Selon les résultats des recherches gamifiées de l’Université écossaise de Stirling, les agriculteurs gabonais sont susceptibles de protéger davantage la faune sur leurs terres, s’ils font confiance à leurs communautés locales et au gouvernement.

Pour une étude scientifique du comportement, un jeu a examiné la propension des agriculteurs à mettre à mort les éléphants. (Image à titre purement illustratif). © lafriquedesidees

 

Une étude conduite par l’Université de Stirling et l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) sur le conflit homme-faune au Gabon, jette un nouvel éclairage sur la façon d’équilibrer l’agriculture et la conservation. Conçu à partir des résultats d’un jeu sur tablette numérique, ce projet de recherche innovant impliquait des agriculteurs des Orcades en Écosse et du Gabon, invités à choisir comment gérer la faune qui endommagerait leurs cultures, en l’occurrence les oies des Orcades et les éléphants du Gabon.

L’interface du jeu tel qu’elle apparaissait sur les tablettes. © Université de Stirling

Dans ce jeu, conçu par les chercheurs de Stirling, les agriculteurs devaient choisir d’effrayer, de tuer la faune ou de sacrifier certaines cultures pour permettre à la faune de coexister sur leurs terres. Le jeu a fourni un environnement permettant d’explorer la propension des agriculteurs locaux à se livrer à la mise à mort d’éléphants. Les résultats ont cependant montré qu’il était difficile, voire impossible pour les agriculteurs de tuer les pachydermes au-delà des dégâts qu’ils occasionnaient sur leur passage. L’équilibre de la biodiversité et la production alimentaire a guidé chacun de leur décision.

«Nous avons été surpris des résultats. Tirer et éradiquer les animaux était parfaitement possible dans le jeu, et aurait été l’option la plus simple pour les agriculteurs, car si vous leur faites peur, ils reviendront et mangeront vos récoltes. Mais ils n’ont pas choisi de tuer toute la faune. Ils ont dit, en fait, la faune fait partie de notre vie», a déclaré le chercheur principal, le professeur Nils Bunnefeld du département des sciences biologiques et environnementales de l’Université de Stirling, estimant que ces réponses montrent que les actions des agriculteurs en faveur de la conservation dans le jeu dépendaient en fait de la confiance qu’ils avaient dans le système qui leur étaient offert, plutôt que d’engranger seulement des points – ou, en termes réels, gagner de l’argent.

Au Gabon, les éléphants sont protégés. Les tuer n’est pas autorisé par la loi. Par conséquent, obtenir des réponses directes sur le comportement de mise à mort est difficile en raison de sa nature illégale. «Dans le jeu, nous avons constaté que là où les agriculteurs estimaient avoir leur mot à dire dans les politiques gouvernementales, et sils vivaient près d’un parc national et avaient vu des investissements locaux, ils faisaient preuve d’une plus grande tolérance envers les éléphants que les agriculteurs estimant ne pas avoir leur mot à dire dans la gestion et ceux qui vivaient à proximité des concessions forestières», a souligné le professeur Bunnefeld.

Financée par le ConFooBio du Conseil européen de la recherche, notamment pour la création du jeu à l’aide du logiciel Netlogo, cette étude a été réalisée sur un échantillon de 260 agriculteurs au Gabon et 84 aux Orcades. Les détails de l’étude (en anglais) sont consultables ICI.

 
GR
 

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