La libération conditionnelle de Brice Laccruche Alihanga, ancienne éminence grise du second septennat d’Ali Bongo, marque un tournant politique au Gabon. Après quatre ans passés derrière les barreaux, il retrouve la liberté dans un contexte de transition dubitatif.

Sorti de prison, Brice Laccruche avec des proches, le 20 octobre 2023, à Libreville. © Facebook

 

Nouvelle attendue mais controversée : Brice Laccruche Alihanga, ancien directeur de cabinet de la présidence de la République au début du second septennat d’Ali Bongo, et son frère Grégory Laccruche Alihanga, ancien maire d’Akanda, ont été libérés sous conditions par le juge d’instruction ce vendredi 20 octobre 2023. Ils ont passé quatre longues années en détention à ‘’San-Famille’’, la prison centrale de Libreville. Photos à l’appui, la nouvelle a été confirmée par l’un de ses avocats, Anges Kevin Nzigou, et accueillie avec enthousiasme sur les réseaux sociaux.

Il est cependant à noter que cette libération est assortie de conditions. Autrement dit, il devra respecter certaines restrictions pendant cette période de liberté provisoire.

L’ancien président de l’Association des jeunes émergents volontaires (AJEV) avait été condamné à 5 ans de prison en 2021 par le tribunal de Libreville. Reconnu coupable d’avoir obtenu frauduleusement la nationalité gabonaise, sa peine avait été vivement critiquée par son avocat, Me Anges Kevin Nzigou, l’ayant qualifiée «d’inique» et faisant «perdre tout crédit à la valeur de la justice.» Son frère Grégory Laccruche Alihanga, ex-maire de la commune d’Akanda, était lui soupçonné de complicité dans des affaires de détournement et blanchiment d’argent. Il n’a cependant jamais été jugé pour ces faits.

Les deux frères avaient été mis aux arrêts en 2019 lors de l’Opération Scorpion, une vaste campagne anti-corruption ayant conduit à l’incarcération de nombreux hauts fonctionnaires gabonais. Ils étaient accusés de détournement de fonds publics, blanchiment d’argent et concussion, des chefs d’accusation niés par leurs avocats qui clamaient leur innocence.

Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) semble avoir joué un rôle dans ce processus de libération. Et, cette décision de clémence a redonné espoir à de nombreux Gabonais, qui attendent désormais la libération d’autres figures publiques emprisonnées durant le capharnaüm ayant suivi l’AVC d’Ali Bongo, à l’instar de Patrichi Tanassa, Ike Ngouoni ou Tony Ondo Mba.

La libération de M. Alihanga intervient en effet dans une période charnière pour le Gabon. Et, son retour à la vie civile suscite de nombreuses interrogations sur l’évolution de la situation politique gabonaise. Si cette libération ne fait pas l’unanimité dans le pays, elle symbolise les changements en cours depuis la destitution d’Ali Bongo et soulève des questions sur l’avenir politique du Gabon et les évolutions à venir dans le pays. De même, elle rappelle que la politique en Afrique est souvent complexe et sujette à des changements aussi rapides qu’impromptues.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Vous évoquez la sortie de tous les cupides complices et auteurs de la “furie” de crimes financiers et évoqué par le CTRI. Peut-être le mode de pensé d’un peuple amnésique et masochiste mais il faut être je ne sais quoi pour penser que la sortie de ces cupides égocentriques passent avant celle de Kelly Ondo qui est un innocent qui a voulu nous libérer de leurs entreprises criminels. L’injustice c’est de les voire dans peu de temps venir faire la bouche après avoir bénéficié de la culture d’impunité pendant que les compagnons de Kelly Ondo sont morts assassinés.

  2. Akoma Mba dit :

    M. Laccruche. Dîtes-nous enfin que Ali Bongo est bien mort en 2018. Maganga Moussavou et Mborantsuo le savent aussi, n’est-ce pas?

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