La crise interne du PDG, marquée par la posture inédite du mouvement «Héritage et modernité», constuerait-elle une rupture épistémologique ? Maître de conférences en littérature générale et comparée, enseignant à l’UOB, en ce moment en poste à l’Université de la Sarre (Allemagne), Sylvère Mbondobari a entrepris, à travers la tribune libre ci-après, d’en analyser l’univers du discours, entendu comme «ensemble de termes utilisés», après la sortie de Ntera Etoua contre Barro Chambrier.

Michel Menga et Barro Chambrier, figures de proue de la mouvance «Héritage et Modernité», le 27 juin 2015 à Libreville. © Gabonreview

Michel Menga et Barro Chambrier, figures de proue de la mouvance «Héritage et Modernité», le 27 juin 2015 à Libreville. © Gabonreview


 
Contrairement à M. Frédéric Ntera Etoua, qui ne semble pas avoir pris la mesure de l’évènement, pour des raisons idéologiques, partisanes ou simplement par manque de discernement intellectuel, il me semble qu’il est nécessaire et même urgent d’examiner le discours de la mouvance «Héritage et modernité». Quand une discussion est ouverte qui touche à ce qu’il y a de plus sérieux dans les destinées du pays, il faut aller tout de suite, et sans hésiter, au fond de la question, disait V. Hugo. Est-ce que Frédéric Ntera Etoua a véritablement les moyens d’un tel débat ? Certainement pas ! Son «Appel des Akébé» en est la parfaite illustration ! D’abord, qui parle ? Un ensemble de parlementaires et de cadres, membres d’un parti au pouvoir. En d’autres termes, des parlementaires qui sortent de l’hémicycle, lieu d’exercice de leur mandat, pour mettre au défi le gouvernement, les instances dirigeantes du PDG et une association réputée proche du Chef de l’Etat, le fameux Mogabo. Représentant du Peuple, le parlementaire est dans son droit. Nul ne peut le lui contester. Mais bien plus que l’ensemble du groupe, le porte-parole est un ancien ministre, ancien cadre de l’une des plus prestigieuses institutions internationales, sinon la plus prestigieuse, membre important de PDG et, bien sûr, Professeur Agrégé d’économie. Ces différentes fonctions donnent une légitimité certaine à Barro Chambrier. Au-delà de la légitimité politique et institutionnelle, il y a bien sûr le capital symbolique et la pertinence des analyses, il sait de quoi il parle, il connait «la maison de l’intérieur». Au demeurant, les analyses présentées jusqu’ici ne sont en réalité qu’une reprise d’un diagnostic posé, par d’autres en d’autres lieux. Citons à titre d’exemple, les anciens premiers ministres Casimir Oyé Mba et Ndong Sima, et, Albert Ondo Ossa, Professeur d’économie. L’honnêteté intellectuelle et une certaine humilité commanderaient que l’on examina ces analyses, qui ne relèvent certainement pas de l’impressionnisme. Mais bien plus que les personnes, il y a les revendications du groupe «Héritage et modernité». Qu’exigent-ils ? Une démocratisation des instances du parti, le droit au débat contradictoire, une transparence dans la gestion de l’Etat, une plus grande justice sociale, en somme une meilleure gouvernance.
Le nom de la mouvance «Héritage et modernité», s’il n’est pas un simple slogan commande qu’on s’y arrête un moment. Barro Chambrier et ses amis revendiquent donc un «héritage» et s’exposent au devoir d’inventaire. A vrai dire, il faut un certain courage pour adopter une telle posture, car l’héritage du PDG, c’est le moins que l’on puisse dire, est bien lourd. Plus d’un demi-siècle de confiscation des libertés individuelles, de paupérisation de la société, la triche, le mensonge et la démagogie érigées en système de gouvernance, l’incompétence notoire, le détournement des deniers publics, la corruption généralisée, la clochardisation des élites, la perte des valeurs morales. Quelles valeurs transmet-on aux enfants quand truquer une élection est considéré comme une victoire et détourner de l’argent public un succès professionnel. Il y a aussi le «dialogue» et la «paix» me direz-vous ! Oui, bien sûr, mais à quel prix ? Au prix d’une perte des valeurs morale et éthique dont on n’ose pas encore imaginer les conséquences. Des générations entières ont été éduquées dans une société où voler l’Etat est une valeur, travailler pour l’Etat un vice. Drôle de monde ! On a dit-on préféré l’injustice au désordre, exactement à l’incompétence. C’est cela aussi «l’héritage», réduire au silence toute forme de réflexion ou de critique selon un axiome bien pédégiste «la bouche qui mange ne parle pas !». Heureusement, qu’à «l’héritage», le mouvement à associer le terme «modernité». La modernité suppose au moins trois choses : une rupture, un dépassement et, malheureusement ou heureusement, c’est selon, un mouvement de discontinuité-continuité. Une rupture avec les anciennes pratiques s’impose, elle est même vitale pour la communauté toute entière. De ce point de vue, Michel Menga, Serge Maurice Mabiala, Philippe Nzenguet Mayila, Vincent Gondjout, Edgard Anicet Mboumbou Miyakou, Alexis Boutamba Mbina, Michel Mboumi, Vincent Ella Menié, Alexandre Barro Chambrier et leurs amis ont parfaitement raison. Il peut paraître facile de quitter le PDG et de rentrer en dissidence dans l’opposition après s’être sauvagement enrichi aux dépens du peuple gabonais. Ils ont fait le choix de rester. Il faut bien qu’il y ait des gens qui honorent le Gabon, puisque tant d’autres le déshonorent. Le dépassement, quant à lui signifie, nécessairement, mettre en place des règles et des normes valables pour toute la communauté. J’utilise à dessein le terme «communauté» dans le sens d’une «communauté de destin». Dans ce domaine comme dans d’autres, personne n’est au-dessus des lois, personne n’a le monopole de la vérité. Pour cette raison, on ne devrait pas perdre de vue que cette «crise du PDG», quelle que puisse être par ailleurs la violence de ses manifestations, ne se développe pas uniquement dans l’espace politique. Elle est perceptible dans l’ensemble de l’espace social. C’est une remise en cause profonde de notre relation au Pouvoir. Mieux, elle nous donne l’occasion de questionner le sens de cette relation. Le pouvoir politique a tellement occupé l’espace public que toutes les autres institutions nécessaires à l’éclosion d’une société libre et démocratique peine à se faire entendre, même la courageuse société civile. La justice gabonaise, par exemple, n’a pas véritablement contribué à l’émergence d’un Etat de droit. Il serait peut-être temps qu’elle fasse preuve d’autocritique. Quelle est sa contribution à la promotion réelle des libertés individuelles ? Les médias publics, érigés en caisse de résonnances du discours politicien, sans aucune distance critique, semblent se complaire dans une forme de médiocrité qui n’a pas de nom. Et l’université ? On attend toujours sa prise de position dans le débat public. Cloué entre résistance et désillusion, les universitaires de salon et ceux des piquets de grèves, l’université gabonaise n’est que l’ombre d’elle-même. Quelques voix peinent à se faire entendre ! Et puis… les pouvoirs publics ont toujours donné l’impression qu’elle ne servait à rien, sinon de garderie pour adulte, animée essentiellement par quelques illuminés, spécialistes dans des revendications fallacieuses, en mal de carrière politique. Ce ne sont pas des réponses aux Nouvelles affaires africaines de Pierre Péan qui viendront changer ce sentiment. Le fait que ce soit Barro Chambrier, un universitaire, fut-il par ailleurs homme politique, qui prenne la parole, devrait, je l’espère, libérer cet espace de sa légendaire léthargie. Nous avons besoin d’un débat, d’un véritable débat sur le destin du Gabon. Certainement pas celui initié par M. Frédéric Ntera Etoua ! Laissons-le dans sa solitude. Il faut donc, disais-je, entendre l’appel du mouvement «Héritage et Modernité» et espérer qu’il ne sombre pas dans une forme de «discontinuité-continuité.» Car, est-il besoin de le rappeler, le malheur de toutes les révolutions, c’est qu’elles maintiennent souvent au pouvoir ceux-là même qui ont contribué au chaos, à la déliquescence de l’Etat. Et ils sont nombreux. Le Gabon n’a certainement pas besoin d’une rupture de façade. Une refondation de l’Etat est inévitable. Elle se fera au nom de la Vérité, de la Raison et de la Liberté. Et, l’apport de la mouvance «Héritage et Modernité» est de construire les conditions de possibilité de cette refondation. Cet idéal est plus nécessaire aujourd’hui que jamais. Ce n’est que de cette manière, à mon sens, que ses membres prouveront aux yeux du monde qu’il ne s’agit aucunement d’intérêts personnels, de nombrilisme, d’entrance ou d’opportunisme politique, mais de l’intérêt supérieur de la Nation.
En définitive, pourquoi faut-il rendre hommage aux membres de la mouvance «Héritage et Modernité» ? Tout simplement, parce qu’ils ont libéré les énergies. Et cela exige notre respect. La prise de parole de Barro Chambrier et de ses amis est, me semble-t-il doublement symbolique et entrera sans aucun doute dans les annales de l’histoire politique du Gabon. De l’intérieur, ils sont modernes parce qu’ils exigent une refonte des institutions du parti, une rupture avec une forme de dictature du système, en somme une démocratie réelle. La modernité est d’abord et surtout une forte croyance au progrès social, économique, humain, une aspiration à plus de liberté. De l’extérieur, ils sont, à leur corps défendant, postmodernes car ils mettent fin au «grand récit idéologique» du PDG, et pour reprendre une expression de F. Lyotard à «l’incrédulité face aux méta-récits» et nous installe dans une nouvelle forme de gouvernementalité hors de l’empire disciplinaire. Il faut avoir le courage d’accepter cette rupture.
Sylvère Mbondobari
Maître de conférences en littérature générale et comparée.
Université Omar Bongo / Université de la Sarre
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Cœur Meurtri dit :

    Merci Professeur pour cette brillante analyse. Le groupe #héritage et modernité » expose publiquement ce que l’opinion sait depuis, que leur pdg n’est qu’une caisse de résonance à la gloire de la seule voix qui porte, celle du raïs boa.

  2. YOVE dit :

    Brillant et lucide! J’invite l’opposition à tirer de ce nectar la substantifique moelle.

  3. Ciel dit :

    les universitaires sont tous des conseillers du PR, donc préfèrent la fermer car espèrent tous être des recteurs des Universités du Gabon, êtres les prochains ministres de l’enseignement supérieur si ce n’est le petit Boudzanga qui pense et donne son avis, le reste, un silence complice ou la peur car dès qu’on parle, c’est le système judiciaire qui va trouver un poux si votre tête, coupable parmi tant d’autres, vous seriez le monstre qui aura tout commis… Pendant que vous êtes massacrés, humiliés, les autres se taissent, pourtant parlent tout bas.

  4. imagine56 dit :

    Je reste sans voix devant tant d’éloquence et de brillance.
    Vous autres là, les Ropivia, les James est ce que vous entendez le raisonnement d’un universitaire comme vous ? Lui est libre, il s’est affranchi de la tutelle politiquede l’émergence , il parle le langage de la vérité et vous, vous êtes là à suivre les recommandations d’Ali et à brimer les étudiants.
    Il fut une époque où j’admirais Rops, aujourd’hui, je suis gênée quand je le croise, il a oublié qu’il a fait de la prison et est devenu ami ami avec les ba Ntera Etoua , les Billy bi ze
    les opportunistes et voleurs qu’il critiquait il y a longtemps
    l’argent métamorphose les personnes.
    Lepositif, est ce que vous avez lu les écrits de Sylvère MBONDOBARI? lui aussi est aigri et animé du sentiment de haine que vous avez détecté chez moi à l’endroit du président?
    SVP, pouvez vous répondre point par point à ses critiques quant au système Ali Bongo? vous n’y êtes pas obligé, je vous le demande parce que vous faites parti de ces militants qui croient encore au PDG et à son distingué camarade.
    Rops, es tu satisfait du diagnostic porté par MBONDARI sur ton université? ton université où les grèves se multiplient comme les petits pains de JESUS. Toi qui as fait de la prison qui as subi les injustices du régime Bongo comment peux tu t’en prendre à des étudiants qui ne réclament que de meilleurs conditions de travail , d’études?
    A l’administrateur général de la RTG et à Lin Joel de l’UNIOn, avez vous entendu ce que le Pr MBONDARI pense de vos médias? il dit que vous faites un travail médiocre et que vous n’êtes pas des professionnels mais plutôt des griots au service de l’émergence, n’est ce pas honteux?
    Comme le Pr, j’encourage H§M , et loue leur bravoure, contredire ALi c’est hypothéquer sa vie, aussi je demande aux Héritiers de ne pas relâcher la pression et de moderniser vraiment ce parti, si vous y arrivez, si vous persévérez, vous créerez la surprise en 2016. Dans nos bureaux on ne parle plus que de ABC comme présidentiable et de ses amis, vous êtes devenus la nouvelle coqueluche des populations.
    Pour ce qui est de Ntera Etoua…bof, il ne mérite même pas notre attention, alors laissons le discuter avec ses amis Billy bi ze et Ogandaga.

  5. La Fille de la Veuve dit :

    L’auteur de la présente publication rappelle à raison que :
     » A vrai dire, il faut un certain courage pour adopter une telle posture, car l’héritage du PDG, c’est le moins que l’on puisse dire, est bien lourd. Plus d’un demi-siècle de confiscation des libertés individuelles, de paupérisation de la société, la triche, le mensonge et la démagogie érigées en système de gouvernance, l’incompétence notoire, le détournement des deniers publics, la corruption généralisée, la clochardisation des élites, la perte des valeurs morales. Quelles valeurs transmet-on aux enfants quand truquer une élection est considéré comme une victoire et détourner de l’argent public un succès professionnel. »
    Des lors, ou classe-t-il le mérite personnel des Heritiers-Modernes qui ne sont autre que le pur produit du PDG ?
    Ils sont députés nous dit-il, oubliant que ce sont des députés du PDG-Tricheur.
    Ils ont été ministres, nous rappelle-il. Oui, ministre du PDG, Ministres d’Ali Bongo.
    Ici, plutôt que parler de courage, il faudrait parler de culot !

    • Antchiama dit :

      Je suis d’accord avec toi « La fille de la Veuve ». Même si le serpent fait la mue, il reprend la peau de serpent et son venin reste intact.
      Quelque soit la modernisation que ces députés veulent apporter au parti, ils sont PDGistes, héritiers des pères fondateurs qui ont détruit le pays. S’ils voulaient vraiment s’affranchir du bongoïsme, ils n’auraient pas soutenu le fils de Bongo, l’héritier légitime, candidat naturel du PDG en 2009. C’est la conservation du patrimoine des Bongo, ce lourd Héritage, qu’ils revendiquent et non l’alternance du pouvoir.
      Or, qu’il soit ancien ou moderne, les Gabonais ne veulent plus entendre parler du système PDG. C’est l’alternance politique dont ils aspirent de tous leurs voeux.
      Les Héritiers-Modernes n’ont aucun mérite. Que les politologues arrêtent d’encenser ces frondeurs avec leurs analyses politiques.

  6. Mum Yo dit :

    Merci à vous cher collègue
    J’espère pour ce peuple en perte de vitesse qu’ils sauront tirer profit de cette analyse. Je salue l’effort pour nous éclairer encore davantage. Now it’s time to go up!
    Agreable weekend!

  7. Gabon debout dit :

    Respect professeur !
    La vérité n’est pas forcément dans le fait de devenir opposant. Les vrais enfants du Gabon posent les problèmes de font et proposent des pistes pour l’avenir du pays au lieu de se fourvoyer dans une certaine opposition du ventre… nous sommes dupes, au moment venu nous allons sanctionner par les urnes les destructeurs de notre pays même si certains croient nous berner en devenant opposants…

  8. Lévè Lè Wè dit :

    L’espoir est de mise. L’espoir s’impose. Le Gabon possède des Génies. Le Gabon possède une élite digne qui auréole le Vert Jaune Bleu à l’international et sur le sol Africain. Voici une preuve fulgurante. Une analyse profonde et documentée d’une action politique qui n’a pas suscité les éclairages de nombreux valeureux politiques que nous possédons. Merci très cher Maître. Vous avez toujours tracé la voie de la RIGUEUR dans vos nobles fonctions d’Enseignant-Pédagogue Chercheur. Cette analyse sans langue de bois, est une parfaite illustration que nos Intellectuels doivent davantage oser à s’exprimer Librement sans pourtant craindre l’indigne « politique du ventre », « politique des nominations ministérielles » à des postes juteux d’enrichissement illicite Criard. Cette prise de parole est pleine d’une véritable Bravoure sans calcule, sans dessous de tables. Contrairement aux  »Ronchonneurs-Grognards »du mouvement complexe  »Héritage » Mortifère et  »Modernité » de pouvoirs personnels, d’intérêts d’enrichissement personnel. Ce, au détriment de la Nation. Votre Sens Intellectuel et vos analyses ont contribué sans doute à former cette nouvelle génération d’élites qui tenteront de suivre vos précieux pas. En refusant la Pensée Unique imposée avec un constance par le pouvoir  »PDG-Familles Pilleuses Bongo-Dossou….-Lobbys Françafricains » en place depuis 1967. Merci encore pour cet éclairage qui marque la continuité de la Libération de la Parole Universitaire dans la gestion de la chose publique et de la Politique au sens Platonicien. Permettez-moi de terminer mon propos en réactualisant deux pensées, une de Paulo Coelho: «Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d’aller de l’avant» et une autre de Tony Robbins qui fait sens à votre action et qui Nous invite à agir dans les faits: «Une vraie décision est mesurée par une nouvelle action. S’il n’y a pas d’action c’est que vous n’avez pas vraiment décidé». Merci Maître pour le goût de l’effort et de la RIGUEUR Scientifique.

  9. Gallo Cédric dit :

    Monsieur Mbondobari fait une belle analyse, lucide et pertinente. Au Gabon, il apparaît bien plus que nécessaire que les Elites, les Intellectuels s’expriment pour éclairer le commun des compatriotes. Nos nombreux frères et sœurs qui restent empêtrés dans les méandres du passé continuer de danser et chanter à la « gloire » de ceux qui compromettent lourdement Notre pays, pour des très bas et égoïstes intérêts personnels.
    Vive la dynamique enclenchée, que des Gabonais se lèvent pour parler et éclairer les autres frères endormis est déjà un pas certes insuffisant mais utile vers la prise de conscience.

  10. Kombila dit :

    La contribution des universitaires a toujours été un élément décisif dans la construction d’une solide société et l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Au Gabon, cette contribution est presque nulle, sinon insignifiante car, précisément, jamais autorisée ou à peine permise, par les tenants du pouvoir politique, habiles censeurs des velléités intellectuelles nationales. Cette malheureuse situation explique parfaitement les raisons pour lesquelles il existe toujours des crises au sein de notre système éducatif en général et de notre université en particulier : la politique n’a pas besoin d’hommes et de femmes trop instruits au Gabon.
    Cette belle contribution d’un éminent professeur des universités du Gabon soulève davantage de questions, dont les réponses auraient pu autoriser la mise en place d’intéressantes passerelles vers l’avenir. En effet, comment faire comprendre au président actuel du PDG, convaincu de ses rangs et prérogatives, d’être l’unique autorité à réclamer le statut de chef depuis la disparition du fondateur, comment le convaincre d’opter pour des discussions qui le feraient tomber de son piédestal et dépouiller sa fratrie de ses privilèges incommensurables au profit de cette population qui ne le « mériterait  » pas ? Comment engager une discussion sérieuse avec ce chef du PDG lorsque, par expérience, chacun est édifié sur son légendaire manque d’ouverture à toute discussion contradictoire ? Comment par ailleurs, rompre avec toute forme de dictature interne dans ce parti, qui veut que les militants ne puissent s’exprimer qu’à travers des créneaux établis à l’avance et dont l’unique issue reste le plébiscite du président du parti ?
    Comme le dit le professeur ici, le PDG est un parti tourné en totalité vers la recherche de la jouissance de son chef et de sa suite. Il demeurera toujours réfractaire à toute idée de modernisation interne, ou même des leviers de la nation. Cette modernisation ressemblerait, à s’y méprendre, à une manière de se faire hara-kiri. La preuve : depuis 1990, année de la Conférence Nationale, toutes les décisions importantes en faveur d’une démocratie véritable, ont été effacées. Seuls ne subsistent que ces minuscules jalons voulus par l’opposition, qui demeurent à ce jour, les vrais et uniques acquis de référence de la démocratie gabonaise : les enveloppes électorales à double poche, le vote biometrique, etc. Est-ce pour cela que depuis 2012, le PDG est absolument fermé à toute idée de conférence politique sur les thèmes de la gouvernance publique et l’avenir de la démocratie au Gabon, de peur de manquer encore d’arguments lors d’une confrontation politique et idéologique avec ses adversaires ?
    Pour moi, le PDG a besoin de cette mutation, comme en 1990, pour un démarrage véritable de notre démocratie. Car, depuis 50 ans, ce parti peine à trouver les voies d’une réelle démocratie et d’un développement équilibré et sûr du Gabon. Sans quoi, devant ces innombrables problèmes sociaux et politiques du pays, comme l’a dit Obama à Addis Abeba, cette obstination à s’accrocher à la tête du pays par tous les moyens ne serait que la reconnaissance casuistique de son échec.

  11. TCHIBOUELE dit :

    Je ne suis point mystifié par le fond et la forme de cet article, car le faire autrement reviendrait a mettre en doute le savoir de l’illustre auteur.
    cet article est la conséquence de « la libération des énergies » cadeau d’été de la Mouvance H&M. L’auteur en est conscient.
    La libération des énergies suppose un « mouvement » pour apporter une réponse a un « manquement ».
    Si le « manquement » a été identifié : la confiscation de la démocratie, des valeurs communes et des biens communs issus de l’ensemble de nos richesses, ma question : quel est le canal pour transporter cette énergie.
    Une libération des énergies sans un canal approprié ne mesurerait qu’une enthalpie, c’est a dire le désordre, le chaos.
    A ce point de vue, le pouvoir a tord d’ignorer l’appel de H&M. Le mutisme du bord de mer n’augure rien de bon dans cet espace ou les énergies se baladent sans canal, sans support.
    A force, d’en fabriquer d’autres énergies, ma crainte est qu’elles se transforment en foutre avec une perte totale de contrôle.
    H&M, qui a osé appuyer sur ce bouton, se doit aujourd’hui d’assumer la conséquence de cette libération d’énergie. C’est a dire, aller au bout de son idéologie et de sa pensée. Si prendre le pouvoir est la solution ultime, que le pouvoir soit pris.
    la peur a changé de camp.
    Qui vivra verra.

  12. Biswe dit :

    « Et l’université. (….) les pouvoirs publics ont toujours donné l’impression qu’elle ne servait à rien, sinon de garderie pour adulte, animée essentiellement par quelques illuminés, spécialistes dans des revendications fallacieuses, en mal de carrière politique. Ce ne sont pas des réponses aux Nouvelles affaires africaines de Pierre Péan qui viendront changer ce sentiment. »
    Et vlan, J’ai la gaule!!!

  13. Ngondet christ dit :

    je viens de prendre connaissance des écrits de cet éminent enseignant de littérature de notre université nationale.il fait une analyse froide de la situation qui prévaut entre militants du PDG. C’est normal de sa part et c’est le rôle qui est dévolu aux universitaires et intellectuels épris de liberté. J’aurais bien voulu que cet universitaire condamna également les propos injurieux, des qualificatifs rabaissant et humiliants tenus par le Pr BARRO et compagnie à l’endroit de ses camarades du parti quant on sait qu’ils ont, pour la plupart, appartenu à plusieurs équipes gouvernementales et que parmi eux, on compte aussi parmi eux des enseignants du supérieur tout comme lui. pourquoi n’a-t-il pas demeuré fonctionnaire à vie du FMI s’il était compétente comme il le prétend? la modestie voudrait que d’autres parlent de vous au lieu de se jeter les fleurs. quelle réforme a-t-il fait aboutir de son passage au gouvernement? Quelles sont ses propositions de lois à l’Assemblée Nationale en trois mandats de député?

    • Powè powè dit :

      Quelles réformes Serge Maurice Mabiala a t-il apportées à la Fonction Publique lorsqu’il occupait le portefeuille de ce Ministère ?
      Quelle modernisation peut-il apporter au PDG s’il a échoué à la Fonction Publique ? Lui et ses compères veulent plutôt conserver l’héritage du bongoïsme. Tsouôôô on vous connaaait !!!

    • imagine56 dit :

      Le Pr Chambrier n’a fait que dire tout haut ce que tous les gabonais pensent et il nous devait bien cette part de vérité.
      Au fait qu’attendez vous pour condamner les décisions de Ropivia cet eminent professeur, en effet l’université se porte plus que mal , c’est le pire recteur que UOB ait connu.

  14. BEKALE BITEGHE dit :

    Merci Pr, ce genre d’analyse n’est pas à la portée des gens du MOGABO. Nous connaissons qui ils sont sur le plan scolaire et universitaire. C’est la raison pour laquelle BARRO CHAMBRIER a pris la décision de ne plus laisser les gens de cet acabit diriger notre pays.

  15. TCHIBOUELE dit :

    Ou est passé le DC du PR?
    A vos plumes, ça ne fait que commencer.

  16. kabaga lekogo eric dit :

    Toutes mes félicitations professeur!!! Vous êtes un modèle d’ailleurs c’est ça un universitaire et intellectuel…

  17. AMPASSI ONKOURI Thierry d'OTALA dit :

    Toutes mes félicitations Professeurs. Vous au moins, vous disposez de cette liberté de dire ce que vous pensez, ce qui viens tout droit de votre cœur. J’ai l’audace de croire que des analyses d’une telle profondeur, aideront à libérer certaines personnes de leur aveuglement intellectuel. Elles renforceront d’autres dans leur position (moi-même) de toujours dire la vérité et dénoncer toute sorte d’injustice.

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