont il s’en fait l’écho et revendique curieusement, lui qui considérait qu’il pouvait tout faire à leur place, à travers l’une des constitutions la plus éhontée de la Voie lactée qu’il a ‘traficoté, texte qui n’offrait aucune perspective de visibilité démocratique crédible, vient maintenant s’émouvoir après avoir « pactisé avec le diable », à l’instar des « missiles capa » évoqués en son temps par le mentor prêtre pour mieux « ensorceler » le peuple et pérorer in fine à l’attention des brebis qui l’ont suivi médusés, qu’il n’a « demandé à personne d’être martyr… »

    Il faut vous réveiller Bilie Alain et se faire à l’idée que les gabonaises et les gabonais ont rédigé et voté une constitution, leur constitution, pour la toute première fois dans l’histoire de notre pays, une vraie constitution, sans nul doute à parfaire graduellement comme dans toutes les vraies démocraties à travers la planète, laquelle est en tous les cas venue éteindre la pseudo constitution, ce chiffon nauséeux qui dégageait votre intelligence de petite vertu pour garantir et entretenir l’usurpation aux fins d’assouvir vos égos au mépris des gabonais, qualifiés de xénophobes à certains égards par vos tribunes, qui vivent par ailleurs au dessus de leurs moyens et pour lesquels la transition, alors rêvée, ne pouvait être qu’un lointain luxe superbement ignoré dans votre pipe-line,transition ne pouvant constituer selon vous une disposition constitutionnelle

    S’agissant du processus électoral, attaché à vos réflexes déviants, vous avez manœuvré avec vos acolytes pour la survivance de commissions, dédiées à la vérité pour placer vos toutous serviles pour « le management » et donner le change. Et ce fut le début de vos grandes manœuvres contre la démocratisation en cours

    Le vote enclenché, et conscient de ce que vous ne représentez pas grand chose en dépit de votre verbe qui semble n’éblouir que vous, vous appelez à l’annulation des résultats

    Non Billie Alain. Voici la feuille de route. Tout annuler comme vous semblez le soutenir, serait vous faire un autre cadeau. Seuls les bureaux où les cas de fraudes ont été signalés et avérés feront l’objet d’une reprise, même si ladite reprise concerne 90% des bureaux, et étant bien compris, par ailleurs, que tous ceux qui auraient été convaincus de fraudes, devraient en répondre devant les juridictions compétentes, c’est ça l’ordre républicain que vous combattez et n’en voulait pas afin de faire prospérer la mafia politicienne en pérorant le plus possible

    Sous votre règne et vos alliés, le pays a été englué dans les abysses sans fond, la croisière s’amuse c’est terminée comme ces séances de travail à la présidence sous l’égide de Noureddin et celle qui ne se prénomme plus sylvia.
    Avec vos acolytes, comme disait Camus, « la bêtise insiste toujours » mais sachez que cela n’intéresse plus et n’amuse plus les gabonaises et les gabonais.

  5. Akoma Mba dit :

    Mone fame. On ne nous vous a pas appris à résumer à l’école? Et tout ça pour rejoindre la pensée unique dans un pays où raisonner est un luxe.

    • DesireNGUEMANZONG dit :

      Bonjour Monsieur Akoma Mba,

      Vous m’avez demandé un jour si j’ai lu la Constitution gabonaise. Je vous ai dis que « oui ». « Mone fame » est en droit de s’interroger sur le cas de Monsieur ACBBN en s’appuyant sur le droit absolu que lui confère la nouvelle Constitution gabonaise. Pas celle « étrange » montée (comme un jeu de légo) dans l’obscurité noire de la nuit avant le 30 août 2023.

      Les articles 9, 13, 27 et 28 sont fondamentaux. L’Article 27 est très précieux « Chaque citoyen à le droit défendre la patrie »
      contre « ses perfides trompeurs ».

      Par ailleurs, Monsieur Akoma Mba, apprenez à argumenter. Car argumenter, c’est convaincre. Le principe de la dissertation ou du commentaire repose sur l’argumentation convaincante.

      Cordialement.

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