Ancien journaliste, grand lecteur et admirateur de Charly Hebdo, Timothée Mémey revient sur les commentaires ayant suivi la sortie du député français du Mouvement démocrate (MoDem) concernant l’état de santé du président gabonais. Si ça barde pour le matricule de Nathalie Yamb, pourtant égérie du «french-bashing» en Afrique, la France en prend aussi et surtout pour son grade. Presque dans le style Charly Hebdo.

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Timothée Mémey, ancien journaliste à Africa N°1. © hac.fontecsys

«Une certaine idée défendue par une certaine France voudrait faire de l’avenir du continent africain le passé éternel de la colonisation française», c’est ainsi qu’a réagi le ministre gabonais des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze, suite à la sortie peu diplomatique du député du MoDem, Bruno Fuchs, qui a poussé l’outrecuidance en déclarant que «le chef de l’Etat (gabonais) n’est plus en capacité de diriger son pays depuis 18 mois en raison de son état de santé

Complexe du nègre colonisé

De petits esprits, sans doute victimes du complexe du petit nègre colonisé, trouvent que la réaction du chef de la diplomatie gabonaise était disproportionnée et pêche par une absence de formes propres aux usages diplomatiques. Un peu comme si les propos du député français ne heurtaient pas les mêmes usages.

En fait, quelques mous du bulbe n’ont pas encore compris qu’Alain-Claude Bilie-By-Nze fait partie, du point de vue d’un bon nombre de Gabonais, de l’élite africaine progressiste et décomplexée. Déclarer solennellement que le président gabonais n’est plus en mesure de diriger son pays, relève de l’ingérence décriée çà et là et dont on ne s’accommode plus. Rétrospectivement et pour exemple, il faut imaginer un député gabonais déclarant sur la place publique que François Mitterrand, alors président français en fonction et atteint d’un cancer en phase terminale, n’était plus en mesure de diriger la France. La France se serait-elle réjouie qu’une telle allégation vienne d’un député d’un pays africain ? On en doute aisément, même si ce type de déclaration venait d’une autorité politique d’une puissance occidentale autre que la France.

La question de la santé du président gabonais est avant tout l’affaire du peuple gabonais. Penser le contraire c’est légitimer les sempiternelles pratiques ténébreuses, et d’un autre âge, de la France dans ses anciennes colonies. Lorsque l’activiste camerounaise Nathalie Yamb se voit outrée par la sortie du député de Ntang-Louli au point, sur une pointe d’ironie, de lui proposer de se débarrasser d’abord du Franc CFA et des forces françaises au Gabon (FFG), elle minimise ou occulte expressément l’action funeste de la secte françafricaine qui tue, pille, finance des coups d’Etats et, pour mieux garantir ses intérêts, entretien une élite africaine caviar corrompue jusqu’à la moelle.

Sans doute cette donneuse de leçons suisso-camerounaise sait-elle qu’en Afrique on a coutume de dire que lorsqu’on a un pied dans l’eau, il faut éviter de prononcer le nom du crocodile, elle justement qui vit là où les prédateurs de l’Afrique sont installés.

Les réseaux Foccart, de triste mémoire, qu’elle gagnerait à réétudier lui auraient pourtant rafraichi les pensées. Ce ne sont donc pas, chère Nathalie Yamb, des initiatives visant l’appropriation de notre histoire qui ont manqué. Nombreux sont les Africains ayant tenté de faire sauter les verrous de l’embrigadement français en Afrique qui ont payé de leurs vies, devenant les martyrs auxquels se réfère aujourd’hui la jeunesse du continent. Malgré tout, la jeunesse africaine progressiste n’entend pas fléchir. Elle entend pousser cette France prédatrice jusqu’à son dernier retranchement, même si, s’arc-boutant, elle entend poursuive son œuvre criminelle. La sortie d’Alain-Claude Bilie-By-Nze s’inscrit vraisemblablement dans ce sillage, à moins de nous tromper. Il faut que soient multipliés les clashs, les électrochocs diplomatiques du genre afin que Paris comprenne une bonne fois pour toutes qu’il est temps de revoir sa copie. Les choses changent. Les mentalités des Africains évoluent… au nom d’une revendication de la souveraineté, n’en déplaise à ceux qui ne voudraient pas voir ce concept entrer dans sa pleine signification pour le continent noir.

La présence de troupes françaises en Afrique

Le retrait des troupes françaises en Afrique et l’abandon du Franc CFA font certes partie des exigences d’une jeunesse déterminée à prendre son destin en mains, mais ne suffisent pas. Bien que faisant partie des exigences insolubles et non négociables, elles ne sauraient circonscrire à elles seules les conditions pour une Afrique libre. En plus de l’abandon du Franc CFA et du retrait des troupes françaises, il faut sans doute la rupture pure et simple des relations diplomatiques et commerciales à défaut de les renégocier entre Etats souverains. La France doit nous rendre des comptes sur son rôle dans la paupérisation de nos Etats, pourtant riches en ressources humaines et matières premières. Tout humain normalement constitué doit s’étonner de la vie, en dessous du seuil de pauvreté, des populations africaines, manquant du minimum vital dans leur grande majorité. C’est à croire que Paris a mis en œuvre et entretien un système visant à faire disparaître à jamais ces populations.

La France raciste

La France passe pour la gardienne du temple des valeurs républicaines et humanistes. Pourtant cette même France organise des pillages massifs et appauvrit ses anciennes colonies au nom des traités léonins passés entre chefs tribaux illettrés et colons blancs sans vergogne. Ce pays n’est-il donc pas conscient des dégâts de sa politique en Afrique ? Oh que si ! Elle s’en tape ! Après tout ce ne sont que des nègres, des singes à peine évolués «qui ne sont pas suffisamment entrés dans l’histoire», ne méritant donc pas mieux.

En tout cas si le Gabon n’était peuplé que de caucasiens, la politique française serait moins liquidationniste. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la France soutenue par ses alliés avait toutes les raisons d’annexer l’Allemagne sinon d’installer ses bases militaires dans ce pays qui l’a humilié et dont elle garde encore de profonds stigmates. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Parce que ces voisins ne sont pas des nègres. Entre «gens civilisés et doués de raison», on peut toujours trouver des arrangements et passer l’éponge sur les errements historiques du voisin. Pas vrai ?

Timothée Mémey, écrivain, ancien journaliste à Africa N°1

 
GR
 

16 Commentaires

  1. Mr Memey je ne vous comprends pas. C’est Jacques Focard de sinistre mémoire qui a fait d’un illettré Albert-Bernard Bongo le Président du Gabon, c’est encore Nicolas Sarkozy qui fait d’un autre cancre Ali Bongo le candidat de la France en 2009. Les deux présidents cités n’ont jamais gagné une élection au Gabon, parce qu’ils avaient le soutien de la France. Ne soyez pas naïf, nous sommes les esclaves modernes de la France, notre sort n’intéresse personne, Bruno Fuchs est forcément humaniste, il est le seul député dans ce cas. Nous ne sommes indépendants que de nom, et surtout ne me parlez pas minable ministre a-t-il convoqué l’ambassadeur de France? Nous ne nous libérerons pas avec un Bongo au pouvoir.

    • Fille dit :

      @Aloumane emaneya, je me pose la même question et je reste perplexe ! Il fallait bien que quelqu’un sorte de l’ombre comme ce Mr Memey pour nous maintenir dans la diversion. La France, le Gabon et les Bongo ? Si vous êtes un vrai journaliste, et vu votre âge apparent vous savez et du moins vous pouvez analyser. Votre tribune tend à réveiller les petites émotions des petits gabonais contre la France, mais le gabonais moyen sait désormais comprendre au-delà des écrans de fumée. Si vous étiez un vrai journaliste, vous ne nous ramèneriez pas à ce niveau là : petits nègres ? C’est comme cela que vous vous voyez, pas nous. La France raciste ? Mais c’est elle qui maintient vos petits copains et grâce à ses bases militaires à domicile. Il fallait bien une plume d’un grand journaliste d’Africa N° 1, comme si ce média avait jamais été libre comme on l’entend. Alors, épargnez-nous votre jeu de posture dans l’imposture permanente qui se joue encore et toujours au Gabon.

  2. Jacouille dit :

    Un vrai journaleux ce type.

  3. Serge Makaya dit :

    Pour une fois, je vais défendre la France. Il est VRAI que c’est elle qui nous a imposée jusqu’à présent nos présidents: Léon Mba (le seul à la hauteur et qui ne s’est pas enrichi avec l’argent du contribuable) et les deux grands voleurs (OBO et BOA). Si cette France nous avait épargné ces Bongo voleurs, le Gabon s’en sortirait mieux. C’est elle qui nous a imposée cette famille durant plus de 50 ans. Qu’elle vienne maintenant récupérer ce Ali Bongo et le reste de sa famille qui font en sorte que le Gabon est en train d’agoniser.

    C’est justement ce qu’elle tente de faire par l’entremise du député Bruno Fuchs. Et voilà qu’au moment où elle vient nous donner un coup de pouce pour foutre ces Bongo voleurs dehors, il y a des gabonais comme vous, monsieur le JOURNALEUX Timothee Memey, qui venez défendre cet état VOYOU. A Ntare Nzame !!! Vous êtes normal ? Dites-nous la vérité: vous avez reçu combien de Sylvia Bongo et Nourredine Bongo pour pondre cet article à la con ? A Ntare Nzame !!! Des gens comme vous ne veulent pas la libération du Gabon. Vous vous plaisez avec des régimes totalitaires qui vous jettent des miettes de pain. Cela semble vous suffir pour fermer votre gueule. Vous me donnez vraiment envie de gerber. Pitié des traîtres de votre espèce. Allez vous faire FOUTRE avec votre bande d’assassins, de voleurs que sont les Bongo et les bongoistes-PDGistes.

  4. JAMES DE MAKOKOU dit :

    CE JOURNALISTE SOUS PRETEXTE DE LA REVISION DE L’HISTOIRE A SA MANIERE, EN LISANT ENTRE LES LIGNES J’AI L’IMPRESSION QU’IL ECRIT POUR LUI A LA RECHERCHE D’UNE RECONNAISSANCE, NON TU NE FAIS PAS TON JOB DE JOURNALISTE.. CAR POUR NATHALIE, CETTE AFRICANISTE RECONNUE A BIEN COMPRIS LE SYSTEME MIEUX QUE TOI ANCIEN JOURNALISTE DE AFRICA N°1.. SI C’EST POUR LA RECCHERCHE DE POSTE PAR LE POUVOIR ACTUEL, TU ES LIBRE DE LE FAIRE MAIS NE VIENS PAS NOUS INTOXIQUER LES MENINGES.. LE DEPUTE FRANCAIS A EU LE COURAGE DE DIRE CE QUE TOUT LE MONDE PENSE DANS TOUTE LES ASSEMBLEE OU ON PARLERA DU GABON JE PENSE Y COMPRIS TOI MONSIEUR L’ANCIEN JOURNALISTE D’AFRICA n°1, ALORS C’EST FACILE DE JETER DE L’HUILE SUR LES AUTRES A LA PLACE DE SE METTRE A L’EVIDENCE DE LA SITUATION.
    RECONNAISSEZ-VOUS LE GABON D’AUJOURD’HUI PAR APPORT A L’EPOQUE D’AFRICA N°1? A-T-ON REGRESSER OU EVOLUER.. REGARDE LES INFRASTRUCTURES DE MAINTENANT PAR APPORT A L’EPOQUE D’AFRICA N°1. C’EST PAS LA FAUTTE DE NATHALIE, QUI EST UNE AFRICAINE PURE ET DURE ET N’EST PAS SUISSESSE.. ELLE FUT EXILE EN SUISSE NE FAIT PAS D’ELLE UNE SUISSE.. POUR INFO.
    SI UN DEPUTE FRANCAIS POINTE DU DOIGHT SUR CE QUE LA FRANCE LAISSE FAIRE C’EST AUSSI DIRE QUE NOUS NE SOMMES PAS LIBRE, LA FRANCE AFRIQUE QUE MAINTIENT LE DRIAN DEPUIS 8 ANS NOUS EMPÊCHE D’EVOLUER DE NOUS MÊME ET NATHALIE A MIS LE DOIT SUR LES EFFETS DE CETTE COLONISATION FORCEE ( LA BASE MILITAIRE FRANCAISE ET LE FCFA )

  5. JAMES DE MAKOKOU dit :

    JE SUIS ALLE REGARDER LA PHOTO DU JOURNALEUX.. JE ME DEMANDE S’IL EST GABONAIS ?
    J’AI UN DOUTE., CAR DE VRAI GABONAIS ET JOURNALISTE DE SURCROIT N’ECRIRONT PAS AINSI, CAR ILS SONT TOUS A BOUT DE SOUFFLES PAR APPORT A NOS BOURREAUX..SEULS LES ETRANGERS CONTINUS DE LES SUPPORTER CAR ILS ONT PEUR DE LA RENAISSANCE DU PATRIOTISME GABONAIS.. VOIR LES ESPECES DE LOI BANCALES QUI SONT VOTEES EN CE MOMENT DANS CE PAYS.
    LES NATIFS N’ONT PLUS LE DROIT DE DIRE A TEL OU TELLES QUE TU N’ES PAS D’ICI COMME CELA SE FAIT DANS TOUS LES PAYS AU MONDE.
    MOI JE VAIS TOUJOURS ET TOUJOURS DIRE A L’ETRANGERS QUAND IL LE FAUT QU’IL EST UN ETRANGER CHEZ MOI QUELQUE SOIENT VOTRE LOI
    D’AILLEURS, CE JOURNALISTE D’AFRICA N°1 N’A POINT DE MORPHOLOGIE D’UNE VRAI GABONAIS, ET PAR CONSEQUENT TU PEUX DIRE CE QUE TU VEUX .. ON SAIT QUE TU NE VEUT PAS LA LIBERATION DE MON PAYS

    • Giap EFFAYONG dit :

      @JAMES DE MAKOKOU
      Ce monsieur n’est pas gabonais de souche,ça se voit et ça se sent.C’est un légionaire originaire d’afrique de l’ouest comme il en pillulent chez nous.Ces profiteurs n’ont cessé de se ruer vers notre pays ces dix dernières années où on leur a ouvert grandes les portes.

      • Fille dit :

        Houlà là ! Ce sont les gabonais de souche eux-mêmes qui ont vendu le Gabon, alors que vaut le terme « gabonais de souche » ?

        Vous croyez que tous ces gabonais « de souche » qui savent à quelle corde est noué le Gabon depuis 1960 et qui se taisent valent mieux ?

        C’est exactement le genre de raccourcis qui plait et qui ne nous mène nulle part. Reprennez-vous.

  6. Ulys dit :

    Il est dans la HAC (pour ne pas dire hache): Haute Autorité de la Communication. Ça veut tout dire. Ces gens sont manipulés par l’actuel régime. Comprenez alors l’orientation de son chiffon d’article.

  7. diogene dit :

    Énoncer une simple vérité devient une ingérence mais alors mentir à tous qu’est ce que cela peut bien être ?
    En déplaçant le débat sur le néocolonialisme, on élude la question de la santé de notre légume en chef !

  8. Ikobey dit :

    Bon article, clairvoyant et sortant du « politiquement correct ».
    Moi, je crois que le France n’a jamais réussi à se débarrasser de nous, nous avons toujours eu l’attitude de bambin qui s’accroche au pagne de sa mama France.
    Elle nous a donnait l’indépendance alors qu’on ne la demandait pas, elle veut nous supprimer le franc CFA alors tous les pays d’Afrique de l’Ouest font front commun pour le garder. Les militaires français meurent au Mali, au Niger pour la gloriole mais certainement pas éternellement! Certains pays n’ont pas construit un seul hôpital depuis l’indépendance !
    La décolonisation des esprits africains n’a toujours pas débutée !
    Demain sera terrible.

  9. beka dit :

    Je m’étonne aussi de ce que, après les propos du député français devant son assemblée, l’ambassadeur de France n’ait pas été convoqué au ministère gabonais des Affaires étrangères. Même par pure forme. Ne pas l’avoir fait semble indiquer beaucoup de choses, par exemple que le pouvoir de Libreville minimiserait les propos fracassants de l’élu français ou même encore, ne voudrait pas susciter un déballage trop accablant sur cette affaire pour les autorités gabonaises.

    Depuis des décennies, la population gabonaise a été habituée à apprendre un certain type d’informations sur ses dirigeants qu’à partir de la France. L’un de ces cas d’école a été le décès d’Omar Bongo à Barcelone (Espagne). Le Premier ministre gabonais de l’époque, M. Jean Eyeghe Ndong en l’occurrence, n’en avait été informé que comme tous les autres Makaya : par France 24. Il en avait même douté publiquement sur les antennes de la télé gabonaise et décidé d’effectuer un voyage dès le lendemain matin en Espagne pour s’en assurer.

    Ainsi donc, qu’on le veuille ou non, la situation est ainsi, jusqu’à nouvel ordre. Ce sont nos propres autorités publiques qui entretiennent cette culture cachottière sur tout ce qui les concerne personnellement. A croire qu’ils ont été élus au Gabon par la France. Un autre exemple très frappant, qui s’étale sous nos yeux en ce moment : le bulletin de santé de M. Ali Bongo, malade comme tout le monde entier le sait, est indisponible au Gabon. Mais dans l’hexagone, il est certainement bien connu de ceux qui le souhaitent, à condition sans doute, d’appartenir au milieu approprié. Quand le député français faisait sa déclaration, il devait savoir parfaitement ce qu’il disait. Et ne pensait encourir aucun risque.

  10. natty dread dit :

    « La France doit nous rendre des comptes sur son rôle dans la paupérisation de nos Etats, pourtant riches en ressources humaines et matières premières. » M.Timothey, il serait également de bon aloi que vous demandiez à nos cadres et hommes politiques leurs rôles dans la paupérisation de nos ‘Etats’.

  11. Filbrice dit :

    Monsieur l’ancien journaliste d’Africa no1, juste une question dans votre libre propos, de vos protagonistes, qui selon vos propres termes, représente le mieux les Africains ayant tenté de faire sauter les verrous de l’embrigadement français en Afrique et une élite africaine caviar corrompue jusqu’à la moelle?

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